Intervention de Claude Raynal

Réunion du 2 mars 2021 à 14h30
Dette publique à l'aune de la crise économique actuelle — Débat interactif

Photo de Claude RaynalClaude Raynal :

De la crise économique de 2008 à nos jours, et malgré une tendance lourde de baisse des taux d’intérêt depuis trente ans, quels que soient les gouvernements successifs, le message permanent envoyé aux Français était que nous devions contraindre nos dépenses publiques pour contenir notre dette sous peine de voir celle-ci devenir insoutenable.

Aujourd’hui, alors que la dette vient d’augmenter de plus de 20 % en un an, comment s’étonner que nos concitoyens s’interrogent sur le remboursement à venir d’une dette née de la pandémie et, par ailleurs, parfaitement justifiée ?

Comment s’étonner qu’ils ne comprennent pas qu’un taux d’endettement de 98 % du PIB ait pu être jugé inquiétant début 2020 et qu’un taux de 120 % soit parfaitement soutenable début 2021 ? Comment s’étonner qu’ils ne se préparent pas en payer le prix, notamment en thésaurisant quand ils le peuvent, d’autant plus quand le Gouvernement n’attend même pas la fin de la pandémie pour ressortir la réforme des retraites comme « la » solution au problème ?

Nous le savons tous, le temps d’adaptation et de redécollage de notre économie est fixé par la politique monétaire de la BCE, et par rien d’autre. Sauf remontée brutale d’une inflation qui l’obligerait à modifier sa politique, la Banque centrale soulage l’État d’un éventuel risque de remontée des taux d’intérêt pour 25 % de sa dette, ce qui est un soutien considérable, sans doute pour de longues années. Cette fraction de dette ne coûte donc quasiment rien.

En revanche, la crise a d’ores et déjà des perdants, ceux d’aujourd’hui, c’est-à-dire les nouveaux chômeurs, les indépendants, les étudiants et les petits épargnants, mais aussi ceux de demain, qui seront confrontés à la montée inexorable des actifs, comme le prix des logements, tout en risquant de voir leur protection sociale diminuer.

Avant de se lancer dans une simple politique de rééquilibrage de nos comptes publics visant notamment à assurer dans le temps long la soutenabilité de la dette, ne faudrait-il pas poser un regard lucide et partagé sur l’état de notre société, ainsi que sur la répartition des efforts à demander et des besoins économiques, sociaux et environnementaux à couvrir ? Et, s’il vous plaît, monsieur le ministre, répondez à ma question et pas à une autre !

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