Intervention de Bernard Fialaire

Réunion du 30 novembre 2020 à 21h30
Loi de finances pour 2021 — Culture

Photo de Bernard FialaireBernard Fialaire :

Monsieur le président, madame la ministre, madame, messieurs les rapporteurs, mes chers collègues, la culture fait partie des secteurs les plus fortement touchés par la crise sanitaire ; tous les orateurs l’ont rappelé.

C’est en effet un véritable « baisser de rideau » qui s’est abattu sur le monde culturel, avec les conséquences économiques que l’on connaît : dès juillet, les pertes de chiffre d’affaires étaient évaluées pour 2020 à 4, 2 milliards d’euros pour le spectacle vivant, à 3 milliards d’euros pour les arts visuels et à 640 millions d’euros pour les patrimoines hors architecture.

Malheureusement, ce n’est probablement qu’un début pour un secteur économique important en temps ordinaire : il a représenté 2, 3 % de notre PIB en 2019.

Aussi, nous attendons beaucoup de ce budget et de toutes les mesures prises en marge de celui-ci dans le cadre des lois de finances rectificatives. J’ajoute, madame la ministre, que vous défendez vos priorités avec énergie et passion.

Face à ce séisme sans précédent, les moyens doivent être exceptionnels pour sauver la culture, cet « héritage de la noblesse du monde » comme l’avait qualifiée Malraux. Au-delà de ce qui constitue l’empreinte de notre pays, il s’agit, bien entendu, de conserver les milliers d’emplois directs et indirects du secteur.

La seule hausse de 4, 65 % des moyens, initialement prévue en 2021 pour la mission « Culture », n’aurait pas suffi à répondre à l’ampleur du défi. On peut se réjouir que ces crédits soient abondés par la mission « Plan de relance », soit d’un peu plus de 1 milliard si l’on agrège toutes les dépenses ministérielles et les dépenses fiscales liées à la culture. C’est un effort sans précédent que nous nous apprêtons à voter.

Deux axes me semblent importants : maintenir les capacités du rayonnement culturel de la France par un soutien incontournable à ses opérateurs et impulser une dynamique profitable à tous les territoires.

Préserver le rayonnement culturel de la France, c’est préserver l’attractivité globale de notre pays. Le tourisme est un levier fort, sinon essentiel de l’économie culturelle à travers ses grands événements, ses monuments ou encore ses châteaux. Je ne citerai qu’un seul chiffre : 81 % des visiteurs du château de Versailles étaient des touristes étrangers en 2019.

Dans ces conditions, vous avez identifié des priorités, madame le ministre, et l’on ne peut qu’y souscrire. Oui, il faut soutenir les grands opérateurs qui sont affaiblis, en particulier ceux qui ont un taux élevé de ressources propres. Comme je l’ai rappelé, la culture est indissociable de l’identité de la France, et il serait impensable de laisser nos grands musées fermer leurs portes et licencier, comme c’est le cas aux États-Unis.

Cependant, ce soutien massif ne doit pas reléguer la nécessité de repenser le modèle financier de certains opérateurs pour lesquels la Cour des comptes a émis des observations. Je pense, par exemple, à l’Opéra de Paris qui, dans son modèle de financement, n’est pas soutenu par les collectivités locales de sa région, alors que son public est parisien et francilien aux deux tiers. Cette équation interroge…

Le deuxième axe qui me semble important est la nécessité que l’élan budgétaire profite à tous les territoires. Je pense, bien entendu, madame la ministre, que vous avez ce principe à l’esprit, mais je souhaitais insister.

À l’échelon local, le secteur de la culture irrigue tout un écosystème qui touche de nombreux métiers, allant du commerce à l’artisanat. Nous devons par conséquent être vigilants quant à la répartition équitable des nouveaux moyens.

Dans cette perspective, l’augmentation de la dotation de 10 millions d’euros pour les musées territoriaux, de 3 millions d’euros pour les archives territoriales ou encore l’élargissement de l’avantage fiscal associé au label de la Fondation du patrimoine en faveur des centres-villes et des centres-bourgs sont de bonnes mesures.

La restauration du patrimoine est également encouragée, franchissant pour la première fois le milliard d’euros.

S’agissant de ce volet, nous comptons sur le Gouvernement pour que soit mise en œuvre la promesse d’au moins une opération par département.

Je n’oublie pas non plus la question de la survie des festivals. Les crédits du fonds de soutien aux festivals ont été consommés. La dotation initiale de 10 millions d’euros n’a donc pas suffi. Le plan de relance le réabonde à hauteur de 5 millions. Ces soutiens sont importants, mais ce que veulent les festivaliers, c’est reprendre leurs activités au plus vite, comme ils l’ont exprimé dans une tribune le 27 novembre dernier. Que leur répondez-vous, madame le ministre, ainsi qu’aux élus très attachés à leurs festivals locaux ?

Mes chers collègues, le groupe RDSE soutiendra ce projet de budget, qui reflète une mobilisation exceptionnelle. J’espère cependant que la politique de relance n’entraînera pas une année blanche pour les autres politiques du ministère, en particulier celle de l’élargissement d’une culture accessible à tous, qui fait partie du pacte républicain.

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