Intervention de Jean-Michel Blanquer

Réunion du 10 décembre 2020 à 14h30
Protection patrimoniale et promotion des langues régionales — Article additionnel après l'article 1er

Jean-Michel Blanquer :

L’argument que vient de présenter Mme la rapporteure est très important, il relève le défaut principal de cet amendement, qui n’est toutefois pas le seul : son adoption contribuerait à rigidifier cette liste.

Cela nous renvoie à une considération plus générale. Nous devons faire attention à ne pas tout centraliser, ce qui constituerait en outre un sacré paradoxe dans le débat qui nous occupe. Comme vient de le dire Mme la rapporteure, cet amendement nous conduirait à devoir changer la loi chaque fois que nous voudrions ajouter une langue. Cela serait tout de même un problème.

Cette remarque vaut d’ailleurs pour d’autres débats. Tout ne passe pas toujours par l’éducation nationale ; la vitalité des langues s’exerce aussi au travers, par exemple, des activités périscolaires, ou du numérique, comme je l’ai indiqué, autant d’éléments qui ne relèvent heureusement pas de la loi.

Cette proposition d’amendement me semble donc un peu paradoxale – même si j’en comprends et j’en partage l’esprit, qui est de promouvoir cette belle langue –, car elle part d’une critique du jacobinisme et utilise pourtant ses outils pour promouvoir des langues régionales.

Puisque nous sommes tous adeptes de la pluralité et de la tonicité des langues régionales, faisons-les vivre, comme il nous a été dit qu’on le faisait en Alsace, par exemple, où la collectivité régionale prend des initiatives, plutôt que de toujours modifier le code de l’éducation et de demander que la rue de Grenelle décide de chaque détail de ce qui se passe pour chaque langue régionale.

Je voulais souligner ce paradoxe en introduction, parce que la vitalité ne passe pas forcément par des décisions centralisées, beaucoup d’autres choses sont possibles.

S’agissant du sujet en discussion, nous pouvons, bien sûr, répondre à l’esprit de votre amendement en étant actifs sur le francoprovençal. En examinant la question, on constate toutefois que nous manquons de professeurs pour l’enseigner, comme de tout ce qui permettrait de préparer une éventuelle nouvelle dynamique autour de cette langue.

Nous devons être pragmatiques. On peut faire avancer cette question dans le cadre du rectorat concerné, sans pour autant être contraint à officialiser par la loi ce mouvement, au risque, comme Mme la rapporteure l’a indiqué, d’emporter des effets contre-productifs.

L’avis est donc défavorable.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion