Intervention de Pierre Goguet

Délégation aux entreprises — Réunion du 21 janvier 2021 à 9h00
Table ronde sur les « difficultés des tpe et pme dans la crise : comment franchir le cap du 1er semestre 2021 ? »

Pierre Goguet, président de Chambres de commerce et d'industrie France :

Les réseaux consulaires jouent un rôle important d'information et d'accompagnement, qui a été poussé à l'extrême durant cette période de crise. Si l'on s'en tient au seul premier confinement, notre réseau a ainsi contacté près d'un million d'entreprises, pour les informer de toutes les mesures d'accompagnement disponibles parmi le corpus très puissant d'aides mises en oeuvre par l'État.

Un travail d'information de même niveau est en cours sur le plan de relance, relatif tant à son volet européen que national. À la demande de la ministre de l'industrie, nous avons appelé 33 000 très petites entreprises (TPE) et petites et moyennes entreprises (PME) ; 6 000 d'entre elles ont demandé un accompagnement par la suite. Nous sommes également en train d'appeler 45 000 commerçants pour les questions liées à leur transformation numérique et écologique.

Nous avons développé des outils d'information importants, et avons biensûr suivi l'évolution du nombre de déclarations de cessation de paiement et de l'appui de l'État, qui n'a pas été démenti jusqu'à présent.

La prévention et l'anticipation devant des dettes accumulées est nécessaire. Nous avons signé le 12 octobre dernier un protocole avec Bercy, afin de sensibiliser, dans un délai court, 52 000 entreprises à toutes les possibilités qui leurs sont offertes, et d'accompagner 10 000 d'entre elles.

Au-delà des outils d'information, nous avons développé la possibilité déjà existante d'effectuer un autodiagnostic en ligne. Toute une série de solutions a été diffusée à nos ressortissants, et un guide pratique relatif à la prévention des difficultés des entreprises a été distribué afin d'indiquer certaines procédures, comme la saisine de la Commission des chefs de services financiers (CCSF) pour décider d'un étalement. Bien entendu, des conseillers dédiés ont été mobilisés dans le cadre de la mise en oeuvre de ce dispositif.

Le Gouvernement nous a demandé de mettre particulièrement l'accent sur les secteurs S 1 et S 1 bis, c'est-à-dire sur les entreprises administrativement fermées.

Assez peu de plans sont présentés par les entreprises, alors même que les dettes s'accumulent, mais jamais le niveau de visibilité n'a été aussi bas. Ainsi, aucun prévisionnel fiable ne saurait être réalisé. Demander à des entreprises de s'engager sur des plans de remboursement bien établis, avec un maximum de sécurité sur les prévisions, est trop ambitieux et sans doute imprudent.

Les mesures sanitaires n'ayant de cesse d'évoluer, beaucoup de chefs d'entreprise refusent de s'engager sur un avenir qu'ils ne maîtrisent pas. Le rabaissement du couvre-feu à 18 heures, qui a fait chuter de 50 % le click and collect, les a confortés dans cette position.

Nous travaillons de près avec la Direction générale des entreprises (DGE) sur les signaux faibles - assignations de l'union de recouvrement des cotisations de sécurité sociale et d'allocations familiales (Urssaf) et des organismes sociaux -, mais ils ne fonctionnent pas actuellement. Nous ne disposons donc même pas du niveau de détérioration des entreprises, lequel continue de s'alourdir pour certaines d'entre elles, qui utilisent leur PGE pour financer de la perte ! Nous faisons ainsi le constat d'une aggravation de passifs, dont les juridictions devront prendre acte.

Je rejoins l'idée qu'il faille travailler ensemble, partager les indicateurs et être en suivi rapproché des entreprises. Le curseur mis par l'État est de l'ordre de 20 milliards d'euros sur les fonds propres, mais cela ne pourra avoir du sens que s'il y a un retour à une certaine rentabilité.

On veut réactiver les fonds d'investissement de proximité, mais le citoyen voudra une garantie de l'État, qui pour l'instant n'existe pas, et un peu de rentabilité, qui est encore aléatoire.

Le rôle des chambres de commerce et d'industrie (CCI) est de solidifier et de structurer un dossier, et d'encourager les entreprises à faire la démarche qui nous a été proposée tout à l'heure.

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