Intervention de Cédric O

Réunion du 12 janvier 2021 à 14h30
Réduction de l'empreinte environnementale du numérique — Article 3

Cédric O :

L’avis est défavorable. Je me permets d’évoquer l’avis du Haut Conseil pour le climat, qui a été cité par un certain nombre de sénateurs.

Un élément manque, et d’ailleurs le Haut Conseil le confesse d’entrée de jeu dans son avis, et il représente la moitié du sujet : il s’agit des effets bénéfiques du déploiement de la 5G sur les usages numériques et sa capacité à réduire l’impact environnemental.

Je prendrai un exemple.

Je me suis rendu cette semaine avec le président Richard Ferrand en Bretagne, où nous avons visité une exploitation agricole qui avait poussé assez loin la numérisation de ses outils et de son fonctionnement. Grâce aux outils numériques, elle a par exemple diminué de 10 % l’utilisation de produits phytosanitaires et de 20 % l’utilisation de fertilisants en connectant ses tracteurs à une cartographie pour optimiser au centimètre près leur trajet. Cet exemple extrêmement intéressant montre à quoi sert le numérique : à faire des économies de pétrole, de produits phytosanitaires et de fertilisants.

De la même manière, j’ai visité une exploitation en Vendée, dans la région du président Retailleau : des sondes hydrométriques placées dans les champs de maïs et connectées au système d’arrosage ont permis d’économiser quinze jours d’arrosage par an.

Ces mesures n’ont pas été mises en œuvre via la 5G, certes, mais les nouveaux développements de ce type de technologie en temps réel avec échange d’images, par exemple de drones, de très haute définition vont nécessiter de nouveaux réseaux : la 4G ne supporterait pas de tels développements.

On ne peut pas continuer à œuvrer en faveur de l’économie d’intrants agricoles sans nouveaux réseaux. Si l’on ne prend pas en compte dans le calcul de l’impact environnemental de la 5G ses effets bénéfiques sur la logistique, les transports, l’agriculture et la santé, alors on passe à côté non pas de la moitié, mais probablement de l’essentiel du sujet.

Si la 5G permet de diminuer de 15 % – c’est au bas mot le pourcentage d’économies qu’elle permet de réaliser – la consommation énergétique du secteur de la logistique dans le monde entier, cela compense largement la consommation des antennes télécoms.

Premier élément, il faut aborder le sujet dans sa globalité : apports bénéfiques et externalités négatives. Si l’on ne prend pas en compte les externalités positives, alors on ne peut pas prendre de décision raisonnée.

Deuxième élément, le rapport du Haut Conseil pour le climat n’évoque pas le scénario contrefactuel : que fait-on si l’on ne déploie pas la 5G ? Dans ce cas, il faut accepter la saturation de l’ensemble des réseaux de toutes les grandes villes à l’horizon d’une année. Il faut accepter que le refus de la 5G entraîne mécaniquement – ce discours ne vient pas des opérateurs – une saturation des réseaux mobiles, particulièrement dans les grandes métropoles, y compris dans celles qui sont dirigées par des élus, notamment écologistes, réticents à la 5G. Il faut tenir ce discours à nos concitoyens et à vos administrés, …

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