Les entreprises de proximité, selon les secteurs, ont été directement impactées par les fermetures administratives. Nous avons constaté des problèmes de corrélation entre l'activité réelle de certaines entreprises et la nomenclature employée par les préfectures pour les entreprises devant être ou non fermées. Par exemple, les cordonniers ont été placés dans la catégorie des activités de « réparation d'ordinateurs et de biens personnels et domestiques », alors qu'ils n'étaient pas censés fermer au départ...
Des dommages collatéraux viennent s'ajouter à ces fermetures administratives : les pratiques de télétravail, notamment, ont entraîné des changements d'habitude de consommation et de localisation des achats, en raison du non-déplacement des personnels, aboutissant à d'importantes baisses d'activité et de chiffre d'affaires pour certaines entreprises. Une enquête que nous avons réalisée sur le quatrième trimestre de l'année 2020 a montré qu'un peu plus de 70 % des entreprises interrogées - artisans, commerçants alimentaires de proximité, hôtels, cafés, restaurants (HCR) et professions libérales - ont estimé subir une baisse d'activité et de chiffre d'affaires, de l'ordre de 25 % pour 31 % de ces entreprises.
Il existe une évolution différenciée de l'impact de la crise selon les filières, mais nous pouvons aisément observer que la restauration est totalement sinistrée et que l'artisanat des services - les coiffeurs notamment - a souffert d'importantes cessations d'activités pendant le confinement. Les professions libérales, qui ont vu baisser leurs activités à hauteur de 34 %, ont aussi été vivement touchées. À l'inverse, l'alimentation a été stable et a même progressé en 2020...
Nous pouvons constater que le maintien de l'activité va croissant avec l'augmentation de la taille des entreprises : plus l'entreprise a une taille importante, plus elle parvient à se maintenir en activité.
En matière d'aides, 41 % des artisans et commerçants alimentaires et des professions libérales interrogés ont eu recours au fonds de solidarité, dont je salue la création salutaire. Pour un tiers, les entreprises de ce secteur ont obtenu des reports de charges sociales et fiscales, et 17 % ont bénéficié du PGE. Les HCR (hôtels, cafés, restaurants) ont aussi bénéficié des différents dispositifs, à hauteur de 90 % pour le fonds de solidarité, et de 63 % pour le PGE. De même 55 % des entreprises d'artisanat et de commerce ont dépensé tout ou partie du PGE. Malgré tout, la moitié des chefs d'entreprise estiment que leur situation est saine ; un quart pensent que leur situation va se redresser en 2021 ; 3 % seulement déclarent qu'ils devront fermer dans les prochains mois. Cela concerne 90 000 entreprises et plus de 260 000 salariés. Les entreprises de proximité demandent le maintien du fonds de solidarité en 2021 et l'annulation des charges sociales dues au titre de 2020 pour les entreprises victimes de fermeture administrative.
Enfin, nous devons surtout être vigilants sur la poursuite de l'accompagnement bancaire. Nous sommes inquiets. Comme les résultats de 2020 seront mauvais, les banques risquent d'hésiter à les aider.