Intervention de Jean Bizet

Réunion du 17 novembre 2020 à 21h30
Adaptation au droit de l'union européenne en matière économique et financière — Adoption en nouvelle lecture d'un projet de loi dans le texte de la commission modifié

Photo de Jean BizetJean Bizet :

Je rappellerai tout d’abord que la proposition de loi de Sophie Primas a été adoptée à l’unanimité du Sénat et cosignée par plus de la moitié des sénateurs, sur toutes les travées.

L’enjeu est à la fois de conférer davantage de pouvoir au consommateur en ligne, en ouvrant plus largement le champ des possibles, et de donner, par voie de conséquence, plus de place à l’innovation sur des marchés numériques dominés par quelques géants.

Le dispositif « clé en main » que nous vous proposons permet de consacrer un principe dit « de neutralité des terminaux » – c’est très important – et de favoriser l’interopérabilité des plateformes – cela ne l’est pas moins. Il prévoit également de consacrer un article du code de la consommation à la lutte contre les interfaces trompeuses, toutes ces conceptions d’interface en ligne qui manipulent nos choix, l’exemple type étant celui de la case précochée. Jusqu’ici, les professionnels du numérique ont largement utilisé ces mécanismes.

Or le Gouvernement refuse cette initiative. Il considère qu’il serait malvenu d’agir au niveau national, car une proposition de texte rejoignant ces orientations doit être présentée au début du mois de décembre par la Commission européenne.

Je le répète, c’est méconnaître un fait pourtant bien connu : l’Europe, c’est le temps long, en particulier sur les dossiers de ce type. Il aura par exemple fallu sept années pour qu’aboutisse le règlement général sur la protection des données, le RGPD.

Si nous appelons tous de nos vœux le Digital Services Act européen ou son pendant le Digital Rights Management, on sait très bien que mettre d’accord les 27 États membres risque de prendre beaucoup plus de temps qu’on ne l’imagine.

Voter cet article ne vous ferait courir aucun risque, car, dans l’hypothèse où le texte européen arriverait, celui-ci deviendrait sans objet. Dès lors, pourquoi ne pas avoir joué le jeu en amendant le texte que l’on vous proposait ?

C’est également agir de façon bien différente de ce que vous nous aviez proposé de faire pour la taxation des géants du numérique.

J’ajoute que nos amis allemands, eux, ont légiféré à l’échelon national, ce qui ne les empêchera pas, lorsque le texte européen aura été voté, de se trouver placés sous l’autorité de la même directive transposée.

Nous avons donc l’occasion de faire de la France le fer de lance de cette adaptation de notre droit économique à l’économie numérique, en attendant qu’un texte soit adopté au niveau européen dans les années à venir. C’est pourquoi nous nous sommes assez braqués sur ce texte, monsieur le secrétaire d’État !

Je ne sais pas si vous parviendrez à nous convaincre du bien-fondé de votre position, …

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