Intervention de Laurence Engel

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 13 janvier 2021 à 9h35
Audition de Mme Laurence Engel présidente de la bibliothèque nationale de france bnf

Laurence Engel, présidente de la Bibliothèque nationale de France :

Nous faisons un bilan du COP tous les ans. Celui-ci contient de nombreux indicateurs parce que nous avons beaucoup de missions, et nous les suivons tous. Le COP constitue pour nous autant un élément dans la discussion avec le ministère qu'un outil de gestion. Un bilan approfondi était prévu à la mi-2020, mais la crise sanitaire a bouleversé le calendrier.

Le premier axe du COP est lié à l'accueil du public et l'adaptation aux besoins des usagers. Face à la baisse de la fréquentation, mon prédécesseur avait engagé une réflexion pour faire évoluer notre politique des publics. Le bilan est positif : la courbe de la fréquentation s'est inversée ; le nombre de détenteurs d'une carte de lecteur a augmenté de 20 % par exemple. Un autre axe concerne l'objectif de ne plus traiter les collections numériques différemment des collections physiques. Le troisième axe concerne l'intensification de la coopération avec tous nos partenaires et de notre présence sur le territoire national dans le cadre de projets d'éducation artistiques et culturels. Le numérique est un outil précieux à cet égard. Le quatrième axe est relatif à la bonne gestion. La Cour des comptes nous a demandé dans un contrôle de préciser notre trajectoire de long terme et de moderniser nos outils de gestion des RH, mais a souligné notre bonne gestion passée. Ces axes seront aussi au coeur, certainement, du prochain COP.

Le centre de conservation de la presse devrait voir le jour en 2027. L'idée est de rassembler les collections de presse qui sont majoritairement conservées dans deux départements de la bibliothèque. Cela permettra de les conserver dans de meilleures conditions et de faciliter les études sur ce fonds. Comme nous avons déjà beaucoup attendu, certains documents datant de la IIIe ou de la IVe République sont en danger. Le ministère de la culture nous a octroyé une enveloppe de 30 millions d'euros pour ce projet, sur un budget estimé à 90 millions, mais nous n'avons pas de réponse pour le moment concernant nos propositions sur le traitement de ces collections. Nous avons peu d'espoir d'obtenir des fonds au titre du programme d'investissements d'avenir (PIA), faute de modèle économique associé, même si ce programme nous a pourtant permis de financer la plateforme Retronews. Nous sommes ainsi en discussion avec le ministère pour présenter et défendre nos projets.

Une évolution législative et réglementaire est nécessaire pour pouvoir récupérer les données numériques protégées. Toute cette part de la création artistique, notamment audiovisuelle, qui n'est plus diffusée en salle et n'est pas nécessairement diffusée à la télévision, n'est plus appréhendée ni par le dépôt légal géré par l'Institut national de l'audiovisuel (INA) ni par le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC). Il appartient à la BNF de récupérer ces oeuvres qui seront perdues du point de vue patrimonial si on ne se dote pas du cadre législatif adapté. En revanche les collectes et le dépôt légal du web fonctionnent très bien. Ce n'est pas aussi systématique que pour le livre ou la presse, mais nous procédons à des collectes chaque année pour avoir une vision de l'internet français, en lien avec les bibliothèques du dépôt légal en région. Nous organisons aussi des collectes spécifiques en cas d'événements d'importance : élections, attentat, manifestation des gilets jaunes, etc. Dans ce cas, les conservateurs programment des robots avec des mots-clefs pour enregistrer ce qui se passe en ligne. Cela est particulièrement vrai pour la crise de la covid où dès janvier, nous avons, en lien avec un certain nombre de partenaires à l'échelle internationale, organisé la collecte numérique autour de cette crise, en repérant non seulement les sites internet, mais aussi tout ce qui est diffusé sur les réseaux sociaux, afin d'avoir une vision assez complète de la manière dont la crise a été perçue par les institutions, les médias, la société.

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