président des Chambres de métiers et de l'artisanat (CMA France). - Les chambres consulaires représentent le premier interlocuteur des entreprises. Nous les informons en particulier sur les aides publiques auxquelles elles sont éligibles. Nous cherchons aussi à remédier à leur détresse psychologique, en aidant les artisans à retrouver confiance pour mieux rebondir. Beaucoup d'entreprises ont fait l'objet d'une fermeture administrative en raison de leur activité à cause de la crise. D'autres ont aussi été très touchées : dans le transport, le bâtiment, la fabrication de meubles, les services automobiles, etc. Le secteur alimentaire et les activités de proximité ont plutôt bien résisté.
Les défaillances d'entreprises ont baissé de 29 % en 2020 par rapport à 2019, mais ce chiffre n'est qu'un trompe-l'oeil : il faut craindre une accélération des défaillances lorsque les aides publiques s'arrêteront. Nous sommes aussi très inquiets en raison du surcroît de dettes accumulées. Le PGE a été largement souscrit. Deux tiers des entreprises artisanales ont sollicité des aides de trésorerie et ont eu recours aux différentes possibilités de décalage de dettes fiscales ou sociales, allongeant parfois les délais de paiement de leurs fournisseurs. Ces échéances sont repoussées, mais elles réapparaîtront à la fin de la crise sanitaire. Il est donc essentiel que les différents dispositifs d'aide publique ne s'arrêtent pas brutalement, sinon les défaillances augmenteront.
L'importance de la communication et de la diffusion de l'information auprès des entreprises a été soulignée. C'est le rôle des chambres consulaires. Nous travaillons avec toutes les parties pour anticiper les faillites, établir des moratoires pour permettre la poursuite de l'activité tout en remboursant les dettes. Les entreprises qui étaient rentables avant la crise ont une capacité de rebond après la crise, mais encore faut-il leur donner la possibilité d'étaler leurs créances ou d'épurer leurs dettes. Nous incitons aussi les entreprises qui auraient des difficultés à se manifester avant qu'il ne soit trop tard. Les tribunaux de commerce peuvent activer des mécanismes de prévention susceptibles de répondre aux situations d'urgence.
La question est aussi de savoir comment les entreprises artisanales pourront bénéficier du plan de relance : ce sera sans doute le cas de celles du numérique ou du digital, mais les autres auront du mal à répondre aux appels d'offres, faute aussi d'ingénierie en interne. Il serait donc judicieux qu'un volet concerne spécifiquement l'artisanat.