Monsieur le Président, cher Konstantinos Gioulekas, chers homologues de la commission de la défense nationale et des affaires étrangères du Parlement grec, dont certains sont des collègues de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN que je connais bien. Je tiens aussi à saluer l'ambassadrice de Grèce en France, Mme Aglaia Balta, dont le dynamisme est très apprécié.
Nous nous réjouissons de cette possibilité de pouvoir vous retrouver en visioconférence pour cette réunion que nous avions envisagée, il y a quelques temps, avec le Président Gioulekas.
Il existe entre la Grèce et la France une relation très étroite, nos points de vue se rejoignent, nous avons tant de références culturelles et politiques communes : c'est en Grèce que la démocratie fut inventée, il y a 25 siècles. Je me réjouis donc particulièrement que nous nous retrouvions à quelques semaines du bicentenaire de l'insurrection qui permis à la Grèce de recouvrer son indépendance, et que soutint le France. C'est ainsi que notre Président de la République, si la situation sanitaire dans nos pays le permet, aura l'honneur de participer à ce bicentenaire pour votre fête nationale, le mois prochain.
Notre amitié ancienne s'est encore renforcée par une communauté d'analyse et de préoccupations très concrètes dans la période récente. Ainsi, les questions migratoires ont encore renforcé la proximité de nos vues ; nous, Français, avons insisté sur la solidarité due à un État qui se trouve en première ligne, et tâché de prendre notre part pour les relocalisations.
Surtout, nous avons été précurseurs quand il s'est agi, l'été dernier, d'assumer un rapport de force avec la Turquie - dont le comportement nous préoccupe énormément - après que leurs navires ont engagé des recherches sismiques sous escorte militaire, mettant gravement en cause les souverainetés grecques et chypriotes sur leurs eaux. Nous-mêmes avons connus un incident naval assez grave avec la Turquie.
Les agissements et les provocations de la Turquie en Méditerranée orientale, son action déstabilisatrice en Libye et dans le Caucase du sud avec la tragédie du Haut Karabagh, ont fini par entraîner une prise de conscience européenne. Mais elle fut tardive, et timide. Lors du dernier Conseil européen extraordinaire, nos partenaires sont souvent restés imprécis au sujet des sanctions, alors que la France vous rejoignait pour suivre une ligne de fermeté.
Depuis quelques semaines, les responsables turcs multiplient les appels au dialogue. Vous nous direz ce que nous pouvons espérer de ces éléments nouveaux, 10 jours après que vous avez repris des discussions au sujet de l'exploration d'hydrocarbures en Méditerranée orientale.
Signe que vous ne baissez pas la garde, vous avez finalisé l'achat de 18 avions Rafale, dont 12 seront prélevés sur nos propres forces aériennes. Nous consentons très volontiers à cet effort. Il s'agit d'un signal fort, mais aussi d'un acte fort, dont la portée opérationnelle doit être soulignée. Par ce contrat, la Grèce renforce sa défense et elle apporte une pierre essentielle à la défense européenne tout entière, dont la construction est plus que jamais nécessaire.
Nous attachons la plus grande importance à nos rencontres, qui permettent d'entreprendre un travail de coopération interparlementaire : à côté des gouvernements, les parlements sont porteurs des opinions, ils représentent les territoires.
Mes collègues s'associent à moi, une fois encore, pour vous manifester notre solidarité, notre amitié, telles que vous les avez déjà éprouvées. Comme j'ai déjà pu le dire au Président Konstantinos Gioulekas, en ces temps difficiles pour la Grèce, le Sénat français est heureux de vous assurer qu'il est à vos côtés.
Je vous propose, comme nous en étions convenus, d'aborder les thèmes de la Turquie, des migrants, du fonctionnement de l'OTAN, de la relation avec la Russie, de la coopération entre nos deux pays et singulièrement entre nos parlements, ainsi qu'entre les parlements du sud de l'Europe - sujet tout à fait essentiel compte tenu des tensions observées.
Après l'intervention du président Konstantinos Gioulekas, des membres de nos deux commissions, s'exprimant au nom de leurs groupes politiques, prendront successivement la parole. Je remercie M. Gioulekas d'avoir réuni sa commission et j'espère que nos échanges en visioconférence pourront, dans un avenir proche, laisser la place à de véritables rencontres qui feront encore plus honneur à la qualité de nos relations.