Monsieur le sénateur, je connais bien votre département pour avoir été membre, il y a fort longtemps, d’une mission d’information sur les prédateurs, dont le champ concernait l’ensemble des massifs. Je me souviens de m’y être rendu à l’époque avec une députée des Hautes-Alpes, Mme Henriette Martinez. En présence du président du conseil général de l’époque, Augustin Bonrepaux, nous avions alors vu in situ ce qui se passait réellement là-bas.
En matière de prédation, deux ministères sont compétents : le ministère de l’agriculture, d’une part, le ministère de l’environnement, d’autre part. Personnellement, je suis plutôt de ceux qui ont toujours suivi la position du ministère de l’agriculture sur ces questions, même si je suis davantage confronté aux problèmes liés au loup qu’à ceux qui sont causés par les ours.
Le nombre des prédations est en augmentation ces dernières années, malgré une stabilisation en 2020. Dans le massif des Pyrénées, si l’on prend les derniers chiffres consolidés sur une année complète, à savoir l’année 2019, ce sont 362 dossiers représentant 1 173 animaux qui ont fait l’objet d’une indemnisation au titre d’une responsabilité non écartée de l’ours – puisque c’est la terminologie qui convient. Et c’est votre département, monsieur le sénateur, qui paie chaque année le plus lourd tribut, avec 80 % du total pour l’ensemble du massif.
Pour répondre à l’inquiétude très forte, j’irai même jusqu’à dire « la colère » des éleveurs de l’Ariège, les ministres de l’écologie et de l’agriculture ont lancé une mission d’audit conjointe entre le Conseil général de l’environnement et du développement durable et l’Inspection générale de l’agriculture pour évaluer la situation sur le terrain et formuler un certain nombre de recommandations, qui se sont traduites par une feuille de route adoptée en juin 2019 et actualisée en juin 2020. Celle-ci intègre désormais les orientations du Président de la République, qui visent une réduction de la prédation des ours sur les troupeaux, une rénovation de la gouvernance locale, avec un certain nombre de mesures que je ne rappellerai pas, parce que je pense que vous en êtes parfaitement informé.
Je ne méconnais donc pas le problème, mais je suis attaché à la mise en œuvre concrète de ce plan et de la feuille de route « pastoralisme et ours », en lien avec les ministres de la transition écologique et de l’agriculture. Nous souhaitons concilier la protection de cette espèce emblématique des Pyrénées et le développement de l’économie locale, notamment du pastoralisme, qui me semble plus qu’indispensable pour votre département.