Monsieur le ministre des solidarités et de la santé, le ressenti, le vécu de nos aînés au sein des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et de leurs familles est aujourd’hui sans appel : leur isolement et leur solitude sont mortifères.
L’environnement familial ou amical est le seul lien qui rattache de nombreux résidents au monde extérieur. C’est leur raison essentielle de vivre. Aussi, coupés du contact de leurs proches, nos anciens vivent un calvaire et éprouvent un cruel sentiment d’enfermement.
Les directeurs d’Ehpad doivent composer avec de nombreuses contraintes. Mais que signifie voir ses proches vingt minutes tous les quinze jours, le nombre de visiteurs étant limité à deux personnes à la fois ?
Vous souhaitez protéger nos aînés, mais à quel prix ? Est-ce les protéger que de les laisser mourir avec ce sentiment d’abandon ? Il est tel que certains disent : « Je préfère mourir du covid que d’isolement. »
Protéger, c’est aussi respecter la dignité humaine des personnes âgées et vulnérables. Cette dignité dans la vie ne peut pas être bafouée au motif de sauver des vies.
Protéger, c’est aussi gérer la fin de vie. Nous devons permettre à la famille d’accompagner son parent jusqu’au bout.
Protéger, c’est lutter contre le virus de la solitude. Le fait de vieillir enfermé entraîne un véritable risque de glissement pouvant conduire jusqu’à la mort, avec le refus brutal de communiquer, de s’alimenter et de recevoir des soins, malgré le dévouement exemplaire des personnels.
Monsieur le ministre, le tout-sanitaire n’a-t-il pas atteint sa limite aujourd’hui ? Quelles perspectives et quelles solutions proposez-vous pour rompre avec cette situation mortifère ?