Intervention de Sophie Taillé-Polian

Réunion du 20 novembre 2020 à 16h00
Loi de finances pour 2021 — Article 3

Photo de Sophie Taillé-PolianSophie Taillé-Polian :

Je n’ai pas dit que les entreprises n’y participaient pas du tout ; j’ai dit qu’elles y participaient de moins en moins. Jusqu’où irons-nous ? On peut se poser la question, alors que les besoins sont criants, tant ceux de nos collectivités territoriales que ceux des grands services publics, financés sur le budget de l’État.

De quoi parlons-nous ? De ces services publics grâce auxquels les entreprises, comme nos concitoyennes et concitoyens, se trouvent bien en France.

Parlons d’investissement. Alors que la France investit insuffisamment dans ses universités et dans la recherche – en dépit de la loi qui vient d’être votée –, qu’observons-nous ? Le départ de très nombreux cerveaux, de très nombreux chercheurs qui ne trouvent pas leur place chez nous. Ne croyez-vous pas que des financements seraient nécessaires ? Ne croyez-vous pas que les entreprises doivent prendre leur part, que l’effort doive être réparti avec justice et avec justesse ?

Ce que j’observe, c’est cette tendance lourde et ancienne à la réduction de la participation des entreprises à ce qui fait le contrat social, à ce qui fait nos services publics, à ce qui fait aussi la France. Je pense que cela ne va pas dans le bon sens. Qu’observe-t-on en miroir ? L’augmentation de la part de la TVA dans notre budget, taxe dont on sait pertinemment le caractère très injuste, comme cela a été rappelé lorsque nous avons débattu de l’impôt sur le revenu.

Que l’on revienne sur les impôts des entreprises, pourquoi pas, mais posons des conditions très strictes, par exemple pour favoriser des projets vertueux afin d’accompagner l’indispensable transition face au changement climatique. En l’espèce, aucune condition n’est posée.

Je pense notamment à un rapport qu’a publié le Conseil d’analyse économique, qui souligne que, parmi les secteurs qui seront le plus aidés, on compte les industries extractives et la finance. Eh bien, je ne crois pas que les unes et l’autre représentent des modèles vers lesquels nous devrions nous projeter à l’avenir ! Bien au contraire !

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