Monsieur le sénateur Didier Rambaud, je voudrais d’abord saluer votre action en faveur tant de la filière noix de Grenoble que d’autres productions locales. Je connais votre engagement sur ces dossiers. Nous échangeons régulièrement sur le sujet.
Vous m’interrogez sur les moyens de renforcer la production et la consommation de noix dans notre beau pays face à la pression que représentent les importations. Vous proposez à ce titre la mise en place de barrières tarifaires douanières contre l’importation de fruits à coques, notamment de noix, des États-Unis, en guise de mesure de rétorsion dans le cadre du contentieux qui oppose l’Union européenne à ce pays sur le dossier Airbus-Boeing. Je comprends cette idée. Tout sujet doit être regardé. Je m’y engage.
Cela étant dit, l’objectif du Gouvernement est, sans faire preuve de naïveté – la France avait, je le rappelle, poussé à l’échelon européen en faveur de mesures de rétorsion –, d’aboutir à une désescalade et d’« atterrir » sur un compromis dans le dossier Airbus-Boeing. En effet, le contentieux fait des victimes collatérales. Ainsi, la filière vitivinicole française – je connais la sensibilité de Mme la présidente sur le sujet – est durement touchée par les conséquences des mesures prises par les États-Unis. À nos yeux, les sanctions ne doivent pas devenir pérennes. Je ne pense pas qu’elles soient le bon vecteur pour aider durablement la production de fruits à coques en France.
En revanche, une autre question se pose ; vous y avez fait référence. Ce sera un combat de longue haleine, mais j’entends bien l’inscrire à l’agenda lorsque j’exercerai la présidence du conseil des ministres de l’agriculture de l’Union européenne.
Le dispositif issu du fameux article 44 de la loi du 30 octobre 2018 pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous, dite loi Égalim, a été modifié par la loi du 14 décembre 2020 relative aux conditions de mise sur le marché de certains produits phytopharmaceutiques en cas de danger sanitaire pour les betteraves sucrières.
Ne devrait-on pas avoir une réflexion sur l’importation d’un certain nombre de produits dont les modes de culture ne respectent pas les principes de base, notamment environnementaux, qui régissent le marché commun ? Je suis prêt à travailler avec vous sur ce dossier. Cela peut concerner la noix, mais également la noisette. Des décisions en ce sens ont pu être prises à l’égard, par exemple, de cerises en provenance de Turquie.
Regardons cela tous ensemble. Le combat doit être mené à l’échelon européen. Cela prendra du temps. Mais je pense que la question doit être posée ; c’est une vraie question politique.