Intervention de Jean-Michel Blanquer

Réunion du 10 décembre 2020 à 14h30
Protection patrimoniale et promotion des langues régionales — Articles additionnels après l'article 2 bis

Jean-Michel Blanquer :

Je veux tout d’abord saluer l’éloquence du président Lafon. En quelques mots, il a parfaitement résumé la question de principe à laquelle nous sommes confrontés, car – il est très important de le souligner – c’est bien d’une question de principe qu’il s’agit, derrière ce débat.

Je souhaite en profiter pour aborder une seconde question de principe.

Je suis échaudé, je le répète, par les débats que nous avons déjà eus sur cette question ; ce thème se prête souvent à des échanges, dans lesquels chaque parlementaire veut se montrer plus généreux que le ministre. Ce n’est pas forcément le problème, me direz-vous, mais nous devons, en tout cas, tâcher de préserver un certain équilibre.

La notion d’équilibre a été abordée au travers de la question du privé et du public. C’est, à mes yeux, un point majeur et il est dans l’intérêt de tout le pays, de tous les acteurs, que nous sachions conserver cet équilibre.

Il faut également maintenir un équilibre dans notre manière de concevoir le sujet qui nous occupe aujourd’hui. Or ce qu’il y avait de désagréable dans la précédente discussion – j’y ai déjà fait allusion, mais je souhaite y revenir –, c’est que, alors que la loi du 26 juillet 2019 pour une école de la confiance a incontestablement représenté un progrès pour les langues régionales et tandis que notre discussion d’aujourd’hui pourrait encore aboutir à de nouvelles avancées pour ces langues – bref, quels que soient les progrès accomplis –, les commentaires qui sont faits ensuite sont toujours des commentaires d’insatisfaction et de stigmatisation du jacobinisme prétendu du ministre.

En vous écoutant, celui qui vous parle s’est rendu compte qu’il a des ascendances – Dieu sait que je n’aime pas faire référence à cela ni, d’ailleurs, utiliser cette expression – catalanes, alsaciennes ou encore bretonnes. Un de mes arrière-grands-pères a été obligé de changer plusieurs fois de langue, comme le vôtre, madame Drexler ; il a même été contraint de quitter l’Alsace pour continuer de parler le français. Quant à moi, je me suis inscrit à l’épreuve de breton lorsque j’ai passé le baccalauréat et le catalan m’est une langue extrêmement sympathique.

Il est donc pénible d’être sans cesse obligé d’occuper la position du jacobin rétif, sur la défensive, alors même que nous avons une politique de promotion des langues régionales. Simplement, à certains moments – par exemple avec la rupture de l’équilibre entre enseignement public et enseignement privé ou avec la création d’une obligation supplémentaire pour les communes –, les propositions vont trop loin et cela conduit à me placer, face aux générosités diverses, dans la position désagréable du gardien des principes ou dans celle du gardien de l’intérêt général. En effet, derrière ces débats se pose la question de l’intérêt général et de la postérité de la loi Carle, car vous risquez de créer un déséquilibre alors que cette loi représentait un point d’équilibre.

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