Intervention de Vincent Segouin

Réunion du 24 novembre 2020 à 14h30
Loi de finances rectificative pour 2020 — Adoption définitive des conclusions d'une commission mixte paritaire sur un projet de loi

Photo de Vincent SegouinVincent Segouin :

On m’a encore fait le récit, samedi dernier, de grandes surfaces bondées, sans aucun respect des règles de distanciation et des gestes sanitaires ; pendant ce temps, des commerces fermés…

Je n’en veux pas, cependant, aux grandes et moyennes surfaces qui luttent contre l’expansion toujours plus importante et irréversible des Gafam sur le marché. Le résultat de votre politique, en effet, c’est que toutes les entreprises du secteur tertiaire qui concourent massivement à la richesse de l’État sont aujourd’hui à l’arrêt ; et ce sont les Gafam, que vous n’êtes pas parvenus à taxer, qui en perçoivent la majorité des bénéfices.

Vous revenez une quatrième fois devant nous pour vous aider à financer les échecs de vos choix et nous demander une énième autorisation de débloquer des aides pour les entreprises.

Si, évidemment, nous le faisons, c’est parce que nous n’avons pas le choix. Les entreprises en ont besoin ; elles ne sont pas responsables de la situation dans laquelle elles se trouvent. Mais nous attendons de votre part de la sincérité.

Monsieur le ministre, les Français veulent un discours de vérité sur le devenir des finances de notre pays. D’un côté vous diminuez les recettes de l’État, de l’autre vous continuez d’augmenter les dépenses, contrairement à vos engagements de campagne – je tiens à le répéter – et parce que vous êtes incapable de réformer. Bilan : par facilité, vous avez recours à la dette, cette dette qui est de moins en moins souveraine et qui, un jour, si les taux d’intérêt augmentent, deviendra insoutenable ! La Chine, aujourd’hui, prête à taux négatif : pensez-vous qu’elle le fasse par bonté ? Pour ma part, j’en doute un peu… Quel avenir assurons-nous à nos enfants ?

Votre espoir repose sur la croissance, mais combien d’années faudra-t-il pour retrouver le niveau de 2019 ? Et êtes-vous réellement convaincus que votre plan sera la solution, alors que nous ne sommes même pas capables de calculer la valeur ajoutée des investissements qui sont choisis ?

Et que dire de cette idée folle du non-remboursement de la dette ? Faites-vous partie de ces analystes qui y croient ? Est-ce l’échéance de 2022 qui vous pousse à gérer ainsi ?

Il est irresponsable de voter cette dérive financière ; en même temps, si nous ne le faisons pas, nous sacrifions tous les indépendants qui attendent ces ressources pour vivre…

Une nouvelle fois, c’est par obligation et sans conviction que nous sommes obligés de voter ce texte, parce que vous avez décidé seuls une politique que nous contestons sans relâche. Les Français nous ont fait confiance, et j’ai de plus en plus le sentiment de les tromper, car nous n’arrivons pas à stopper la machine infernale du recours à la dette.

Ce PLFR 4 nous amène à un point de non-retour, celui des presque 65 % de dépense publique, d’un déficit public creusé à 11, 3 % du PIB et d’une dette équivalente à 120 % du PIB selon les prévisions pour la fin de l’année.

Si nous allons voter ce texte, il n’empêche qu’il reste encore beaucoup de choses à faire, en faveur de nos entreprises notamment. C’est ce à quoi nous nous attelons dans le cadre de l’examen du PLF 2021. Ce PLF doit être l’occasion pour vous de nous présenter un budget sincère en prenant en compte les préoccupations des Français et en vous fiant aux propositions et à la vision du Sénat notamment. Cela nous éviterait certainement d’avoir à voter trois ou quatre budgets rectificatifs…

Monsieur le ministre, le groupe Les Républicains accepte de voter ce quatrième projet de loi de finances rectificative. Nous le faisons pour nos entreprises et pour nos emplois, mais nous vous demandons solennellement d’arrêter de mettre de côté le Parlement dans l’élaboration de vos politiques, de permettre aux Français de travailler et de faire preuve de sincérité envers eux dans votre programmation budgétaire.

Entendez-nous, entendez les territoires, entendez les Français ! Vous le verrez : si, seul, on va plus vite, ensemble on va plus loin !

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