Ma question ne remettait évidemment pas en cause le rôle du ministre des Affaires Étrangères. Mais ce ministre est tellement pris par toutes les crises qui ne cessent de surgir partout dans le monde que je crois que la tradition, sous la Vème République, d'avoir un ministre délégué ou un secrétaire d'État à la Coopération, n'était pas une mauvaise chose. Cela ne vous a pas échappé : le Président de la République ne parle pas au Parlement. C'était le sens de notre question : d'un côté, le montant des aides devient très important, de l'autre, on voit des secrétaires d'État qui ont de très petits budgets.
Enfin, vous n'avez pas répondu, me semble-t-il, à un point qui attire toujours notre attention : les prêts consentis à la Chine. Olivier Cadic vous a demandé s'il n'était pas possible de les redéployer vers la zone indopacifique où la France a besoin d'accroître son influence. Vous savez l'extrême réticence du Parlement sur ces prêts à la Chine. La France a prêté 250 millions d'euros à la Chine pour sa transition écologique. Cela fait des années que nous vous demandons s'il n'y a pas de meilleures causes à défendre. On nous dit que c'est pour conserver de bonnes relations. Effectivement, ça n'est pas pour la gouvernance démocratique ! Alors pour la transition écologique, pourquoi pas ? Mais prêter 250 millions à un pays qui a déclaré pouvoir s'offrir le Portugal avec un seul chèque, est-ce que réellement cela fait sens ? Vous vous souvenez que le budget de la coopération a failli ne pas être voté l'année dernière en hémicycle. J'ai dû batailler pour convaincre mes collègues de la commission des Finances qui s'appuyaient sur ces mêmes arguments. Je ne voudrais pas que les mêmes causes produisent les mêmes effets. À quoi sert-il de prêter 250 millions d'euros à la Chine pour favoriser sa transition écologique ? Ne serait-il pas souhaitable de les réinjecter dans le monde indopacifique où nous avons de vrais sujets, de vrais problèmes, et où la présence de la France a besoin d'être plus marquée ?