Intervention de Maya Atig

Délégation aux entreprises — Réunion du 21 janvier 2021 à 9h00
Table ronde sur les « difficultés des tpe et pme dans la crise : comment franchir le cap du 1er semestre 2021 ? »

Maya Atig, directrice générale de la Fédération bancaire française :

et de l'Association nationale des banques. - Je suis très honorée que la profession bancaire soit associée à cette audition, qui permet de faire le point sur les entreprises en difficulté.

La crise que nous connaissons est fondamentalement de nature sanitaire. Avant celle-ci, nous avions déjà des entreprises en difficulté, mais nous avions également des fondamentaux économiques très solides. C'est grâce à la force de très nombreux acteurs économiques, dont les banques et les entreprises, que l'on dispose de davantage de moyens pour se concentrer sur ceux qui en ont le plus besoin. Aujourd'hui, 90 % de l'économie est revenu à la normale, grâce aux adaptations - il est important de bien resituer le sujet pour éviter des généralisations et des chiffres qui font très peur.

L'engagement des banques, marqué par la proximité, la réactivité et la personnalisation, a été notable. Cela s'est notamment illustré par la distribution rapide des PGE : ils représentent aujourd'hui environ 130 milliards d'euros, sur une masse de crédit de l'ordre de 1 300 milliards d'euros. Je rappelle que toutes les entreprises n'ont pas demandé de PGE - le taux de recours est de moins de 20 % -, et celles qui en ont eu besoin l'ont obtenu quasi systématiquement, soit 2,7 % de refus seulement.

Au-delà des PGE, beaucoup d'autres mesures ont été prises au quotidien, en proximité et de façon personnalisée, car c'est souvent par la personnalisation que l'on parvient à trouver des solutions adaptées aux entreprises.

Les indicateurs ont montré que la trésorerie des entreprises a évolué parallèlement aux crédits. Selon les chiffres de la Banque de France présentés avant le premier confinement, les crédits ont ainsi augmenté de 175 milliards d'euros, tandis que la trésorerie des entreprises a augmenté de 174 milliards d'euros. Autrement dit, la dette nette des entreprises a augmenté jusqu'à la fin du mois d'octobre d'un milliard d'euros environ. La trésorerie étant restée solide, on ne peut pas dire que la situation se soit dégradée de façon massive.

En outre, 50 à 70 % des entreprises ayant souscrit un PGE ne l'ont pas, ou très peu utilisé, et si certaines le conservent, c'est seulement par prudence.

Les moratoires, qui représentaient environ 20 milliards d'euros d'allègement de créance entre les mois de mars et de septembre, ont été accordés très largement, permettant aux entreprises de reprendre massivement leurs paiements, le taux non-paiement étant évalué entre seulement 1 et 5 % des crédits ayant bénéficié de moratoires.

L'enjeu aujourd'hui consiste à rembourser non seulement l'ensemble des PGE, mais aussi l'ensemble des crédits. Il n'y a pas d'inquiétude particulière sur les défauts d'ensemble, qui ont vocation à être absorbés, eu égard aux provisions qui ont été constituées et à l'état global de solidité financière. En revanche, comment bien accompagner les entreprises pour leur permettre de faire les meilleurs choix et d'utiliser de façon personnalisée les outils qu'elles ont à disposition ?

La profession bancaire a annoncé, la semaine dernière, que le dispositif personnalisé permettant de commencer à rembourser au bout de deux ans, et de ne pas ainsi étaler les paiements jusqu'à cinq ans, serait accordé automatiquement, c'est-à-dire dès lors que le chef d'entreprise en fait la demande. Les moratoires font encore partie de la palette de solutions à disposition des entreprises, et sont aujourd'hui plus adaptés.

La volonté collective est un atout essentiel de notre économie : personne dans le système n'est en retrait, et tout le monde contribue à identifier l'accompagnement des entreprises ; le véritable danger aujourd'hui consistant à « faire l'autruche » sur le sort des entreprises en difficulté... Le professionnalisme bancaire peut être aussi relevé : la France compte 360 000 banquiers, dont plusieurs dizaines de milliers, dans tous les réseaux, travaillent en proximité avec les petites entreprises. L'efficacité des outils financiers et juridiques, et leur capacité à être mobilisés sont également déterminantes.

Il conviendrait enfin de permettre des simplifications dès lors que les procédures s'avèrent trop complexes pour les petites entreprises qui ne peuvent pas y accéder, alors même qu'elles en ont besoin.

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