Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le moins que l’on puisse dire, c’est que, depuis l’examen du dernier PLF, le contexte international ne s’est guère amélioré.
Si l’élection de Joe Biden apporte un apaisement bienvenu à la relation transatlantique, elle n’entraînera sûrement pas le retour aux équilibres antérieurs, détruits par la pandémie mondiale qui a bouleversé notre planète. Les États puissances poussent leurs ambitions nationales dans de nombreux points du globe ; l’exemple des tensions stratégiques causées en Méditerranée orientale par les agissements de la Turquie, dont nous avons longuement débattu ces derniers jours, en est la preuve.
Dans ce monde aux tensions exacerbées, le multilatéralisme, censé réguler la violence des relations internationales depuis la Seconde Guerre mondiale, devient lui-même l’objet d’une compétition ; la course aux postes d’influence s’y fait âpre !
Les règles en sont remises en cause et la place de la France est concurrencée. Ainsi, le poste de secrétaire général adjoint aux opérations de paix, traditionnellement réservé à notre pays, aiguise les appétits de pays qui entendent obtenir un « retour sur contributions ». C’est toutefois oublier la contribution de notre pays à la sécurité internationale, au prix de l’engagement de nos soldats au Sahel.
Or vous savez, monsieur le ministre, combien notre commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées soutient la prise en compte des dépenses engagées par la France au titre des opérations extérieures, les OPEX, qui bénéficient à la sécurité collective.
Face à ce chaos géostratégique, la modestie des crédits du Quai d’Orsay nous apparaît dans sa cruelle réalité, même si le ministre multiplie, sur tous les fronts, les efforts pour faire entendre la voix de la France dans le monde.
Bien sûr, l’augmentation de plus de 2 % des crédits de la mission que nous examinons aujourd’hui va dans le bon sens. Nous nous félicitons, monsieur le ministre, d’avoir été entendus sur plusieurs points, je voulais vous en faire part ; plusieurs évolutions que nous appelions de nos vœux ont été prises en considération.
Je pense en premier lieu à l’arrêt de la réforme Action publique 2022, qui prévoyait une importante réduction du personnel dans le cadre de la mutualisation des effectifs à l’étranger.
Cette réforme, réalisée à 80 %, est enfin interrompue, car vous avez bien voulu tirer les leçons de la pandémie ; les agents de votre ministère, éprouvés par cette réforme, ont été essentiels pour le rapatriement des 370 000 Français coincés à l’étranger lors de la première vague de la covid.
Je souhaite, moi aussi, leur rendre un hommage appuyé, car ils ont été formidables – les témoignages se sont multipliés en ce sens –, et j’aimerais que vous puissiez leur transmettre l’expression de l’admiration de la commission pour le travail extraordinaire qu’ils ont accompli.