Monsieur le ministre de l’éducation nationale, il y a presque un an, le 27 mars 2020, vous annonciez un moratoire sur les fermetures de classe en milieu rural pour la rentrée suivante. Ce sont les « circonstances exceptionnelles » qui vous avaient conduit à décider qu’il n’y aurait « aucune fermeture de classe en milieu rural à l’école primaire sans l’accord du maire ».
Alors qu’aujourd’hui se dessinent les premiers contours de la carte scolaire, je veux appeler votre attention sur les circonstances pas moins exceptionnelles qui entourent la préparation de la future rentrée. Certes, les écoles ne sont pas fermées à l’heure où nous parlons. Pour autant, les incertitudes ne sont pas moindres : les protocoles sanitaires sont renforcés semaine après semaine, le sport scolaire ne peut plus se faire en intérieur, l’organisation de la cantine est toujours plus compliquée… Elles sont même accrues par les variants anglais et sud-africain, qui apparaissent bien plus contagieux, non seulement dans la population globale, mais aussi chez les enfants.
Le retard pris dans la campagne de vaccination ne nous garantit aucunement qu’à la rentrée prochaine l’ensemble des enseignants et des parents d’élèves qui le souhaitent auront pu être vaccinés.
Les acteurs éducatifs doivent s’adapter en permanence à ces nouvelles contraintes. Je rencontre chaque semaine des maires qui me parlent de leur budget impacté par les contraintes sanitaires, des solutions qu’ils doivent inventer pour accueillir « quoi qu’il en coûte » les élèves à la cantine… Dans les petites communes, ce sont parfois les élus qui remplacent les personnels de cantine ou du périscolaire affectés par la covid !
Dans un tel contexte, l’annonce de la fermeture d’une classe est un vrai coup de massue. Comment adapter les locaux, éviter les concentrations d’élèves en classe et à la cantine avec une classe en moins ? Comment comprendre que, dans plusieurs départements comme l’Ardèche, la Drôme et la Savoie, vous prévoyez la création de zéro poste ?
Le Gouvernement ferait preuve d’un vrai « volontarisme » en décrétant un moratoire sur tout retrait de la présence publique dans nos bourgs et nos quartiers, sur toute fermeture d’hôpital, de trésorerie, de tribunal, de gendarmerie ou de bureau de poste jusqu’à « l’après-covid ». Toutefois, aujourd’hui, monsieur le ministre de l’éducation nationale, nous nous contenterons de vous demander de renoncer à toute fermeture de classe sans l’accord du maire pour la rentrée prochaine.
Ce moratoire doit être accompagné de moyens supplémentaires pour préserver le dédoublement des classes en REP, les décharges de direction, la réduction des effectifs dans les classes surchargées et un second degré déjà bien malmené.
Au nom du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, je vous demande de reconduire pour un an le moratoire pour « circonstances exceptionnelles » sur les fermetures de classes en primaire.