Madame la présidente, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, je tiens à saluer l’initiative de Rémi Cardon : cette proposition de loi intervient au moment où elle est la plus nécessaire.
Elle est nécessaire, car, pour les jeunes actifs recherchant un emploi, la crise qui s’annonce, avec la contraction de l’emploi, notamment de l’intérim et des petits boulots, accroîtra fortement les situations de pauvreté et creusera inévitablement les inégalités.
Elle est nécessaire, car les jeunes âgés de 18 à 29 ans présentent un taux de pauvreté monétaire quatre fois supérieur à celui des personnes âgées de plus de 60 ans : 13 % pour les premiers, contre 3 % pour les seconds en 2017, selon l’Insee.
Elle est nécessaire, car les 18-29 ans représentent la tranche d’âge dont le taux de pauvreté a le plus progressé ces dernières années, avec une hausse de près de 50 % depuis 2002.
Face à ce constat, comment ne pas voir le drame qui se profile ? Veut-on une jeunesse désorientée et sacrifiée pour notre pays ? Selon une étude menée par la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE) et l’Ipsos, 64 % des jeunes âgés de 18 à 24 ans présentent une détresse psychologique et 23 % ont des pensées suicidaires. En ce sens, les récentes tentatives de suicide de plusieurs étudiants ne peuvent malheureusement que nous alerter : ce sont les prémices d’une crise profonde frappant notre jeunesse.
Personne ne pense que notre proposition est la solution, mais, face à l’urgence, c’est une solution. Vous le savez, mes chers collègues, la relance n’interviendra pas avant 2022. Penser que ces jeunes trouveront leur salut par le travail est donc illusoire au regard des prévisions des organes économiques français.
Parlant des jeunes, Pierre Mendès-France déclarait : « Leur soutien est ce que j’ai de plus précieux. » C’est aujourd’hui à nous de soutenir cette jeunesse, car elle est notre bien le plus précieux, l’avenir de ce pays.
Voter cette proposition de loi, c’est donner les moyens à notre jeunesse de ne pas sombrer dans la grande pauvreté. C’est aussi lui donner les moyens de pouvoir se former ou envisager l’avenir sans se soucier de ses moyens de subsistance les plus primaires. C’est enfin lui permettre d’envisager un futur moins nuageux que celui que l’on veut bien dépeindre. C’est tout simplement lui permettre de croire en des lendemains plus sereins. Cela n’a pas de prix, mes chers collègues !