Intervention de Christian Cambon

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 12 janvier 2021 à 16h40
Audition de M. Aguila Saleh président du parlement de tobrouk

Photo de Christian CambonChristian Cambon, président :

Merci à vous d'avoir accepté le principe de cette visite. Au terme de cette réunion, nous comprenons mieux pourquoi le président Larcher a souhaité que la première visite de 2021 au Sénat soit la vôtre. Dans un dossier d'une rare complexité où des forces multiples se sont affrontées, la commission avait besoin de comprendre quelle était la situation au lendemain du cessez-le-feu et quels étaient ceux qui portaient des engagements et des valeurs qui nous sont communes.

Nous observons, au terme de vos réponses, une grande identité de vue sur de très nombreux sujets. Monsieur le président, vous symbolisez la volonté de la réconciliation et du dialogue national. Vous êtes une des voix qui en Libye acceptez de parler à tout le monde, ce qui n'est pas le cas de toutes les forces en présence. Rien que cela constitue le début d'une grande espérance. En effet, seules des solutions politiques peuvent régler ce genre de confrontations. En acceptant de dialoguer avec tous, vous avez grandement contribué à l'élaboration de ce cessez-le-feu et à cette nouvelle phase de la vie de la Libye que nous souhaitons soutenir.

Vous avez voulu partager avec nous votre souci de maîtriser ces flux d'immigration qui ont déjà affaibli et posé beaucoup de problèmes à la Libye elle-même.

Ce qui m'apparaît également très important, ce sont vos déclarations sur l'importance de restaurer et de protéger la souveraineté de la Libye. Il s'agit d'un grand pays, dont l'histoire lointaine a illuminé le bassin méditerranéen. Ici, il y a des femmes et des hommes qui n'attendent qu'une seule chose : que l'on puisse venir en Libye et découvrir à la fois la Libye de l'avenir et son passé glorieux. Vous portez l'engagement de sauvegarder la souveraineté nationale, ce qui me semble essentiel. Vous partagez avec nous la volonté de lutter contre toutes les formes d'idéologie qui conduisent au terrorisme. Le président El Agouri a eu cette formule qui m'a beaucoup frappé ce matin : la sécurité de la Libye est la sécurité de l'Europe. Bien évidemment, autour de ce bassin méditerranéen, agité par de multiples crises, il est évident que, si un pays favorise d'une manière ou d'une autre l'expansion du terrorisme, c'est bien au-delà que nous nous sentirons menacés.

Nous nous retrouvons également sur des valeurs de développement économique. Une fois le concept de souveraineté et d'identité nationale préservé, il faut penser à l'avenir en préconisant le développement économique. La Libye est un pays très riche et vous avez raison de vous mobiliser pour que ces richesses ne soient pas confisquées. J'ai été stupéfait d'entendre que le gouvernement de Tripoli, qui profite des revenus du pétrole, reverse une forte contribution à la Turquie, qui en profite pour armer des miliciens et occuper votre territoire. Il s'agit là d'une politique de l'absurde. Nous devons militer et vous aider pour une juste répartition des ressources pétrolières qui bénéficie à la Libye et à sa population. Sur ce point, nous sommes en parfait accord avec vous.

De la même manière, nous souhaitons que la main que vous tendez à nos entreprises permette de contribuer au développement et à la richesse de votre pays. Nous avons d'autres instruments pour vous aider. Nous avons parlé d'aide à la gouvernance, à la lutte contre la corruption. Des organismes tels que l'Agence française de Développement, Expertise France et d'autres encore peuvent évidemment vous venir en aide.

Enfin, vous avez parlé - et ce n'est pas le moindre sujet - du développement de l'enseignement du français. La commission des affaires étrangères est tout à fait sensible à cette préoccupation et, à travers l'AEFE, nous allons militer pour faire éclore cette volonté. Il faut que des écoles, des lycées, voire des universités francophones, puissent s'ouvrir et vous soutenir. Nous ne faillirons pas davantage sur ce plan.

Monsieur le président, notre ambition est de vous soutenir et de vous épauler. D'autres points auraient mérité d'être évoqués sur le plan de la défense et de la sécurité des frontières. Vous connaissez déjà notre engagement au Sahel avec plus de 5 100 hommes déployés au Mali et dans l'ensemble de cette région. Peut-être pouvons-nous vous aider à mettre en place des systèmes de surveillance par voie satellitaire ou grâce à des drones.

Ce sont des sujets que nous prenons à coeur et nous allons nous efforcer de mettre en oeuvre un partenariat exemplaire entre le Parlement de Tobrouk et le Sénat de la République française avec l'ambition de démontrer l'utilité de la coopération interparlementaire. A côté de nos dirigeants de l'exécutif, il faut qu'il y ait des parlements qui se sentent concernés par ces problèmes et qui puissent s'entraider. Nous représentons les territoires de nos pays respectifs et c'est à nous d'organiser ces coopérations et ces rencontres régulières.

Nous vous remercions encore une fois d'avoir accepté cette audition avec les membres de la commission qui, dans leur diversité, vous ont fait part du grand intérêt qu'ils portent à l'histoire de la Libye, mais surtout à son avenir.

Monsieur le président, Monsieur le président de la commission et chers collègues, merci de votre présence.

La réunion est close à 18 heures.

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