Monsieur le sénateur Savoldelli, l’amendement que vous proposez ne vise pas l’État : il tend à empêcher tout licenciement.
Or on ne peut nier l’importance, pour une entreprise et ses salariés, de l’état des marchés et du niveau des carnets de commandes… Quoi qu’il en soit, je ne suis pas sûr que le temps soit à une économie administrée.
En réalité, le dispositif que vous proposez exclurait des aides publiques une palette très large d’entreprises. Malheureusement, comme on le voit autour de nous, des entreprises de toutes tailles ayant souscrit à ces différents dispositifs – PGE, chômage partiel, etc. – devront peut-être déposer le bilan en raison du confinement et de l’interdiction d’exercer leur activité. Pour celles-ci, c’est perdu ! La situation est difficile tant pour les chefs d’entreprise que pour les salariés.
L’objet de l’amendement est excessif, raison pour laquelle je ne peux qu’émettre un avis défavorable. On peut souscrire à votre préoccupation, mais je crois que personne ne licencie de gaieté de cœur.
Je veux citer un exemple qui me vient souvent à l’esprit. Il y a quelques années, une grande entreprise de pneumatiques du centre de la France a licencié, alors qu’elle faisait des profits. Tout le monde s’en est ému, mais rien n’a été fait contre cette entreprise. Deux ans plus tard, elle a embauché assez massivement.
Je ne suis pas favorable aux licenciements, mais j’estime que la réorientation de la production et de la stratégie d’une entreprise, qui se traduit parfois par des licenciements, relève de la liberté de gestion du chef d’entreprise.
L’objectif doit plutôt être de permettre aux entreprises de rester solides et de continuer à dégager des profits et à employer des salariés, cadres ou non-cadres.