Sur l'Arctique, je conseille toujours la lecture du livre de John English, qui n'est malheureusement pas traduit en français, intitulé Ice and Water. Il est assez refroidissant concernant les grandes perspectives offertes à l'Arctique. Depuis quatre siècles, l'Occident rêve de l'Arctique et des richesses qui y sont enfouies, puis abandonne ses projets.
Je ne crois pas que la fonte des glaces, notamment dans l'Arctique central, permette une navigation sereine. Il y a même plus de risques à naviguer dans un océan rempli d'icebergs et de glaces transparentes. Quand les Chinois ont voulu faire la traversée centrale avec Le Dragon des Neiges, un brise-glace nucléaire qu'ils avaient acheté aux Russes, ils se sont retrouvés bloqués au milieu des glaces.
Il faut bien le dire, l'intérêt de la Chine en Arctique n'est pas seulement économique, mais aussi et surtout géostratégique. Dans la mesure où 80 % à 90 % du commerce entre l'Asie et le reste du monde passent par des voies maritimes, et notamment le détroit de Malacca, les Chinois veulent contrôler une « issue de secours ».
Pour ma part, je m'intéresse au rôle de l'Europe en la matière. À cet égard, je félicite M. l'ambassadeur de sa nomination. Il est important d'avoir à ce poste quelqu'un qui connaisse aussi bien les enjeux diplomatiques maritimes et géostratégiques. En effet, l'Europe s'intéresse beaucoup à la question, et prépare sa prochaine feuille de route.
J'ai participé, en tant que parlementaire, aux consultations européennes et j'ai été surpris d'observer la quasi-absence des acteurs français dans ces instances. Nous sommes incapables de contribuer, en amont, à l'élaboration des feuilles de route, ce que je regrette profondément. L'influence allemande dans l'Union européenne n'est pas liée simplement à sa puissance économique ; sa mobilisation pour la préparation des directives ou des règlements en est également la cause.
Pour autant, le nouveau cadre financier pluriannuel 2021-2027 de l'Union européenne, en dépit des demandes que nous avons réitérées depuis plusieurs années, n'offre pas une vision globale de ce que le budget européen investira en Arctique, sauf pour le domaine de la recherche. Si des promesses fortes ont toujours été faites par la commission européenne, elles n'ont malheureusement pas été exécutées jusqu'à présent.
Ma question concerne la politique spatiale de l'Union européenne. On parle aujourd'hui du lancement, en 2025, avec un gros support de l'industrie française, notamment de Thales, de moyens d'observation avec Sentinel 7, qui permettrait de disposer d'éléments beaucoup plus précis concernant les zones d'émissions de GES. Où en est-on dans ce domaine ?