Intervention de Nadège Havet

Réunion du 28 novembre 2020 à 9h30
Loi de finances pour 2021 — Enseignement scolaire

Photo de Nadège HavetNadège Havet :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, ce matin, nous parlons d’avenir. En hausse de 2 milliards d’euros, le budget de l’éducation nationale demeure, cette année encore, le premier poste de dépenses du budget de l’État.

Le plan de relance a également alloué à l’enseignement scolaire des crédits qui permettront de financer le dispositif « Les cordées de la réussite », avec l’objectif d’augmenter le nombre de bénéficiaires de 120 000, ainsi que l’accélération de la transformation numérique.

Il n’est pas inutile de le rappeler, depuis 2017, le budget alloué à l’enseignement scolaire a augmenté de 8 milliards d’euros.

Que traduit ce budget ?

Tout d’abord, la priorité absolue qu’est le renforcement de l’enseignement du premier degré, de notre école primaire, qui, pendant trop d’années, avait été délaissée, alors que – nous le savons –, faute de moyens suffisants, les inégalités de réussite en fonction de l’origine sociale s’y creusent et s’y sédimentent le plus souvent.

La création d’emplois dans le premier degré portée par ce budget est d’ailleurs à mettre en perspective avec la diminution du nombre d’enfants scolarisés de l’ordre de 65 000. Cela permet donc de poursuivre le plafonnement à 24 élèves par classe de grande section, CP et CE1, d’étendre le dédoublement des classes aux grandes sections de maternelle en éducation prioritaire, de ne fermer aucune école rurale, sauf en cas d’accord du maire, et d’améliorer les conditions de travail des directeurs d’école.

Grâce à l’abaissement de l’âge de la scolarité obligatoire à 3 ans, 26 000 élèves supplémentaires sont accueillis depuis la rentrée 2019 en maternelle. Des crédits de 100 millions d’euros sont ouverts pour accompagner les communes à ce titre. Monsieur le ministre, cette mesure est venue autant traduire un engagement de campagne que satisfaire les revendications exprimées par d’autres responsables politiques avant 2017, mais non traduites dans les faits.

De même, dans les écoles éloignées d’une bibliothèque publique, de nouveaux espaces de lecture seront financés. Comme vous vous y êtes engagé, le fonds de soutien au développement des activités périscolaires sera maintenu pour les communes qui souhaitent conserver la semaine de plus de quatre jours. L’augmentation des crédits pour le second degré se traduira par un volume d’heures supplémentaires de près de 1 000 équivalents temps plein.

Ce budget engage la revalorisation du métier d’enseignant et le renforcement de l’attractivité des métiers de l’éducation. En attendant les conclusions du Grenelle de l’éducation, une revalorisation de 400 millions d’euros est d’ores et déjà inscrite au budget, de même que la création d’une prime d’équipement informatique de 150 euros net.

Visant le même objectif, d’autres politiques soutenues par ce budget doivent être citées : je pense aux 3 000 étudiants supplémentaires qui auront accès à une préprofessionnalisation de trois ans à partir de la deuxième année de licence ; je pense également aux élèves inscrits en master des métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation, qui pourront désormais être accueillis en stage en alternance pendant leur deuxième année de master.

Nous resterons attentifs à la reconnaissance de ces métiers essentiels. François Dubet et Marie Duru-Bellat rappelaient dans un ouvrage récent que les vaincus ont vu leur situation se dégrader ces dernières décennies, accentuant un clivage que l’on retrouve dans la vie politique elle-même entre les élites éclairées et instruites et tous ceux qui se sentent dépossédés et méprisés. C’est le sens de ce budget comme des précédents que de répondre à ce constat.

Alors que la crise du covid-19 risque de produire des effets négatifs cumulatifs, il faudra aussi les éviter au maximum et donner des perspectives aux centres d’accueil des classes de mer et de montagne ainsi qu’à l’ensemble des acteurs impliqués dans les dispositifs relatifs aux classes déplacées, car, aujourd’hui, ils n’en ont aucune. Ce sera aussi l’objet du Grenelle de l’éducation et de la refonte de la carte REP+ sous la forme d’une expérimentation annoncée dimanche dernier. Des préconisations renforcées pourraient être faites au service d’une politique plus fine, permettant l’indexation des moyens en fonction d’un indice de mixité sociale.

Quoi qu’il en soit, le groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants votera ce budget.

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