Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, la culture fait battre le cœur des Français. Elle structure la vie de nos concitoyens et les relations humaines.
Dans ce débat sur les enjeux budgétaires de la culture, permettez-moi, madame la ministre, de prendre mon département du Nord pour exemple ; pour être vrai et direct, rien de tel que de s’appuyer sur ce qu’on le connaît le mieux, son territoire.
Le Nord a toujours été une terre d’accueil pour les artistes, de par sa situation géographique et son attachement à la création. Partout, des résidences d’artistes encouragent cette création depuis de longues années. Les Nordistes sont attachés à leur histoire et à leurs traditions. Carnavals, Géants et fanfares mettent en lumière notre culture populaire, festive et familiale. Notre patrimoine architectural est diversifié. Il fait partie de notre identité culturelle. Les élus locaux se battent pour le préserver et le valoriser.
Nous comptons plus de 10 000 objets protégés au titre des monuments historiques, qui font du Nord l’un des départements les plus dotés. Nos musées sont reconnus pour leurs collections et leur engagement en faveur de l’accès à la culture pour tous, notamment pour les jeunes. Les bibliothèques et médiathèques publiques participent, elles aussi, à cet effort.
Aujourd’hui, j’ai une pensée pour ces professionnels, qui ont rouvert leurs salles et repris leurs activités artistiques dès qu’ils en ont eu l’autorisation. Ils l’ont fait dans des conditions difficiles, y compris d’un point de vue économique.
Le secteur du spectacle vivant public, par exemple, a été le premier à reprendre ses activités dans le cadre de « l’été apprenant ». Il a créé des emplois. Les salles, les théâtres et les cinémas se sont toujours montrés exemplaires dans l’application des protocoles sanitaires. Ils se sont adaptés aux jauges limitées de spectateurs, puis au couvre-feu, avec le soutien des artistes. Mais le reconfinement a stoppé tous leurs efforts.
Le monde de la culture est l’un des plus affectés par la crise sanitaire. Les intermittents du spectacle et les musiciens indépendants sont très fragilisés. De nombreuses structures sont menacées. Elles ont des trésoreries très éprouvées. Qu’elles soient publiques, associatives, privées avec délégation de service public ou totalement privées, elles ont continué à investir, pour produire, recréer des spectacles et des films, faire répéter les comédiens, construire des décors et fabriquer des costumes.
Les musées se sont engagés dans la numérisation de leurs collections, pour permettre à nos concitoyens d’accéder, malgré tout, à la culture. Les musiciens indépendants ont innové pour garder un lien avec leur public. Mais les plus grandes menaces pèsent sur ce secteur pour 2021, sur l’emploi, les artistes, l’accès à la culture et la diversité culturelle. C’est l’équilibre des territoires qui s’en trouve touché.
Le spectacle vivant public est dans une situation particulièrement préoccupante, car il dépend des financements des collectivités locales, dont on connaît les tensions financières actuelles.
L’année prochaine, le ministère de la culture disposera de 167 millions d’euros de plus, pour un total de 3, 82 milliards d’euros. C’est une augmentation exceptionnelle et justifiée tant le secteur est sinistré. Il doit être soutenu massivement, car il a besoin de dispositifs d’accompagnement à la hauteur des enjeux pour se relancer. Mais la répartition doit être équitable sur le territoire et bénéficier à tous les domaines culturels et à toutes les structures. Tous sont indispensables au dynamisme du secteur en France.
Il n’est pas normal que, aujourd’hui encore, prédomine la culture parisienne au détriment de celle des territoires. Une concertation entre l’État et les collectivités territoriales est nécessaire pour continuer à soutenir la déconcentration culturelle. Celle-ci est à l’origine de la richesse et de la diversité de l’offre et de la création en France.
Le patrimoine bénéficiera aussi d’une hausse de budget. Les besoins sont immenses, les édifices et les objets remarquables étant nombreux.
Le plan de relance pouvait être jugé suffisant dans un contexte de reprise de l’activité culturelle. Dès lors que le Président de la République parle d’un virus présent jusqu’à l’été 2021, la reprise totale d’activité est repoussée. Aussi, la question des loyers de ces structures est essentielle, tant elle pèse sur leur trésorerie.
La question du remboursement des prêts garantis par l’État, les PGE, représente aussi une échéance majeure qui fragilise leurs perspectives. Il semble impossible, à ce jour, qu’elles remboursent en avril 2021 des prêts contractés en avril 2020, alors que la reprise ne sera pas totalement au rendez-vous.
Le fonds de compensation des pertes de billetterie a été un outil incitatif. Il leur a permis de redémarrer leurs activités au début de l’été. Mais il est désormais nécessaire qu’il soit prolongé au-delà du premier semestre 2021 et qu’il soit associé à un accompagnement à l’investissement.
Madame la ministre, il n’est plus seulement question de démocratiser la culture, mais bien de continuer à la faire vivre dans toute sa diversité après la crise.
Le groupe Les Républicains se prononcera en faveur des crédits de la mission.