Je remercie les rapporteurs, dont les propos sont toujours passionnants. Quitte à répéter ce qui a été dit, je peux témoigner qu'en s'éloignant à peine de Paris pour aller dans l'Essonne, on est déjà dans l'impréparation totale. Il y a un décalage complet entre la stratégie gouvernementale au niveau national, élaborée de toute bonne foi, et ce qui est ensuite décliné dans les départements.
Les élus ont eu, mardi matin à l'aube, un entretien surréaliste avec le préfet et le directeur de la délégation départementale de l'ARS. Plusieurs maires se sont à juste titre emportés, en disant que nous disposions du vaccin depuis plus d'une semaine en Essonne, mais que la vaccination ne commencerait que le mardi 12 janvier, au motif que n'avaient pas encore été recensées, dans les EHPAD et les hôpitaux, toutes les personnes ciblées pour être vaccinées en premier. À juste titre, un maire a dit que c'était « hallucinant », un tableau Excel devant suffire à donner ces informations.
Cela aurait dû être fait depuis bien longtemps, en fin d'année dernière, pendant que les chercheurs étaient en train de mettre au point les vaccins. Il y a donc un retard incroyable. Le soir même, nous avons entendu Aurélien Rousseau, directeur général de l'ARS Île-de-France, beaucoup plus structuré et rassurant.
Le nombre de vaccins est-il bien proportionnel au nombre d'habitants ? L'Essonne compte 1,2 million d'habitants, et 20 000 vaccins sont prévus pour l'instant. La proportion me semble surprenante. Est-ce la même chose dans les autres pays européens ? J'ai entendu dire il y a deux jours sur une radio qu'il ne revenait ni aux présidents de régions, ni aux pays, de commander les vaccins, et que c'est le niveau européen qui attribuait un nombre de doses à chaque pays. J'ai l'impression - mais peut-être est-ce une erreur - que certains pays européens semblent avoir accès à plus de vaccins que nous proportionnellement au nombre d'habitants.
Par ailleurs, le vaccin actuel pose de sérieuses difficultés, puisqu'il nécessite deux injections à trois semaines d'intervalle. Certains pensent que cela conduit à diviser par deux le nombre de personnes susceptibles d'être vaccinées. Surtout, les gens s'inquiètent à l'idée de ne pas pouvoir partir en vacances, en février, dans des pays qui demanderaient un certificat de vaccination, si la première injection ne se fait pas avant deux à trois semaines.
Autre sujet d'étonnement : Florence Lassarade a évoqué l'importance des questions posées avant la vaccination, notamment aux personnes âgées. Mais cet entretien préalable coûte le prix d'une consultation médicale. On m'a dit de ne pas m'inquiéter, le patient n'ayant aucune démarche à faire. Toutefois, je me préoccupe du coût de ces entretiens pour la sécurité sociale.
Enfin, je constate comme vous le décalage complet entre la programmation parisienne et ce qui se passe sur le terrain.