Ma question s’adresse à M. le ministre de l’Europe et des affaires étrangères.
Monsieur le ministre, depuis deux ans, un pays, la Guinée, est pris en otage par la volonté de son président de s’offrir un troisième mandat. En 2020, plus de 250 personnes ont trouvé la mort dans des violences politiques, des centaines ont été raflées et placées en détention. Pendant ce temps, quelques rapaces gagent les richesses du pays, principalement la bauxite, exploitée comme jamais, et ce sans bénéfice pour la population, bien au contraire.
Très réservées sur le processus électoral, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et l’Union africaine ont pesé au printemps pour un report des élections législatives et du référendum constitutionnel. Elles ont appelé à l’apaisement et au dialogue. La trajectoire du locataire de Sékhoutoureya, M. Alpha Condé, n’a pourtant pas varié.
Le 18 octobre s’est tenue l’élection présidentielle. Des centaines de personnes sont aujourd’hui incarcérées, dont les responsables de l’opposition Chérif Bah et Ousmane Gaoual Diallo, qui ont documenté des fraudes avérées lors du scrutin. Ces derniers ont mis plus d’un mois pour avoir accès à un juge, tandis que leurs avocats français ne peuvent les voir dans leur prison.
Entre répression et prédation, les jeunes de Guinée ne voient pas d’avenir pour eux dans leur pays. Celui-ci était récemment le quatrième pays d’origine des demandeurs d’asile en France et le premier pays d’origine des enfants étrangers non accompagnés.
En outre, depuis le début et la fin du second mandat d’Alpha Condé, les départs ont augmenté de plus de 300 %. La situation actuelle pourrait s’avérer désastreuse, compte tenu de la résolution de la jeunesse à quitter ce cauchemar.
Nous avons noté, dans l’interview donnée par Emmanuel Macron à Jeune Afrique, la dureté de ses propos sur la Guinée. Nous avons noté la différence de ton du Président de la République entre la lettre de félicitations à Alassane Ouattara et celle qu’il a adressée à Alpha Condé, dans laquelle il se contente de prendre acte d’une situation de fait. Mais ces prises de position s’accompagnent-elles d’actes ?
Monsieur le ministre, il y a urgence à inciter à la mise en place d’un réel dialogue politique dans le pays. Faute d’un tel dialogue, compte tenu de la situation, quelles sanctions pourraient-elles être envisagées à l’encontre des responsables de la répression, de l’exacerbation des violences communautaires, des prédations, qui conduisent certains à vouloir quitter leur lieu de vie devenu invivable aujourd’hui ?