Intervention de Aguila Saleh

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 12 janvier 2021 à 16h40
Audition de M. Aguila Saleh président du parlement de tobrouk

Aguila Saleh, président du Parlement de Tobrouk :

Monsieur le président de la commission des affaires étrangères, mesdames et messieurs les sénateurs, je vous remercie de votre invitation et de votre intérêt pour notre pays.

Tout observateur sait que le peuple libyen, comme tous les autres peuples du monde, loin des conflits politiques, se sacrifie depuis longtemps pour la paix et la stabilité. Pendant plus de cinquante ans, la Libye était la visée des colonialistes. Le peuple libyen est un peuple nord-africain et méditerranéen qui se tient loin des conflits ethniques ou politiques. Si nous parvenons à rétablir la stabilité et la sécurité, dans le respect mutuel et l'intérêt des peuples, notre pays sera riche et plein de promesses pour la Méditerranée, l'Afrique et le monde entier. La Libye n'est pas une exception dans un monde où nous voyons les efforts internationaux pour rétablir la paix. Elle a traversé des épisodes très difficiles. Le peuple libyen est descendu dans la rue en février 2011 pour réécrire la Constitution, créer un Etat de droit libre et démocratique où les Libyens pourront jouir de leurs droits garantis par la Constitution, les institutions de l'Etat et les droits de l'Homme.

Après plusieurs années de souffrance, le peuple libyen doit désormais faire face à des courants qui essayent de prendre le pouvoir par des moyens illégaux. Il s'agit de groupes se revendiquant de l'Islam politique. Ces derniers ne croient pas du tout à la démocratie et à l'alternance pacifique. Au contraire, ils profitent de la démocratie pour se hisser au pouvoir, y demeurer et instaurer un système judiciaire reposant sur des critères religieux. Ces groupes pratiquent la manipulation pour s'assurer le soutien de l'Occident. Ils prétendent défendre la démocratie, mais ne sont en aucune façon des démocrates.

Notre Constitution est considérée comme une référence dans de nombreux pays. Nous avons pu construire une nouvelle Libye avec la participation de tous les Libyens.

Le conflit sanglant exige une prise de position pour y mettre fin et aboutir à une paix durable qui permettra aux Libyens de jouir de leurs droits civiques et politiques.

Les résultats de la conférence de Berlin et de la déclaration du Caire s'inscrivent dans cette vision qui satisferait toutes les parties. Nous avons travaillé avec la communauté internationale à travers la mission des Nations unies et les Etats membres permanents du Conseil, dont la France. A ce titre, j'adresse ici mes remerciements au Président Macron pour son soutien au peuple libyen et ses efforts pour mettre fin à la lutte et aboutir à une solution politique pour former un gouvernement d'unité nationale et organiser des élections parlementaires et présidentielles.

Nous avons fait quelques pas en ce sens. Le cessez-le-feu doit faire l'objet d'une supervision internationale. Des échanges de détenus ont eu lieu et des vols ont été rouverts entre l'est et l'ouest du pays. Il faudrait également mentionner les réformes économiques visant à alléger la souffrance du peuple. Nous avons constitué une communauté de juristes pour élaborer les règles des élections parlementaires et présidentielles après la formation d'un gouvernement d'unité nationale en adoptant une nouvelle Constitution. La France joue un rôle très actif pour réaliser les ambitions des Libyens et leur garantir une vie digne. La stabilité de la Libye garantit celle de l'Afrique du Nord et de la Méditerranée. Les Libyens aspirent à construire un état moderne, capable d'oeuvrer dans la communauté internationale pour la protection des droits de l'Homme, l'expansion de la démocratie et le renforcement du dialogue entre les religions dans le respect de la diversité des cultures.

En conclusion, j'invite le Sénat français à soutenir le Président Macron dans son soutien à une solution politique et de dialogue et son refus d'une intervention étrangère. Nous espérons bénéficier de l'expertise de la France afin d'améliorer la performance de notre Parlement. Nous espérons le retour de l'enseignement de la langue française dans les institutions éducatives libyennes. Nous saisissons cette occasion pour inviter les entreprises françaises et les hommes d'affaires à entrer en contact avec leurs homologues libyens afin de créer des partenariats pour la reconstruction de la Libye. Nous espérons enfin que le ministère de la santé français nous aidera à faire face au virus de la Covid.

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