Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, cette année, les Français ont été limités dans leurs déplacements pendant plusieurs semaines, un certain nombre de restrictions étant toujours en vigueur.
Ces différents confinements ont mis en lumière une réalité : l’attachement de nos concitoyens à la culture, à tous les types de culture. Ils ont mis à profit ces moments pour lire les derniers succès de librairie, relire les grands classiques, redécouvrir des films cultes, regarder les dernières séries, télécharger – légalement – les films récents et s’informer, beaucoup s’informer même, comme en témoignent les chiffres d’audience des rendez-vous quotidiens d’information.
Finalement, l’industrie culturelle et l’information sont restées présentes dans la vie des Français, mais plus dans les lieux habituels, et selon des modes de consommation différents.
Les librairies, les disquaires, les bibliothèques, les cinémas, les théâtres, ces lieux où nous avons l’habitude de nous retrouver pour partager des moments si particuliers ont disparu de notre quotidien.
Ces adresses, ces commerces, ces salles, nous avons l’obligation de les accompagner financièrement pour qu’ils soient encore en activité après la crise.
Pour certains métiers, la crise est bien antérieure à mars 2020, en raison de modèles économiques qu’il faut revoir.
La situation de la presse était déjà délicate. La consultation de journaux ou d’articles en ligne ou sur des applications s’est évidemment accélérée pendant le confinement, mais cela n’a pas permis de compenser la baisse des ventes papier. Alors qu’une majorité des moins de 35 ans s’informe désormais via les réseaux sociaux, la publicité suit logiquement ses potentiels clients et vient plutôt financer les Facebook et autres Google que la presse classique.
Au-delà du sujet économique, c’est un véritable enjeu de société. Les réseaux sociaux, à coup de fake news et de manipulations plus ou moins organisées, éloignent le citoyen de la réalité des faits. Il faut lutter contre ces dérives engendrées par les réseaux sociaux. Il faut soutenir et accompagner la presse pour qu’elle change ses modes de distribution et prenne le virage du numérique.
Même si tout n’est pas parfait, Les Français continuent de lire et d’acheter des livres. L’enjeu est de sauvegarder le réseau des détaillants, en d’autres termes les libraires. Leur fermeture fut à juste titre incomprise pendant le second confinement. Le click and collect a permis de légèrement limiter l’impact, mais ce sont les géants de la vente en ligne qui ont massivement pris le relai pendant cette période.
Certaines mesures sont proposées en faveur de ce secteur, c’est une bonne nouvelle, mais une grande vigilance s’impose. Nous devons collectivement bâtir les outils qui permettront de contenir la montée en puissance de certains GAFA, qui sont en train de remettre en cause des modèles qui fonctionnaient plutôt bien jusque-là.
Le secteur du cinéma a été violemment impacté par la crise sanitaire. Il y a les salles vides, mais aussi les tournages arrêtés, voire annulés. Ce PLF apporte un soutien financier important au cinéma, qui permet le rayonnement de notre pays dans une grande partie du monde. Ce doit être une priorité.
La réforme de l’audiovisuel public fait figure de grand absent de ce PLF. Au-delà des débats sur le nombre de chaînes ou de radios, une idée revient trop souvent, celle qui consiste à créer une énorme structure qui engloberait à peu près tout ce qui existe, au motif de faire des économies. Les élus des collectivités locales le savent : on pense qu’en se réunissant, on fera des économies, mais, à la fin, on ne rend pas un meilleur service et le fonctionnement coûte souvent plus cher.
Commençons donc par réfléchir aux programmes, puis aux synergies et mutualisations possibles avant d’envisager la création d’une grande structure.
Nos interventions prouvent que les pouvoirs publics ont un rôle essentiel à jouer dans les médias et l’industrie culturelle. Il nous appartient, avec les acteurs concernés, de regarder les choses en face, de faire preuve d’imagination et de bousculer les schémas établis.