Intervention de Laurence Cohen

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 14 janvier 2021 : 1ère réunion
Échange de vues sur la proposition de loi visant à renforcer le droit à l'avortement

Photo de Laurence CohenLaurence Cohen :

Je suis d'accord, cet organisme pourrait aider.

J'attire votre attention sur la nécessité pour nous d'être au plus près de l'intérêt des femmes : c'est bien cet aspect qui doit nous guider en priorité. Nous ne devons pas, à mon sens, être plus exigeants en matière de santé des femmes que nous le sommes en règle générale. Lorsqu'elle s'est exprimée devant la commission des affaires sociales à propos de la double clause de conscience, Laurence Rossignol a pris l'exemple de la mastectomie double. Certaines femmes présentant de fortes probabilités génétiques de développer un cancer du sein souhaitent réaliser cette opération de manière préventive. Le cas le plus emblématique, s'il n'a pas été signalé hier, est celui de l'actrice Angelina Jolie. Le fait qu'une personne si connue ait subi cette opération a libéré un certain nombre de femmes. Certains médecins et chirurgiens refusent toutefois de pratiquer cette opération. Ils n'ont pas besoin de double clause de conscience pour s'y opposer : ils utilisent la clause de conscience générale. Pourquoi serions-nous plus exigeants dès qu'il s'agit d'une IVG ?

Lorsque nous cherchons à savoir pourquoi des femmes se font avorter, nous devons avoir conscience du fait que les causes des IVG sont multiples. Tous les milieux sociaux sont concernés. Je vous invite à ce titre à lire le rapport de la commission des affaires sociales, réalisé par Laurence Rossignol. Il apporte de nombreux chiffres et de nombreux motifs de recourir à l'IVG. J'avais personnellement oublié que trois IVG sur quatre étaient réalisées sous contraception. Une femme prenant une contraception a choisi de ne pas être enceinte. Réfléchissons de cette manière. Je ne suis pas certaine que nous prendrions une meilleure décision si nous connaissions le profil des femmes qui décident d'avorter. Quelle que soit la raison pour laquelle elles ont recours à l'avortement, elles doivent pouvoir exercer ce droit. 130 centres d'IVG ont été supprimés en dix ans. Ils sont la plupart du temps adossés aux maternités, qui elles aussi ont subi de nombreuses fermetures ces dernières années. Dans ce contexte, il est très compliqué d'obtenir des consultations dans certains territoires, ce qui augmente mécaniquement les délais.

Nous nous battons toutes et tous ici pour l'égalité entre les femmes. Lorsque j'apprends que le coût d'une IVG varie entre 300 et 2 200 euros en Espagne, je comprends que seules les femmes disposant des moyens nécessaires à cette opération, mais aussi au voyage qu'elle implique, peuvent le faire. Nous pénalisons donc les femmes qui n'en ont pas les moyens. Tous ces points doivent nous faire réfléchir positivement.

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