Je suis très heureux de participer à cette audition. J'ai pris mes fonctions de délégué interministériel aux jeux Olympiques et Paralympiques à la mi-août, après avoir été nommé à la mi-juillet. Je n'ai donc qu'un recul relatif sur la montée en charge de ce grand projet. J'ai été également nommé depuis quelques mois délégué interministériel aux grands événements sportifs, ce qui me permet de suivre la préparation de la Coupe du monde de rugby en 2023 ou d'autres événements importants. Enfin, j'ai pris la présidence de l'ANS il y a maintenant deux mois et demi, en veillant, d'une part, à finaliser les conventions entre l'État et l'agence pour fixer les grands objectifs de 2020 et 2021 - c'était une demande forte des parlementaires - et, d'autre part, à accélérer le déploiement des conférences régionales et des conférences des financeurs dans les territoires, qui faisaient défaut et qui seront toutes installées durant le courant du mois de janvier.
S'agissant des jeux Olympiques (JO), nous sommes en train de basculer dans une nouvelle période. Pendant les deux ou trois premières années, l'enjeu a été d'adopter les textes fondateurs : la loi olympique de 2018 et les modifications qui lui ont été apportées, la convention avec Paris, la ville hôte, et un certain nombre de conventions financières et d'objectifs avec Paris 2024.
Cette étape est en train de s'achever, à trois ans et demi du déroulement des Jeux, avec, à l'été 2021, le transfert du drapeau olympique de Tokyo à Paris. La réalisation des ouvrages est portée par un établissement public industriel et commercial, la Solideo, dont j'assure le commissariat du gouvernement en tant que Dijop et dont la présidence est assurée par Mme Hidalgo. La totalité des chantiers, soit une quarantaine d'ouvrages, sera engagée à la mi-2021. La quasi-totalité des permis de construire ont d'ores et déjà été délivrés.
Enfin, le Comité d'organisation des jeux Olympiques et Paralympiques (COJO) Paris 2024 entre en phase opérationnelle, avec la signature des marchés pour les prestations de services et pour les équipements provisoires nécessaires pour les épreuves. L'agence va recruter plus de 150 personnes pour l'année 2021, portant son effectif à la fin de l'année à 465 CDI.
Les priorités auxquelles la Dijop s'est consacrée depuis quelques mois et qui vont guider le travail du premier semestre 2021, c'est d'abord d'accompagner la révision du format des Jeux, ce qui est appelé la « revue de concept » dans le langage olympique : ce travail a été conduit aussi bien avec Paris 2024 qu'avec la Solideo en ce qui concerne le périmètre des ouvrages, notamment sur le village des médias. Ce travail sera officiellement adopté par le conseil d'administration de Paris 2024 le 17 décembre prochain. Il a été longuement présenté à tous les partenaires lors de plusieurs réunions de bureaux et de conseils d'administration. Le Comité international olympique (CIO) est venu la semaine dernière valider la faisabilité, avec toutes les fédérations internationales, du nouveau concept. L'idée est de privilégier une sobriété dans le déploiement des Jeux, en limitant le nombre de sites provisoires et en les mutualisant autant que possible. Ce travail de remise à plat a permis de faire près de 150 millions d'euros d'économies.
Nous avons préservé les équilibres territoriaux qui fondent les Jeux. Ainsi, nous avons maintenu un nombre d'épreuves significatif en Seine-Saint-Denis. Par ailleurs, nous avons essayé de regrouper autant que possible dans les bâtiments existants les épreuves olympiques et paralympiques, pour donner une image inclusive du handicap dans l'organisation complète des Jeux, et pas seulement dans les jeux Paralympiques.
La volonté politique d'une participation accrue du public avec des épreuves plus accessibles à la population a été préservée : sont prévus un marathon paralympique et une course cycliste pour personnes handicapées auxquels participeront également les personnes sans handicap et qui se tiendront dans le département de la Seine-Saint-Denis.
Pour la Solideo, la revue de concept a conduit à reporter une deuxième tranche du village des médias qui n'était plus nécessaire, puisqu'une partie des journalistes seront logés à Paris.
Le premier objectif était donc de faire en sorte que la revue de concept se passe de manière équilibrée avec les collectivités locales : ce fut le cas.
Le deuxième objectif était de mettre à plat les perspectives budgétaires des Jeux pour les trois prochaines années, en établissant un budget de référence avec Paris 2024 comme avec la Solideo, qui est un établissement public. Paris 2024 est une association loi 1901, qui dépend directement du CIO : elle n'est pas dans un régime public à proprement parler, et l'essentiel de ses financements sont privés. L'analyse budgétaire a été conduite de manière extrêmement précise depuis deux mois, avec un travail poste par poste, ce qui a conduit à stabiliser un budget de référence qui n'est pas définitif mais prévisionnel ; il constitue une base de travail sérieuse et honnête du point de vue des évaluations budgétaires. Ce travail a été effectué par la Dijop que je dirige, mais en y associant constamment la direction du budget du ministère de l'économie et des finances, qui avait dégagé un agent et un administrateur civil pour travailler à nos côtés.
Nous avons identifié les points d'incertitude sur lesquels il faudra être vigilant dans les prochains mois et qui constitueront, à certains égards, une orientation de travail pour l'année 2021. C'est le cas pour la sécurité, dont le budget a été accru de plus de 100 millions d'euros, les transports, pour lesquels l'augmentation a aussi été très forte, ou le suivi des ressources humaines.
Si l'on prend les deux budgets du COJO et de la Solideo, la part du financement public est de moins de 25 %. Sur un total de 6,8 milliards d'euros, 3,9 milliards d'euros sont prévus pour le COJO et le reste pour la Solideo, avec des financements de l'État et des collectivités locales.
Dernier sujet majeur, celui des règles de sécurité : il apparaît clairement que l'ampleur de l'événement et la concentration des lieux en région parisienne, particulièrement à Paris et en Seine-Saint-Denis, va créer des difficultés de sécurisation spécifiques et exceptionnelles comparé à tous les grands événements auxquels nous avons fait face en général avec succès en France. Nous avons mis en place un comité stratégique de sécurité, qui permet d'associer le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), le ministère des armées, le ministère de l'intérieur, la maire de Paris en tant que responsable de la ville hôte, Paris 2024 et un certain nombre d'opérateurs privés ou sportifs.
Nous avons élaboré un protocole de sécurité, qui fixe les grands principes du partage des responsabilités entre l'État qui a, par les règlements olympiques, la responsabilité de garantir la sécurité dans le pays, et Paris 2024, qui a des responsabilités propres, notamment en matière de sécurisation des sites. Cette base de travail permet de mettre en oeuvre le plan stratégique de sécurité et de finaliser, pour l'ensemble des sites, les besoins humains nécessaires pour assurer la sécurité, qu'ils soient privés, des collectivités locales ou des forces de sécurité intérieure.
Le centre de Paris va concentrer un très grand nombre de sites fermés vers lesquels convergera un afflux de population : les Invalides, le Grand Palais, la place de la Concorde, le Trocadéro, la Tour Eiffel, le Champ de Mars. Ces mouvements très importants de population posent des risques particuliers qu'il faudra prendre en compte.
Nous continuons à travailler sur l'héritage, sur ce qui restera après les Jeux. La mise en oeuvre opérationnelle des plans emploi et insertion permettra de faciliter les recrutements de personnes issues des quartiers prioritaires de la politique de la ville, particulièrement en Seine-Saint-Denis. Un travail complémentaire est largement engagé pour donner un contenu plus concret aux mesures d'accessibilité et de soutien aux personnes handicapées.
S'agissant de l'ANS, elle a été formellement créée seulement en avril 2019. L'année 2020 a été employée à achever la structuration juridique et financière du groupement d'intérêt public (GIP). Le conseil de l'agence a finalisé, le 23 octobre dernier, une convention avec l'État. Des travaux ont été engagés dans les deux domaines de compétence de l'agence : la haute performance et le développement des pratiques.
S'agissant de la haute performance, nous voulons augmenter au maximum nos capacités d'obtention de médailles pour 2024. Le manager de la haute performance au sein de l'agence, Claude Onesta, a préparé un plan d'action : Ambition Bleue.
S'agissant du développement des pratiques, un travail important a été engagé pour faire des Jeux un accélérateur de retour vers la pratique sportive à l'issue de la crise sanitaire, notamment à l'école avec la politique engagée par le ministre de l'éducation et la ministre des sports, dans le cadre de la nouvelle organisation et du rattachement de la politique de la jeunesse et des sports au ministère de l'éducation. Je pense au renforcement des 30 minutes d'éducation physique à l'école primaire, qui est un des axes de cette politique.
Pour 2021, le soutien au secteur sportif s'appuiera sur la mobilisation des crédits du plan de relance, soit 120 millions d'euros pour 2021 et 2022, répartis entre des actions sur l'emploi, sur les équipements sportifs et sur les projets sportifs fédéraux. Ont été engagés les 15 millions d'euros de fonds de solidarité, destinés aux clubs locaux en difficulté, souvent les plus petits d'entre eux : 3 700 aides ont été accordées en trois mois.