Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, le monde de la culture a été durement touché par l’épidémie de covid-19, mais cette crise aura aussi permis de mesurer combien les Français sont attachés à la culture, aux livres, au théâtre, au cinéma, aux festivals, aux concerts.
Le projet de loi de finances pour 2021, en octroyant des moyens financiers significatifs pour relancer l’activité artistique et soutenir l’emploi dans le secteur de la création, répond au désir de nos concitoyens de préserver notre modèle culturel.
Au-delà de l’appui financier indispensable au spectacle vivant, l’élargissement du crédit d’impôt, qui concernait en premier lieu les spectacles musicaux, à l’art dramatique, au théâtre en général, à la danse et aux spectacles d’humour est une bonne mesure, puisqu’il permettra de soutenir la relance de l’activité.
Si cet effort doit être souligné, l’incertitude quant à la durée de la crise sanitaire n’efface pas toutes les inquiétudes, loin de là. Des inquiétudes demeurent sur l’avenir des intermittents, ces femmes et ces hommes qui font vivre la culture au quotidien, sur les modalités de l’année blanche et sur sa possible prolongation ; je n’ose même pas évoquer ceux qui n’ont pas le statut d’intermittent…
Des inquiétudes existent également quant aux modalités de reprise des activités culturelles en 2020, notamment des festivals, qui font vivre l’ensemble de nos territoires. Face à l’incertitude, certaines structures pourraient prendre la décision d’annuler leurs représentations plusieurs mois à l’avance, et des faillites ne sont pas à exclure.
La crise sanitaire aura aussi mis en avant les difficultés structurelles que peuvent rencontrer au quotidien certains secteurs. Je pense notamment aux arts visuels, qui se sentent insuffisamment pris en compte par le ministère de la culture.
Si une meilleure structuration du secteur est à l’avenir indispensable, des mesures devront également être prises par le ministère. On peut d’ores et déjà regretter l’absence de moyens affectés au fonctionnement du Conseil national des professions des arts visuels, le CNPAV. C’eût été pourtant un premier pas important.
Les écoles d’art et d’architecture ne sont pas en reste, et elles ont aussi exprimé un certain malaise. Pour ce qui est des écoles d’art, le manque de cohérence au niveau national est une réalité, et l’on peut regretter les différences de statut entre les écoles nationales et les écoles territoriales.
L’intégration des établissements de l’Éducation socioculturelle, l’ESC, dans Parcoursup n’est pas sans poser de difficultés. Je pense ainsi à la transmission des dossiers de candidature, qui peut se révéler problématique.
Quant aux écoles nationales d’architecture, la faiblesse de leur dotation et l’absence de moyens suffisants font craindre leur appauvrissement, aussi bien sur le plan pratique de l’accueil des étudiants que sur celui de la qualité de l’enseignement.
Nous redoutons que cet affaiblissement ait un impact à moyen terme sur notre capacité à penser l’urbanisme et la ville de demain. Le manque d’enseignants-chercheurs face au défi que représente, notamment, la transition écologique ne fait qu’accentuer cette crainte. Mais un amendement a été voté ce matin qui pourrait pallier cette faiblesse, s’il survit à la navette parlementaire.
Si ce projet de loi de finances va donc globalement dans le bon sens, l’ampleur de la crise sanitaire, les incertitudes qu’elle a fait naître et ses conséquences en cascade doivent faire réfléchir, au-delà de l’urgence, au modèle culturel que nous voulons construire pour les années à venir. Cela devra passer par un travail de concertation entre tous les acteurs.
Malgré ces quelques remarques et réserves, nous voterons les crédits de la mission.