Intervention de Franck Montaugé

Réunion du 28 novembre 2020 à 14h30
Loi de finances pour 2021 — Compte de concours financiers : prêts et avances à des particuliers ou à des organismes privés

Photo de Franck MontaugéFranck Montaugé :

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, le choc économique que nous subissons depuis mars a eu pour conséquence d’exacerber les faiblesses structurelles de notre industrie à au moins quatre niveaux.

D’abord, l’endettement s’est accru de 13 % et, en septembre dernier, l’encours total de dette de l’industrie était proche de 150 milliards d’euros, ce qui est d’autant plus problématique que les entreprises industrielles françaises sont faibles en fonds propres.

Ensuite, l’investissement a chuté de 14 % par rapport à 2019, alors que notre outil industriel a dix-neuf ans d’âge moyen. Il est deux fois plus ancien qu’en Allemagne, et bien moins robotisé et numérisé.

En matière environnementale, 40 % de l’énergie consommée par l’industrie en France est le fait d’équipements vieux de plus de trente ans, et dont les performances énergétiques sont mauvaises.

La crise a aussi révélé l’importante dépendance de notre économie à certains grands secteurs exportateurs comme l’aéronautique et, dans une moindre mesure, l’automobile. Au-delà du seul déficit de notre commerce extérieur, le risque est que nous perdions durablement des parts de marchés à l’international.

Enfin, l’industrie a déjà perdu près de 53 000 emplois en 2020, alors que des plans sociaux restent à venir. En France, ce secteur représente 13 % des emplois contre 21 % en Allemagne et 20 % en Italie.

Comment le budget pour 2021 répond-il à ces enjeux ? Si les orientations de long terme sont intéressantes, elles présentent des carences à court terme.

Tout d’abord, un soutien plus conséquent à la demande sera nécessaire, car la crise qui se profile fera des dégâts dans l’ensemble de l’industrie.

Plusieurs leviers existent, dont le soutien à des secteurs oubliés du plan de relance, comme la construction neuve, qui encourage en particulier la production métallurgique. La commande publique en est un autre, mais encore faudrait-il que les collectivités qui représentent 60 % de l’investissement public disposent des ressources nécessaires. Enfin, la réouverture des commerces est un impératif pour l’industrie.

Pour relancer la demande, on ne pourra éviter la question de la mobilisation de la considérable épargne que les Français ont accumulée depuis mars dernier, soit environ 90 milliards d’euros. Aucune piste ne nous a été exposée à ce sujet.

Ensuite, le Gouvernement ne semble pas prendre correctement la mesure du mur de la dette, qui s’élève à près de 150 milliards d’euros dans l’industrie.

En conclusion, mes chers collègues, la relance offre une opportunité longtemps attendue de penser une politique industrielle souveraine, ambitieuse et réaliste, qui utilise tous les leviers de transformation de notre industrie.

Les orientations stratégiques de la réindustrialisation du pays devraient faire l’objet d’une implication directe du Parlement, en concertation avec les filières et les régions.

Si le plan de relance identifie bien les enjeux de long terme, il doit être renforcé à court terme pour pallier une crise de la demande et mieux anticiper le problème de l’endettement.

La commission des affaires économiques a émis un avis favorable à l’adoption des crédits de la mission « Économie ».

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