Intervention de Jean-Raymond Hugonet

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 9 décembre 2020 à 9h00
Audition de M. Michel Cadot délégué interministériel aux jeux olympiques et paralympiques 2024 président de l'agence nationale du sport ans

Photo de Jean-Raymond HugonetJean-Raymond Hugonet :

J'ai eu plaisir à travailler avec vous lorsque vous étiez préfet de la région Île-de-France. Votre nomination est pour moi - je le dis sans flagornerie à l'intention de mes collègues qui vous connaissent peut-être moins - synonyme de rigueur, de transparence et de bienveillance, ce qui, par les temps qui courent, mérite d'être souligné.

Je ne dénie pas à l'État l'envie d'élargir le périmètre du sport. En revanche, quand on regarde les crédits, on constate qu'il y a loin de la coupe aux lèvres - c'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous les avons rejetés.

Sans opposer la culture et le sport, parce que le sport fait partie intégrante des compétences de notre commission de la culture, on s'aperçoit que la culture, dans cette époque de « quoi qu'il en coûte », pour reprendre les termes exacts du Président de la République, a été mieux dotée que le sport, qui se réduit comme peau de chagrin.

Vous dirigez l'ANS. J'aurais pu, si j'étais taquin, vous appeler M. le ministre, car tout le monde a bien compris que ce ministère fond comme neige au soleil. On constate une ambition certaine de l'État. Si l'on donne au sport de très haut niveau des objectifs de médailles sans y mettre les moyens - nous savons tous que, dans ce budget, les jeux Olympiques sont l'arbre qui cache la forêt -, alors on ment aux Français ! Ce n'est pas vous qui êtes visé.

Au moment où la France est dans un état psychologique catastrophique, il existe deux leviers fondamentaux pour essayer de relever ce pays : la culture et le sport. Nous n'avons pas les capacités de mettre des moyens en face de nos ambitions. Alors soit on réduit nos ambitions - les Français et les sportifs le comprendront si on leur en fait l'annonce -, soit on se donne les moyens de telles ambitions. Aujourd'hui, les moyens ne sont pas à la hauteur. J'aimerais vous entendre sur cette question qui est générale, certes, mais fondamentale.

Votre premier travail a été - fort intelligemment - de signer ces conventions. On a tendance à créer des agences avant de définir leurs missions ; j'aurais aimé qu'on fixe les missions de l'ANS avant de la créer.

Enfin, pour avoir la responsabilité modeste d'un groupe de travail sur le « pass culture », quand j'entends parler d'un « pass sport », je bous ! On connaît le fiasco du « pass culture ». Le monde du sport, parfois de façon caricaturale, voit ce « pass sport » comme la manne céleste. Ce sont les collectivités territoriales qui font le sport dans ce pays : on le sait, mais je préfère le redire ici dans l'assemblée des territoires. Il aurait été plus efficace d'avoir une coordination entre l'État et les territoires, et de disposer de moyens plus importants. Les équipements sportifs dans notre pays sont dans un état de délabrement intense. Faire miroiter à des clubs qu'ils vont recevoir une délégation olympique... Je peux comprendre l'envie de partager le sentiment olympique avec le pays, mais il ne faut pas prendre des vessies pour des lanternes : nombreux seront déçus, et beaucoup de ceux qui obtiendront une délégation sur leur territoire vont peut-être financièrement s'en mordre les doigts, ce qui serait catastrophique.

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