Intervention de Jean-Yves Leconte

Réunion du 4 février 2021 à 10h30
Système des ressources propres de l'union européenne — Vote sur l'ensemble

Photo de Jean-Yves LeconteJean-Yves Leconte :

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, nous attendions depuis des années une évolution de la capacité de l’Union à s’endetter pour financer de nouveaux projets : nous n’allons donc pas bouder notre plaisir !

Toutefois, et les circonstances méritent qu’on le souligne, en Chine, comme l’a indiqué Ronan Le Gleut, ou aux États-Unis, les plans de relance seront bien plus massifs que le financement que nous allons voter. Il y a là un premier risque de décrochage de l’Union européenne par rapport au reste du monde.

Le second risque de décrochage est interne à l’Union européenne. La comparaison de notre plan de relance avec celui de l’Allemagne suscite ainsi notre inquiétude.

Autre inquiétude, nous constatons que l’Europe s’endette pour financer des politiques nationales et non un développement des politiques européennes. Rien n’est prévu sur la défense européenne, rien sur la coopération, rien sur le budget de Frontex ! Tous les moyens nouveaux seront consacrés au financement de politiques nationales.

Il y a un réel danger à considérer que l’Union européenne serait à l’avenir un moyen de financer des politiques nationales et que les ressources propres impacteraient directement le pouvoir d’achat des Européens.

Bien entendu, je voterai ce projet de loi, tout en exprimant des inquiétudes sur les montants prévus, qui ne sont pas à la hauteur de ce que feront nos concurrents, et sur la manière de procéder, c’est-à-dire – j’y insiste – en considérant l’Union non comme un espace appelé à développer de plus en plus de politiques communes, mais comme un moyen de se financer.

Lorsque nous avons commencé à construire l’euro voilà trente ans, nous avons parié que l’intégration politique irait de soi. Tel n’a pas été le cas.

Aujourd’hui, si l’on refuse d’admettre, alors qu’une étape nouvelle est franchie, que celle-ci exige davantage de solidarité et la réussite de la Conférence sur l’avenir de l’Europe, avec une plus grande intégration, alors il y a danger.

On ne peut pas durablement considérer que l’Union européenne est seulement un outil de financement des États membres. Il s’agit d’un projet, qu’il faut assumer ! C’est ainsi que nous pourrons transformer cette étape en véritable réussite.

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