En juillet 2018, pour renouer avec les élus locaux de la politique de la ville, le Gouvernement annonçait vouloir garantir les mêmes droits aux habitants de ces quartiers, favoriser l’émancipation et « faire République ».
Alors, certes, vous avez sanctuarisé les crédits, mais c’est insuffisant. Le bilan de ces trois dernières années est vide : vide d’ambition pour les quartiers, vide de souffle, vide d’actions concrètes pour les habitants… laissant place, souvent, à un sentiment d’abandon, un sentiment de « non-assistance à territoire en danger ».
Madame la ministre, il y a urgence ! Je vous le demande : écoutez les élus de terrain ! Le 14 novembre dernier, ils ont été plus de 150 à interpeller le Président de la République. Dans un courrier, ils exprimaient ainsi leur désarroi face à la politique d’abandon des quartiers menée par votre gouvernement : « Il serait irresponsable de nier que la haine et le repli sur soi prospèrent à mesure que la rupture sociale et la pauvreté augmentent. »
Ces quartiers subissent de plein fouet les conséquences économiques, sociales et sanitaires de la crise. Or, paradoxalement, la politique de la ville est l’angle mort du plan de relance. Madame la ministre, il nous faut renouer avec ce qui fait la grandeur de notre nation. Solidarité et fraternité doivent être les maîtres mots de la politique de relance.
C’est dans cette logique que le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain et moi-même proposons d’agir suivant trois axes.
Tout d’abord, nous devons soutenir la mobilisation des acteurs et redonner confiance et espoir aux habitants.
Le plan de relance doit être l’occasion de redonner vie à la République dans les quartiers de la politique de la ville, de restaurer la cohésion dans notre pays.
Nous avons proposé dans le cadre de la mission « Plan de relance », la création d’un Conseil national des solutions composé d’élus, d’associatifs, de fonctionnaires, d’entrepreneurs et d’universitaires bénévoles. Nous n’avons pas été entendus.
Ce conseil aurait vocation à identifier, promouvoir et évaluer les solutions qui fonctionnent sur le terrain en matière d’emploi, de citoyenneté, d’éducation, de sécurité, de mobilité ou encore de logement. Il aurait également comme première mission de mettre en place des collectifs pour l’emploi et la formation dans les cent villes les plus pauvres de France.
Nous devons ensuite envoyer un signal fort à la jeunesse.
Le PLF pour 2021 prévoit la création de 20 cités de l’emploi au bénéfice des quartiers prioritaires de la politique de la ville. Nous tenons beaucoup, madame la ministre, à la création de 80 cités de l’emploi supplémentaires, pour un montant de 9 millions d’euros voté dans le cadre du plan de relance.
Nous tenons également beaucoup aux propositions de la rapporteure pour avis Viviane Artigalas en faveur d’un doublement des moyens du programme de réussite éducative et de la création de 40 cités éducatives supplémentaires.
Ces propositions pour la jeunesse de ces quartiers répondent à une attente forte des maires des quartiers populaires.
Enfin, nous devons faire de l’ANRU un acteur de la relance dans les quartiers de la politique de la ville. À cet égard, nous nous félicitons de l’adoption par le Sénat, la semaine dernière, de l’amendement de Viviane Artigalas, tendant à augmenter de 100 millions d’euros l’investissement de l’État dans le cadre du nouveau programme national de renouvellement urbain.
Madame la ministre, nous devons agir, et agir vite. Il y a urgence !