Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le retour des politiques de puissance se conjugue avec un affaiblissement du multilatéralisme.
Toutes les puissances, grandes et moyennes, ont des stratégies d’influence. La compétition est vive ; une opinion publique internationale émerge. Dans ce contexte, la politique de rayonnement est un volet absolument essentiel de notre action diplomatique. Les crédits qui lui sont dédiés appellent plusieurs remarques.
Tout d’abord, la sécurisation du réseau des établissements scolaires et culturels français à l’étranger doit être une priorité absolue.
L’Agence pour l’enseignement français à l’étranger bénéficie à ce titre de 9 millions d’euros. Ce montant ne doit-il pas être rapidement réévalué, monsieur le ministre, au regard des blocages passés autour du compte d’affectation spéciale 723 et de la dégradation du contexte sécuritaire pour nos compatriotes à l’étranger ?
Nous comptons vivement sur le Gouvernement pour ajuster en gestion ou abonder en cours d’année ces crédits de sécurité, en fonction de l’évaluation des besoins.
Par ailleurs, en plus de la crise sanitaire, la question de la sécurité a des conséquences fortes sur l’attractivité du réseau de l’enseignement français à l’étranger. En effet, plus de 200 postes ne sont pas pourvus. Est-ce bien le moment de supprimer 71 équivalents temps plein ? La situation est donc critique.
Dans ce contexte, le déblocage du système de garantie des prêts aux établissements scolaires est une urgence. Ce système est bloqué depuis plus de deux ans. L’article 48 de ce projet de loi de finances crée un nouveau mécanisme, moins favorable que celui qui avait prévalu jusqu’en 2018 autour de l’Association nationale des écoles françaises de l’étranger, l’Anefe. Le nouveau système plafonne les montants garantis et met fin à la mutualisation des risques entre établissements ; c’est regrettable.
Enfin, l’année 2021 sera celle de tous les dangers pour l’ensemble de nos réseaux. La troisième loi de finances rectificative pour 2020 a ouvert des crédits et avances pour l’AEFE, mais des avances doivent par définition être remboursées, alors que les ressources financières des établissements diminuent. L’enseignement français à l’étranger a en effet perdu 8 000 élèves à périmètre constant.
Les instituts français et alliances françaises abordent bien souvent 2021 avec des fonds de roulement à leur étiage, alors que la crise est loin d’être terminée. Nous craignons donc des dommages importants sur nos réseaux l’an prochain, ce qui nécessiterait un nouveau plan de sauvetage semblable à celui qui a été adopté en troisième loi de finances rectificative.
En définitive, cette crise est un défi pour l’universalité de nos réseaux. C’est pourquoi j’ai voulu détailler ces points de vigilance sur les crédits du programme 185. L’avis de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées sur cette mission est néanmoins favorable.