Le taux de refus des PGE a très peu évolué tout au long de la période : il est passé de 2,3 % à 2,7 %, on reste donc dans des niveaux à peu près contenus. Statistiquement, quand on passe de 50 000 entités à 600 000, comme c'est le cas actuellement, c'est une hausse très contenue, avec des taux de refus très semblables à ceux de l'été dernier. Depuis les mois d'avril ou mai derniers, on a supprimé certaines obligations, comme celle d'avoir un tableau de trésorerie. Cela constituait un véritable irritant. Le dispositif a donc été très vite adapté puisque la visibilité était totalement brouillée.
Aujourd'hui, une entreprise déjà très endettée qui demande un surplus de PGE bien supérieur à sa capacité, même pré-crise, peut se voir opposer un refus, car il existe un risque d'endettement excessif. Quelques cas similaires nous remontent, mais ils restent marginaux, entre dix et vingt. À chaque fois, il s'agissait de situations à la limite entre l'endettement et le surendettement.
Dans la phase actuelle, bien que la visibilité soit un peu brouillée pour beaucoup de secteurs, elle est quand même meilleure pour un certain nombre d'entités qu'elle ne l'était en mars. Par exemple, entre deux entreprises qui ont la même activité, avec l'une qui s'en sort bien et l'autre moins, on peut faire des comparaisons. Davantage de différentiation s'opère entre entreprises car il n'y a plus de mesures générales, absolues, définitives. Il est donc important de se pencher sur la situation de chacun, dans une approche personnalisée.
Je rejoins mes collègues présents sur l'utilisation d'une communication rassurante, non pas sur l'issue de la discussion mais sur l'importance pour les entreprises de « pousser la porte » : il faut aller voir son agence bancaire, aller voir la chambre consulaire pour faire le point, aller voir sa fédération professionnelle, quitte à entendre de mauvaises nouvelles. C'est évidemment très difficile à faire pour un chef d'entreprise en difficulté, mais il faut qu'il sache qu'il y a des personnes qui l'attendent de l'autre côté, que les solutions ne seront pas miraculeuses, mais que s'il ne pousse pas la porte, il ne trouvera pas cette solution, ou alors ses conséquences seront plus graves. C'est vraiment un message qu'il faut porter très fortement.