Premièrement, ça n'est pas l'un ou l'autre. La limite d'intervention de l'AFD dans un pays est une limite réglementaire qui s'appelle le ratio grand risque. Ce ratio est fixé à un quart des fonds propres pour chaque pays : ce n'est pas de faire moins en Chine qui nous amènera à faire plus en Indonésie ou dans l'axe indopacifique. Nous avons fait une étude quand le Président est allé à Mayotte et à la Réunion, il y a un an, portant sur la contribution de l'AFD aux financements des pays de l'axe indopacifique. Nous formulons également un certain nombre de propositions, pour identifier plus clairement cet ensemble et amener, avec d'autres dimensions, les briques développement, climat, etc...
Dans certains pays, je pense en particulier à la Chine, les règles de l'aide au développement s'appliquent certes, mais « aide au développement » n'est pas une expression appropriée. Employer cette expression dans des pays très pauvres comme en Chine rend évidemment le débat impossible. On n'aide pas la Chine comme on aide le Mali, ça n'aurait pas de sens ! C'est la stratégie de l'AFD, revalidée en Conseil d'administration avant l'été, que de créer des liens entre la France et la Chine sur des sujets qui sont de notre intérêt. Ce n'est pas moi qui vous le dis, c'est le Conseil d'administration, avec les ministères et les parlementaires qui y siègent. Ce que nous faisons, c'est une forme d'investissement. Nous avons notamment travaillé sur le vieillissement. Je vous invite, comme je l'ai fait personnellement, à venir voir ces projets en Chine : les parcs naturels que l'on fait avec le parc du ballon des Vosges, par exemple. J'ai même rencontré le dirigeant d'une PME française qui m'a dit qu'il avait inventé un modèle de parc de biodiversité en périphérie des villes et qu'il cherchait maintenant à le vendre aux collectivités locales françaises.
Je rajoute un élément, pardon d'être un peu près de mes sous, mais je gagne de l'argent en Chine ! Mon salaire est payé par les Chinois. Comment puis-je financer des agences déficitaires dans certains pays ? Je bénéficie du fait que les Chinois ne sont pas les plus difficiles sur la négociation des taux ! Nous ne mettons aucun argent budgétaire en Chine. Au contraire : la Chine, d'une certaine manière, finance l'AFD: les Chinois nous achètent des obligations émises par l'AFD pour l'essentiel sur des marchés financiers. Lorsqu'on émet des titres, il y a des gens du monde entier qui achètent le papier AFD. Cet argent retourne ensuite en Chine sous forme de prêt. Le prêt est tarifé à un taux plus élevé que la rémunération qui est attachée à notre obligation. Vous avez là une boucle financière qui revient à ce que ce soit la Chine qui finance l'AFD. Par ailleurs, ce circuit financier, ce n'est pas que de l'aide. On crée des liens entre des acteurs français et des acteurs chinois, qui me semblent intéressants. Si on arrête, ça n'apportera pas plus à un autre pays, mais on perdrait un lien qui certes, est un petit lien à l'échelle des relations bilatérales que nous entretenons avec la Chine, qui ont mille autres dimensions, mais qui est un lien défendable, utile, positif et intéressant pour nous. Encore faut-il vous en convaincre !