Intervention de Stéphane Piednoir

Réunion du 30 novembre 2020 à 10h00
Loi de finances pour 2021 — Recherche et enseignement supérieur

Photo de Stéphane PiednoirStéphane Piednoir :

Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, ce projet de loi de finances pour 2021 est loin de correspondre à mon esprit cartésien inhérent à un certain héritage professionnel.

En effet, sur la forme, le PLF se caractérise par une architecture budgétaire comparable à un système d’équations dans lequel on ne parviendrait plus à déterminer le nombre d’inconnues. Ce manque d’intelligibilité nuit gravement à la sincérité de l’exercice.

Sur le fond, je salue la hausse substantielle des crédits destinés à l’enseignement supérieur et à la vie étudiante, que le rapporteur spécial a parfaitement présentés.

Je m’attacherai, pour ma part, à développer trois points.

Le premier concerne l’adéquation entre les moyens nouvellement dégagés et la forte dynamique de la démographie étudiante, qui s’est illustrée à la rentrée 2020 par l’arrivée de 284 800 nouveaux bacheliers en première année d’université, soit une hausse de 5, 2 %. La création de 20 000 places supplémentaires l’année prochaine, sous l’effet conjoint du plan Étudiants et du plan de relance, apportera une bouffée d’oxygène, mais elle ne suffira pas à soulager un système universitaire qui n’a pas les moyens d’absorber ce flux exceptionnel.

Les universités sont en effet dans une situation financière très préoccupante, en partie due au désengagement de l’État du financement de la progression de leur masse salariale. Je déplore, à ce titre, que la question du glissement vieillesse technicité ne soit plus mentionnée dans les documents budgétaires et qu’elle ne soit désormais abordée que dans le seul cadre du dialogue stratégique et de gestion.

Mon deuxième point porte sur l’enveloppe de 3, 7 milliards d’euros destinée à la rénovation thermique des bâtiments publics, initiative que j’accueille très favorablement. L’appel à projets spécifique à l’enseignement supérieur a déjà donné lieu à 5 200 dossiers de candidature, représentant un volume financier potentiel de 8, 4 milliards d’euros, ce qui montre bien l’état des besoins. Cette procédure ouvrira la possibilité de démarrer rapidement des chantiers de rénovation, mais ne permettra pas de rattraper le retard pris. La remise en état des 15 millions de mètres carrés du bâti universitaire relevant de l’État nécessiterait un investissement de 10 milliards d’euros, soit dix ans de mise en œuvre au rythme actuel de financement.

Ce constat plaide, à mon sens, pour une dynamique plus ambitieuse, au moyen, par exemple, du lancement d’un deuxième plan Campus.

Mon troisième point a trait à la situation des Crous, qui sont très fortement mobilisés depuis le début de la crise et dont les 100 millions d’euros de pertes d’exploitation liés à la première vague épidémique devraient nettement s’aggraver avec la deuxième.

Des réponses ont été apportées – il faut le reconnaître – dans les troisième et quatrième lois de finances rectificatives, mais elles ne suffiront vraisemblablement pas. Nous comptons sur votre engagement, madame la ministre, pour procéder à des redéploiements de crédits en fin de gestion afin de combler entièrement les pertes enregistrées par le réseau.

En dépit – je l’ai dit – d’une présentation confuse, et parce que le budget 2021 prévoit une augmentation notable des crédits consacrés à l’enseignement supérieur et à la vie étudiante, la commission a émis un avis favorable à leur adoption.

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