Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, le budget de la recherche et de l’enseignement supérieur est presque concomitant à l’examen du projet de loi de programmation de la recherche. Il est donc destiné à traduire les grandes orientations définies par ce texte, ainsi qu’à rendre crédible sa trajectoire budgétaire.
La crise sanitaire que nous traversons, couplée à une crise économique et sociale dont nous ne connaissons pas encore toute l’ampleur, nous rappelle le caractère vital de la recherche, de l’enseignement supérieur et de l’innovation, ainsi que la nécessité d’investir massivement, aussi bien à court terme qu’à long terme.
Pendant trop longtemps, la recherche française a subi des coupes budgétaires drastiques, qui se sont logiquement traduites par l’érosion de la recherche scientifique française à l’international. Par exemple, en 2015, la France n’occupait plus que le septième rang mondial en nombre de publications dans les revues scientifiques. À ce titre, nous pouvons également regretter l’échec de la France à atteindre l’objectif fixé de 3 % du PIB consacré à la recherche en 2020, alors même que d’autres y sont parvenus. Je pense, notamment, à la Suède.
Dans ce contexte, nous ne pouvons que nous féliciter de l’augmentation des crédits alloués à la mission « Recherche et enseignement supérieur ». Même si nous n’assistons pas au choc budgétaire que nous aurions souhaité en faisant passer la programmation de dix à sept ans, il faut tout de même saluer une augmentation de 579 millions d’euros à périmètre constant des crédits de paiement dédiés à l’enseignement supérieur et à la recherche.
La mission interministérielle bénéficiera, en outre, d’un apport important de crédits en provenance de la mission « Investissements d’avenir », puisque le quatrième programme d’investissements d’avenir, qui vient d’être lancé, comporte une enveloppe de 7, 5 milliards d’euros en faveur de l’écosystème de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation. Cependant, les modifications de la maquette budgétaire de la mission et le transfert de crédits vers la mission « Plan de relance » rendent parfois peu lisible la réalité des crédits de cette mission.
Le financement de la recherche sera accompagné par quatre autres vecteurs que sont la mission « Plan de relance », les programmes d’investissements d’avenir, les contrats de plan État-région et le programme européen Horizon Europe. Ce dernier verra d’ailleurs ses crédits augmentés après l’accord trouvé à Bruxelles le 10 novembre dernier.
Pour 2021, les crédits des programmes « Formations supérieures et recherche universitaire » et « Vie étudiante » connaissent une augmentation de 2, 3 % en crédits de paiement. Cette hausse des crédits trouvera son application dans la revalorisation très attendue des salaires des chercheurs et des personnels de l’enseignement supérieur. Elle permettra de poursuivre et de renforcer l’attractivité des carrières, qui, je le pense, en ont extrêmement besoin. Considérer les universitaires et les chercheurs passe donc par une reconnaissance accrue de leur rôle dans la société et par une gratification honorable.
La crise sanitaire ayant entraîné un taux de réussite très élevé au baccalauréat, le nombre de nouveaux inscrits à l’université progresse cette année de 1, 9 %, soit 28 700 étudiants supplémentaires. Il est nécessaire d’absorber ce flux très significatif. Le budget pour 2021 prévoit une hausse de 20 000 places à l’université, dont 10 000 au titre du plan Étudiants et 10 000 au titre du plan de relance.
Ces dernières années, malgré les efforts budgétaires déployés par le Gouvernement, la hausse tendancielle du nombre d’étudiants s’est traduite par une érosion progressive de la dépense moyenne par étudiant, passée de 11 290 euros en 2014 à 10 110 euros en 2019. Le rapporteur spécial a regretté l’absence d’une réflexion plus globale sur le devenir de l’enseignement supérieur français à moyen terme. Nous partageons son constat.
Les moyens consacrés à la vie étudiante sont en hausse de 134 millions d’euros. La revalorisation des bourses étudiantes et leur augmentation sur critères sociaux sont une bonne nouvelle. Nous approuvons aussi, évidemment, le passage du prix des repas universitaires à 1 euro pour les boursiers.
Néanmoins, cette année universitaire s’annonce difficile pour les étudiants, et il faudra accorder une attention toute particulière aux plus fragiles d’entre eux. À ce titre, notre groupe souhaite appeler votre attention sur la paupérisation dramatique d’une partie de nos étudiants.
Notre collègue Olivier Henno l’a rappelé lors de la dernière séance de questions d’actualité, la crise que nous traversons augmente les demandes d’aides alimentaires. Aux Restos du cœur, la moitié des personnes accueillies ont moins de vingt-cinq ans. Certains étudiants, privés de ressources complémentaires dues aux restrictions sanitaires, se voient dans l’obligation de sauter des repas, faute de moyen. C’est insupportable !
L’université doit aussi prendre garde à ne pas rater le virage du numérique. Les images d’amphithéâtres bondés lors de la rentrée témoignent d’un respect plus qu’incertain des conditions sanitaires, alors que la volonté de tous est de protéger au mieux les étudiants.
Nous saluons l’engagement du ministère, qui a prévu 35 millions d’euros pour la transformation pédagogique et numérique. Toutefois, ce renforcement des services numériques aux étudiants sera-t-il suffisant ?
Enfin, nous souhaitons appeler votre attention sur la situation des Crous. Avec la crise sanitaire, ils ont subi des pertes d’exploitation considérables, au titre de leurs activités de restauration et d’hébergement. Si ces pertes ont pour le moment été compensées, ces structures dont la situation financière est fragilisée doivent faire l’objet d’un suivi attentif.
Madame la ministre, le groupe Union Centriste votera les crédits de la mission « Recherche et enseignement supérieur ».