Intervention de Jean-Raymond Hugonet

Réunion du 1er décembre 2020 à 21h15
Loi de finances pour 2021 — Cohésion des territoires

Photo de Jean-Raymond HugonetJean-Raymond Hugonet :

Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, au titre de la mission « Cohésion des territoires » du projet de loi de finances pour 2021, je concentrerai mon intervention sur les crédits de la politique de la ville inscrits au programme 147.

Le 16 octobre 2017, dans mon département, l’Essonne, plus d’une centaine de maires lançaient l’appel de Grigny en faveur des quartiers populaires, après quarante ans de politiques de la ville aux résultats notoirement insuffisants – c’est un euphémisme.

Le 14 novembre 2017, Emmanuel Macron prononçait le discours de Tourcoing, dans lequel il annonçait un plan de mobilisation nationale pour les quartiers populaires, confié à l’ex-ministre de la ville Jean-Louis Borloo.

On connaît la suite : en avril 2018, le chef de l’État enterre purement et simplement le rapport dont il a lui-même passé commande à Jean-Louis Borloo. Il ose même cette formule honteuse : « Ce n’est pas à deux mâles blancs d’échanger un rapport. Ce n’est pas ça, la République. » Pour ma part, je dirais bien autre chose…

Tout récemment, le 14 novembre dernier, soit trois ans jour pour jour après l’appel de Tourcoing, plus d’une centaine d’élus – toutes tendances politiques confondues –, dont une douzaine d’Essonniens, publient une lettre ouverte au Président de la République pour l’égalité républicaine de nos quartiers prioritaires. C’est un véritable appel au secours pour non-assistance à territoire en danger.

Que s’est-il passé en trois ans ? Seules quelques mesures ont pu être engagées, portées principalement par les villes elles-mêmes. L’État, pour sa part, n’a mené que quatre initiatives.

De surcroît, la crise sanitaire provoquée par l’épidémie de covid-19 a, depuis lors, frappé de plein fouet les mêmes villes. Or aucune mesure ambitieuse n’a été prise pour répondre à la détresse sociale et économique des communes concernées et cette inertie se paye cash. Aujourd’hui, un autre virus se développe dans les quartiers et même au-delà, celui du décrochage à la politique, et ce ne sont pas des lois fumeuses sur le séparatisme qui y changeront quelque chose !

De nombreux voyants sont passés au rouge. Les demandes d’aide alimentaire explosent. Le chômage augmente dangereusement. Le nombre d’allocataires du revenu de solidarité active (RSA) progresse vertigineusement. Les inscriptions dans les associations culturelles et sportives diminuent massivement.

Au regard de cette situation alarmante, le projet de loi de finances pour 2021 affiche aujourd’hui une triste réalité : les villes et les quartiers prioritaires restent un angle mort du plan de relance. L’absence de choix est le signe patent d’un manque de vision. L’ANRU a redémarré, mais le Gouvernement, lui, est resté au bord de la route.

Force est de constater que l’ambition formulée par le Président de la République – changer le visage des quartiers d’ici à la fin du quinquennat – a fait long feu. La cohésion des territoires n’est pas une vaine politique : il s’agit de permettre à l’ensemble de nos concitoyens de vivre dans des conditions décentes.

Madame la ministre, il serait grand temps d’agir, car tout cela ne pourra plus durer bien longtemps !

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