Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées

Réunion du 2 février 2021 à 16h30

Résumé de la réunion

Les mots clés de cette réunion

  • coopération
  • grèce
  • relation
  • turquie

La réunion

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Debut de section - PermalienPhoto de Christian Cambon

Monsieur le Président, cher Konstantinos Gioulekas, chers homologues de la commission de la défense nationale et des affaires étrangères du Parlement grec, dont certains sont des collègues de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN que je connais bien. Je tiens aussi à saluer l'ambassadrice de Grèce en France, Mme Aglaia Balta, dont le dynamisme est très apprécié.

Nous nous réjouissons de cette possibilité de pouvoir vous retrouver en visioconférence pour cette réunion que nous avions envisagée, il y a quelques temps, avec le Président Gioulekas.

Il existe entre la Grèce et la France une relation très étroite, nos points de vue se rejoignent, nous avons tant de références culturelles et politiques communes : c'est en Grèce que la démocratie fut inventée, il y a 25 siècles. Je me réjouis donc particulièrement que nous nous retrouvions à quelques semaines du bicentenaire de l'insurrection qui permis à la Grèce de recouvrer son indépendance, et que soutint le France. C'est ainsi que notre Président de la République, si la situation sanitaire dans nos pays le permet, aura l'honneur de participer à ce bicentenaire pour votre fête nationale, le mois prochain.

Notre amitié ancienne s'est encore renforcée par une communauté d'analyse et de préoccupations très concrètes dans la période récente. Ainsi, les questions migratoires ont encore renforcé la proximité de nos vues ; nous, Français, avons insisté sur la solidarité due à un État qui se trouve en première ligne, et tâché de prendre notre part pour les relocalisations.

Surtout, nous avons été précurseurs quand il s'est agi, l'été dernier, d'assumer un rapport de force avec la Turquie - dont le comportement nous préoccupe énormément - après que leurs navires ont engagé des recherches sismiques sous escorte militaire, mettant gravement en cause les souverainetés grecques et chypriotes sur leurs eaux. Nous-mêmes avons connus un incident naval assez grave avec la Turquie.

Les agissements et les provocations de la Turquie en Méditerranée orientale, son action déstabilisatrice en Libye et dans le Caucase du sud avec la tragédie du Haut Karabagh, ont fini par entraîner une prise de conscience européenne. Mais elle fut tardive, et timide. Lors du dernier Conseil européen extraordinaire, nos partenaires sont souvent restés imprécis au sujet des sanctions, alors que la France vous rejoignait pour suivre une ligne de fermeté.

Depuis quelques semaines, les responsables turcs multiplient les appels au dialogue. Vous nous direz ce que nous pouvons espérer de ces éléments nouveaux, 10 jours après que vous avez repris des discussions au sujet de l'exploration d'hydrocarbures en Méditerranée orientale.

Signe que vous ne baissez pas la garde, vous avez finalisé l'achat de 18 avions Rafale, dont 12 seront prélevés sur nos propres forces aériennes. Nous consentons très volontiers à cet effort. Il s'agit d'un signal fort, mais aussi d'un acte fort, dont la portée opérationnelle doit être soulignée. Par ce contrat, la Grèce renforce sa défense et elle apporte une pierre essentielle à la défense européenne tout entière, dont la construction est plus que jamais nécessaire.

Nous attachons la plus grande importance à nos rencontres, qui permettent d'entreprendre un travail de coopération interparlementaire : à côté des gouvernements, les parlements sont porteurs des opinions, ils représentent les territoires.

Mes collègues s'associent à moi, une fois encore, pour vous manifester notre solidarité, notre amitié, telles que vous les avez déjà éprouvées. Comme j'ai déjà pu le dire au Président Konstantinos Gioulekas, en ces temps difficiles pour la Grèce, le Sénat français est heureux de vous assurer qu'il est à vos côtés.

Je vous propose, comme nous en étions convenus, d'aborder les thèmes de la Turquie, des migrants, du fonctionnement de l'OTAN, de la relation avec la Russie, de la coopération entre nos deux pays et singulièrement entre nos parlements, ainsi qu'entre les parlements du sud de l'Europe - sujet tout à fait essentiel compte tenu des tensions observées.

Après l'intervention du président Konstantinos Gioulekas, des membres de nos deux commissions, s'exprimant au nom de leurs groupes politiques, prendront successivement la parole. Je remercie M. Gioulekas d'avoir réuni sa commission et j'espère que nos échanges en visioconférence pourront, dans un avenir proche, laisser la place à de véritables rencontres qui feront encore plus honneur à la qualité de nos relations.

Debut de section - Permalien
Konstantinos Gioulekas, président de la Commission de la défense nationale et des affaires étrangères du Parlement grec

C'est une joie et un honneur d'avoir cet échange avec vous et vos collègues de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat français. Concernant les discussions exploratoires avec la Turquie, je voulais insister sur le fait que la crise sans précédent dont elle est à l'origine dure depuis un an. Voilà un pays candidat à l'intégration à l'Union européenne qui remet en question le territoire de deux États de l'Union européenne, la Grèce et Chypre ! La Turquie ne peut continuer à violer le droit international, avec des menaces de conflit armé ! Et l'on se pose encore la question de savoir si des pays européens doivent vendre des armes à la Turquie... Pour notre part, nous débutons les discussions exploratoires dans un esprit de paix et de coopération, nous voulons aborder la définition du plateau continental et des eaux territoriales - il n'existe pas, pour nous, d'autres questions qui puissent être abordées dans le respect du droit international, auquel il convient de se tenir.

Or la Grèce a un fardeau très lourd à porter, puisque ses frontières extérieures sont aussi celles de l'Union européenne. Nous remercions donc la France de ses prises de position très claires face à la Turquie. Mais le peuple grec n'oublie pas, il a toujours nourri un sentiment de gratitude vis-à-vis de la France. Les philhellènes français ont lutté à côté des Grecs pour leur révolution - certains y ont trouvé la mort ! -, c'est encore très vivant dans l'esprit des Grecs, d'autant que nous en fêtons cette année le bicentenaire. De même, pendant la dictature des colonels, de nombreux Grecs se sont réfugiés en France, qui accueillit notamment le Premier ministre Konstantinos Karamanlís, revenu en Grèce en 1974 avec l'avion de Valéry Giscard d'Estaing...

Debut de section - PermalienPhoto de Christian Cambon

Nous sommes très touchés par vos propos. Je donne la parole à Pascal Allizard, au nom du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascal Allizard

Je remercie le président Cambon pour l'initiative de cette réunion, plus que jamais nécessaire dans la période de crise sanitaire, sécuritaire, migratoire et économique que nous traversons tous. Plus nos échanges seront réguliers, plus la compréhension entre nos pays sera forte. Nous avons intérêt à porter notre analyse commune quant à la réalité de la situation dans le pourtour méditerranéen aussi bien au niveau parlementaire qu'au plus haut niveau de la gouvernance européenne et aux sommets de l'OTAN. Nous sommes ensemble les premiers concernés par la montée du terrorisme islamiste et ses conséquences sur la population, par les risques de faillite des États en Afrique et au Levant. Or, on constate que nos amis du nord ont parfois d'autres priorités, alors qu'ils peuvent en subir à terme les mêmes conséquences.

En qualité de représentant spécial pour la Méditerranée au sein de l'assemblée parlementaire de l'OSCE, je fais la même observation. Le sujet est très politique, il concerne l'attitude à adopter face aux postures néo-ottomanes - si vous me permettez cette expression - de M. Erdogan, avec cet espèce de chantage à l'émigration, en instrumentalisant les migrants et en alimentant indirectement le trafic des passeurs - après avoir alimenté le trafic du pétrole vendu par Daech.

C'est donc une vision méditerranéenne stratégique que nous devons construire, expliquer et faire partager à tous nos partenaires. Il ne saurait être question d'accepter en l'état les projets de forage turcs en Méditerranée, tout comme il est primordial de trouver enfin des solutions sur le règlement des conflits, sans quoi l'on risque de laisser à d'autres l'occasion d'agir selon leurs règles. Il en va ainsi autant des conflits gelés que de la Lybie. De même, on ne peut assister sans réagir à la stratégie de pénétration chinoise dans la zone.

Je voudrais profiter de cette occasion, mes chers collègues, pour vous interroger sur votre perception de l'influence chinois grandissante, tant économique que militaire, en Méditerranée. Quelle est votre propre expérience de votre relation avec les Chinois ?

Debut de section - Permalien
Konstantinos Gioulekas, président de la Commission de la défense nationale et des affaires étrangères du Parlement grec

Je passe la parole à Simos Kedikoglou, ancien ministre, au nom du parti « Nouvelle démocratie ».

Debut de section - Permalien
Simos Kedikoglou

Les relations entre la France et la Grèce sont anciennes, leurs valeurs sont très proches, que l'on se réfère à l'apport des penseurs grecs, à la contribution de la France à notre révolution, ou bien entendu à nos positions communes au sein de l'Union européenne. Nous abordons un nouveau chapitre de notre coopération au niveau politique, mais aussi en matière de défense, qu'il s'agisse des réponses à apporter aux provocations de la Turquie en Méditerranée orientale ou des questions d'immigration et d'asile. Notre premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, a indiqué qu'il faudrait, dans l'idéal, aider la Turquie à se rapprocher de l'Europe. Malheureusement, la Turquie joue la carte de la provocation, de la désinformation et du chantage, avec son soutien à l'Azerbaïdjan, ses tentatives de rapprochement avec des pays comme l'Égypte en essayant de contrer nos efforts, son accord avec la Libye qui viole certains de nos droits, ses activités liées aux questions migratoires. Pourtant, nous offrons à la Turquie un cadre de dialogue...

Les récents contacts exploratoires concernent le seul différend officiel avec la Grèce, celui qui porte sur la délimitation des eaux territoriales. Mais certains hommes politiques turcs soufflent sur les braises en indiquant que c'est par sa politique que la Turquie a obligé la Grèce et l'Europe à s'asseoir à la table des négociations ! Le ministre des armées turc a indiqué que la position de la Turquie n'a pas changé... On observe en effet une attitude néo-ottomane et panturque qui débouche sur une violation totale du droit international. Une coopération très étroite entre la France et la Grèce, à tous les niveaux, est d'autant plus importante.

Le rôle de la Chine a été évoqué : la Turquie essaye d'exploiter les routes de la soie, sachant qu'une liaison ferroviaire récente rapproche la Chine des frontières de l'Europe.

Debut de section - PermalienPhoto de Christian Cambon

Je donne la parole à Gilbert Roger, au nom du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.

Debut de section - PermalienPhoto de Gilbert Roger

Dans le rapport qu'Olivier Cigolotti et moi-même avons fait sur le porte-avions Charles de Gaulle, nous montrions que la mer devait être protégée, et je crois que vous-mêmes examinez comment des frégates pourraient renforcer votre marine face aux incursions qui sont réalisées par les Turcs et à des attaques éventuelles. J'aimerais savoir où en est votre réflexion sur ce point. Par ailleurs, nous siégeons ensemble à l'assemblée parlementaire de l'OTAN, et nous sentons qu'il y a des difficultés pour nous coordonner avec nos amis Turcs... Comment pourrions-nous agir ensemble pour que l'OTAN prenne mieux en compte le fait de respecter les règles - je pense au récent achat de matériel S 400 fait par les Turcs auprès de la Russie ?

Debut de section - PermalienPhoto de Christian Cambon

Je précise ici que, d'après les informations transmises par l'état-major de la Marine nationale, le Charles de Gaulle et son groupe aéronaval s'apprêtent à prendre la mer pour repartir en Méditerranée orientale - avant, peut-être, de poursuivre leur chemin vers le Golfe persique. Vous devriez les apercevoir d'ici quelques semaines.

Debut de section - Permalien
Konstantinos Gioulekas, président de la Commission de la défense nationale et des affaires étrangères du Parlement grec

Je passe la parole à Georgios Katrougalos, ancien ministre, au nom de Syriza.

Debut de section - Permalien
Georgios Katrougalos

C'est à juste titre que l'on parle de liens historiques entre nos deux pays. Nos deux États-nations ont pour référence des révolutions, et notre révolution de 1821 s'est inspirée des idéaux de la Révolution française. Mais nos liens vont bien au-delà de l'histoire, nous avons des intérêts communs, une vision commune, nous souhaitons ensemble un approfondissement de la construction européenne, sa démocratisation et un renforcement de sa dimension sociale - à cet égard, je parle au nom d'un pays qui a connu les conséquences des mémorandums d'austérité.

C'est pourquoi des rencontres telles que la nôtre - mais aussi lorsqu'elles se produisent dans un cadre multilatéral, comme y invitait notre ancien premier ministre Aléxis Tsípras - sont utiles. L'Union européenne doit pouvoir parler haut et fort, et d'une seule voix. On ne peut s'en remettre aux seules forces économiques et financières, celles qu'incarne surtout l'Allemagne. L'Europe doit conduire sa propre politique étrangère, avoir plus d'autonomie, se doter d'une véritable défense européenne, être autonome par rapport à l'OTAN, bref, être souveraine et considérer ses propres frontières en tant que telles, notamment vis-à-vis de la Turquie. Nous devons apporter aux questions migratoires, qui ne sont pas nationales, des solutions européennes. Enfin, il faudra renforcer la communication entre nos assemblées respectives dans la perspective d'une Europe plus sociale et démocratique.

Debut de section - PermalienPhoto de Christian Cambon

Je donne la parole à Olivier Cadic, au nom du groupe Union Centriste.

Debut de section - PermalienPhoto de Olivier Cadic

Je voudrais tout d'abord transmettre un message de satisfaction et de reconnaissance à nos collègues grecs de la part de nos compatriotes en Grèce. Les Français établis hors de France, que je représente en tant que sénateur, m'ont témoigné de la qualité de l'accompagnement qu'ils avaient eu pour traverser la période de la COVID.

Il y a tout juste un an, nous avions organisé au Sénat, avec le groupe d'amitié France-Grèce présidé par notre collègue Didier Marie, un dîner avec huit membres de votre gouvernement conduits par Chrístos Staïkoúras, votre ministre des finances. L'objectif était d'accompagner le grand forum économique créé à Paris pour rapprocher les entreprises françaises de la Grèce et leur donner envie d'investir en Grèce. De fait, nos entreprises en Grèce constatent une véritable amélioration de leur environnement et je veux le saluer. Toutes expriment la satisfaction de voir la numérisation des services publics s'accomplir ou encore le cadastre se réaliser. Ce sont des avancées significatives pour développer notre coopération.

Le plan Pitsilis présente des orientations thématiques, et nous attirons votre attention sur le fait que nous avons de grands leaders sur nombre des thèmes ainsi dégagés, comme le traitement des déchets, les énergies renouvelables, les transports ou le numérique. Il y a beaucoup d'opportunités pour le développement de la coopération entre nos deux pays. Pour nous, avec la chambre de commerce France-Grèce, l'objectif est de continuer à poursuivre ces investissements et accompagner votre économie.

Nos services économiques ont deux préconisations qui reprennent ce que nos entreprises demandent : créer un médiateur unique au sein de l'administration fiscale grecque pour répondre aux litiges avec les investisseurs étrangers et mettre en place un rescrit, une confirmation fiscale écrite de ce que serait le traitement fiscal de l'entreprise installée en Grèce. Ces demandes ont été présentées à M. Chrístos Staïkoúras, mais il semble que celles-ci soient demeurées sans suites. Ma première question est de savoir si vous pourriez nous aider, au niveau du Parlement, à concrétiser ces demandes. Ma deuxième question est de savoir comment nous pourrions agir pour investir davantage et améliorer encore notre contribution au développement et à la coopération économique.

Debut de section - Permalien
Konstantinos Gioulekas, président de la Commission de la défense nationale et des affaires étrangères du Parlement grec

Après la décennie de crise qu'a traversée notre pays, ce que vient de dire M. Cadic est extrêmement important. La Grèce a besoin d'investissements et notre intention est de les faciliter pour essayer de sortir définitivement de cette crise et passer à une phase de développement. Je passe la parole à Andreas Loverdos, ancien ministre, au nom de Kinima Alagis, le Mouvement pour le changement.

Debut de section - Permalien
Andreas Loverdos

Je me félicite de la réunion de nos deux commissions. Nous avons déjà dit beaucoup de choses à propos de notre coopération. La France s'est toujours tenue à nos côtés. Vous nous avez soutenus pour notre intégration à l'Union européenne. La force de nos liens s'est particulièrement manifestée en 2020 lorsqu'en Grèce - et de manière plus générale en Méditerranée orientale - nous devions faire face à l'attitude provocatrice de la Turquie. Les prises de position de M. le président Macron et la coopération élargie de la France avec les différents acteurs de la région - la Grèce, l'Égypte ou les Émirats Arabes Unis - ont contenu l'agressivité de la Turquie, sans quoi l'étape suivante aurait été un conflit, et nous ne savons pas à quel point il aurait pu être grave. Nous investissons donc dans les relations avec la France, en laquelle nous avons pleinement confiance, comme nous l'avons montré avec notre récent achat auprès de l'industrie de l'armement française.

Concernant la coopération en matière de défense entre la France et la Grèce, nous sommes confiants : elle progresse, et nous pensons que nous pourrons signer un accord en 2021. C'est pour nous un évènement : ces 50 dernières années, nous n'avons signé qu'un seul accord, avec les Émirats Arabes Unis. Ce n'est donc pas simplement un geste diplomatique de politique de défense, mais quelque chose de plus profond. Ce type d'accord permet d'orienter la politique des pays. Pour nous, cette coopération est très importante, elle concourra à nous éviter un conflit armé et à promouvoir la paix. Nous souhaitons exprimer ici le souhait que cet accord soit effectivement signé.

Debut de section - PermalienPhoto de Christian Cambon

Je remercie notre collègue Andreas Loverdos pour son propos, et je veux redire ici toute l'importance de l'accord qui vient d'être signé par nos ministres respectifs concernant la vente de dix-huit Rafale. C'est aussi la première fois que nous signons un tel accord au sein de l'Union européenne. La nécessité de coopérer plus étroitement en matière de défense a été rappelée à plusieurs reprises par des intervenants du Parlement grec. C'est une étape importante dans cette coopération, car le fait de travailler et d'assurer notre défense avec les mêmes matériels va permettre d'améliorer l'interopérabilité de nos forces armées. Dans cette région de Méditerranée orientale, qui est soumise à beaucoup de soubresauts, je pense que ce sera très utile. J'ai pu également me pencher sur la coopération que nous avons avec nos amis de Chypre, où j'ai eu l'occasion de me rendre. C'est ce travail commun et surtout ce partage de valeurs - qui ne sont pas exactement les mêmes que celles du dirigeant turc - qui vont, à mon sens, permettre d'améliorer et de faire croître cette coopération.

Nous allons maintenant entendre Mme Nicole Duranton, qui représente le rassemblement des démocrates progressistes et indépendants.

Debut de section - PermalienPhoto de Nicole Duranton

Nous nous félicitons de la tenue d'un tel format de travail entre nos deux commissions et remercions le président Cambon pour cette initiative. En effet, la coopération entre nos deux pays et nos deux parlements est essentielle.

Il y a près d'un an, le 29 janvier 2020, le président Macron et le Premier ministre Kyriákos Mitsotákis réaffirmaient leur solidarité réciproque et annonçaient leur volonté de nouer une relation stratégique renforcée entre nos deux pays pour travailler ensemble à la concrétisation d'une défense européenne. C'est pourquoi je me félicite de la signature du contrat d'acquisition par la Grèce de dix-huit avions Rafale.

Les premières questions portent sur la Méditerranée. Notre coopération est très dynamique et nos exercices communs dans un cadre bilatéral comme multilatéral contribuent à assurer la sécurité de l'Europe. Le président turc Erdogan a lancé des missions de prospection dans les eaux revendiquées par votre Gouvernement, suscitant de vives tensions diplomatiques. Le 10 septembre 2020, les partenaires européens avaient prévenu la Turquie que l'Union serait prête à prendre des sanctions contre elle. À la lumière des premiers échanges lors de la reprise des pourparlers Grèce-Turquie, il y a quelques jours, comment analysez-vous la volonté de la Turquie de renouer un dialogue constructif avec l'Union européenne après des mois de tensions. La jugez-vous durable et sincère ?

L'opération européenne EUNAVFOR MED IRINI a été recentrée en avril dernier sur le contrôle de l'embargo de l'ONU sur les armes et le trafic de pétrole à destination de la Libye. Son commandement est assuré depuis fin octobre par le Commodore Mikropoulos. Quels premiers enseignements retenez-vous de ces derniers mois ?

Je suis membre de l'assemblée parlementaire de l'OTAN, comme plusieurs collègues de cette commission et notamment notre président Christian Cambon ; ces sujets nous intéressent particulièrement. Comme le rappelait Emmanuel Macron, de premières sanctions ont été prises en décembre 2020. Durant le dernier Conseil européen de décembre, les vingt-sept pays européens ont mandaté le Haut représentant Josep Borrell pour travailler sur un rapport sur l'état des relations entre l'Union européenne et la Turquie, à présenter au prochain sommet de mars en vue d'éventuelles nouvelles sanctions. La France cherche à convaincre ses partenaires de l'OTAN, ce qui n'est pas toujours aisé. C'est néanmoins dans ce processus construit, profond et de long terme que nous nous inscrivons tous aujourd'hui. Le Secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a lancé des pourparlers techniques. Comment percevez-vous l'avancée de ces négociations ?

Pour conclure, c'est avec une très grande satisfaction que nous avons appris la participation très prochaine de forces spéciales grecques à la Force Takuba au Sahel. Comme l'a relevé votre ministre de la défense, les États européens ont un intérêt commun à la stabilité au Sahel et au renforcement de la sécurité dans la région.

Debut de section - Permalien
Konstantinos Gioulekas, président de la Commission de la défense nationale et des affaires étrangères du Parlement grec

Je vous remercie beaucoup, Madame la Sénatrice, d'avoir tenu ces propos. Pour ce qui concerne les problèmes auxquels la Grèce a dû dernièrement faire face, on se rend de plus en plus compte qu'il ne s'agit pas tant de problèmes entre la Grèce et la Turquie que de problèmes entre l'Europe et la Turquie. L'an dernier, à peu près à la même période, il y avait eu aux frontières terrestres de la Grèce une tentative d'incursion de la part des forces turques en instrumentalisant les migrants et les demandeurs d'asile. Elle n'aurait pas dû être considérée comme une incursion au-delà des frontières de la Grèce, mais bel et bien comme une incursion au-delà des frontières de l'Union européenne. Nous devons en être conscients - et ce fut d'ailleurs le cas lorsque certains représentants de l'Union européenne se sont rendus sur place avec le Premier ministre, M. Mitsotákis.

Je donne maintenant la parole à Georgios Mylonakis, qui s'exprimera au nom du parti Elliniki Lysi.

Debut de section - Permalien
Georgios Mylonakis

Au nom de mes collègues et de notre président, nous adressons nos remerciements et nos salutations les plus chaleureuses aux représentants du Sénat français. Il est vrai que nos relations sur le plan diplomatique, mais également sur le plan de la défense, sont excellentes, et nous pensons qu'elles seront renforcées sur des thématiques très importantes qui nous préoccupent : l'immigration clandestine, la tentative d'islamisation de notre pays utilisé comme porte d'entrée et, comme le président Gioulekas l'a rappelé, l'instrumentalisation par le président turc de cette immigration. Celui-ci a tenté de faire passer des milliers de migrants, des milliers d'islamistes qui provenaient des quatre coins du monde sans que nous sachions qui ils étaient. Il a essayé de les faire passer par la frontière qui se trouve le long du fleuve Evros.

Or, comme nous le disions, le problème de la Grèce est bien le problème de l'Europe. En ce moment, personne ne sait combien de centaines ou de milliers de ces personnes se trouvent dans notre pays. D'ici quelques temps, lorsque rouvriront en particulier les frontières terrestres du Nord du pays, on risquera d'être de nouveau confrontés à des attaques terroristes. Vous connaissez bien la question, puisque vous l'avez ressentie jusque dans votre chair. Votre aide et votre contribution immédiate sont tout à fait précieuses. Notre pays a besoin des Rafale, et nous pensons que nous allons développer davantage notre coopération avec les sous-marins et d'autres fleurons de l'industrie française. De notre côté, nous ferons tous les efforts possibles pour développer une bonne industrie de défense, ce dont nous sommes tout à fait capables.

Enfin, j'estime aussi que nous devrions insister auprès de nos gouvernements respectifs pour que l'accord de coopération soit signé.

Debut de section - PermalienPhoto de Christian Cambon

Je vous remercie, cher collègue, de ces propos. Nos points de vue convergent tout à fait sur l'analyse qui a été faite par le président Gioulekas et vous-même, à savoir que les difficultés résident entre la Turquie et l'Europe toute entière. Les évènements récents l'ont montré. La difficulté est que tous les pays européens ne réagissent pas de la même manière vis-à-vis de la Turquie parce que, pour des raisons qui leur sont propres, ils ne sont pas toujours aussi fermes que ce que nous souhaiterions. En ce qui concerne la France et la Grèce, nous restons bien évidemment vigilants et notre politique de coopération en matière de défense est essentielle. Nous serons particulièrement heureux que cette coopération se développe de manière équilibrée, car la Grèce, et singulièrement son industrie, doit aussi pouvoir trouver tous les avantages qui peuvent en être attendus. Pour notre part, nous y veillerons.

Je vais maintenant donner la parole à André Guiol, qui représente le rassemblement démocratique, social et européen. Il a le privilège d'être sénateur du Var, un département du Sud de la France qui partage avec vous les rivages de la Méditerranée.

Debut de section - PermalienPhoto de André Guiol

Chers collègues parlementaires grecs et français, toutes nos populations souffrent, d'abord sur le plan économique, puis aujourd'hui sur le plan sanitaire. Ni la France, ni la Grèce ne sont épargnées. Dans ce contexte, nos concitoyens ont tendance à être très critiques vis-à-vis de leurs dirigeants, de leurs gouvernements, de leurs parlements et bien sûr de l'Union européenne. Nous sommes tous encore sous le coup du Brexit et la montée en puissance des nationalismes. Face à cette situation, quel est l'état d'esprit de la population grecque vis-à-vis de l'Europe, étant rappelé que nous sommes très attachés à la construction européenne ?

Debut de section - Permalien
Konstantinos Gioulekas, président de la Commission de la défense nationale et des affaires étrangères du Parlement grec

Mme Sofia Sakorafa va prendre la parole, au nom du parti MeRA25.

Debut de section - Permalien
Sofia Sakorafa

Au nom de mon parti, je veux saluer les membres de la commission du Sénat. Je veux ici souligner que l'histoire de nos relations fait naître énormément d'attentes et d'espoirs. Concernant les accords et les ventes de la France, la Grèce figure parmi ses priorités. Il conviendra que chaque accord prévoie la participation des unités industrielles grecques.

Nous savons bien que notre voisin viole régulièrement le droit international et qu'il essaie de renforcer l'islam extrémiste. L'agressivité de la Turquie a des racines qui vont plus loin que des questions de forage. Elle cherche à camoufler sa tendance à opprimer la voix de son peuple, sans que cela ne fasse jamais l'objet d'une réaction claire et vive - comme ailleurs avec les Palestiniens. Nous savons que c'est en période de crise que les rapports sont mis à l'épreuve.

Je pense notamment à ce qui s'est passé en 2015, on avait alors le sentiment que même la France nous avait oublié. M. Varoufákis l'avait d'ailleurs évoqué, et la France lui avait répondu qu'elle n'était plus ce qu'elle était... C'est pour nous l'objet d'un véritable questionnement. La Grèce a été la victime d'une politique européenne qui visait principalement à sauver les banques allemandes, mais aussi les banques françaises.

L'Union européenne dont nous sommes membres est, compte tenu de l'importance de l'Allemagne, une union inégale. Il est absolument indispensable que la France, qui est membre du Conseil de sécurité de l'OTAN et qui est également une puissance nucléaire, soit à la hauteur de son devoir.

Debut de section - PermalienPhoto de Christian Cambon

Pour en terminer avec l'expression de nos groupes présents ou qui ont souhaité s'exprimer, je passe la parole à M. Guillaume Gontard, sénateur de l'Isère, président du groupe Écologiste, Solidarité et Territoires.

Debut de section - PermalienPhoto de Guillaume Gontard

Je salue nos collègues grecs et me félicite, au nom de mon groupe, de ces échanges et de l'organisation de cette réunion. Il a été rappelé à de multiples reprises que la Grèce, par sa situation, est particulièrement concernée par les questions migratoires et le règlement de Dublin. La présidente de la Commission européenne, en septembre dernier, a souhaité que ce règlement soit bientôt aboli au profit d'un nouveau pacte migratoire, un nouveau système européen de gouvernance de la migration, avec notamment des structures communes pour l'asile et la prise en charge des migrants et un mécanisme de solidarité beaucoup plus fort. J'aimerais savoir comment nos collègues grecs jugent cette initiative et cette perspective de réforme du règlement de Dublin.

Par ailleurs, l'incendie du camp de Moria à Lesbos a été assez dramatique, et un accord avec Bruxelles et Athènes pour construire un nouveau camp a été conclu. J'aimerais savoir où nous en sommes et, plus généralement, comment nos collègues abordent ces accords à l'échelle européenne pour renforcer la solidarité entre les pays sur cette question des migrants.

Debut de section - Permalien
Konstantinos Gioulekas, président de la Commission de la défense nationale et des affaires étrangères du Parlement grec

L'ancien ministre et député de Nouvelle Démocratie, M. Koumoutsakos, va maintenant intervenir. Je pense qu'il pourra apporter un certain nombre d'éléments de réponse aux dernières questions, car il était chargé du portefeuille de l'immigration.

Debut de section - Permalien
Georgios Koumoutsakos

Je ne reviendrai pas sur la relation stratégique entre la France et la Grèce. Je vais parler de l'amitié de longue date qui nous lie, nous sommes tous guidés par cette boussole. J'appartiens à la génération de l'après-dictature, de la démocratie, à cette génération qui a été nourrie par l'exemple de notre ancien président qui, avec M. Giscard d'Estaing, a pu faire de la Grèce un membre à part entière de l'Union européenne. J'adhère donc pleinement au slogan « Grèce - France - Alliance ». Je perçois ainsi mes orientations comme guidée par des questions culturelles et d'histoire européenne.

Notre amitié plonge ses racines dans les années 1970. En 1975, la Grèce a accueilli une grande personnalité française amie de la Grèce, et c'était précisément à une époque où il y avait de très nombreux problèmes avec la Turquie en raison, justement, de l'invasion de l'armée turque à Chypre. La présence de M. Giscard d'Estaing a alors marqué cette solidarité. Presque cinquante ans plus tard, ce geste de solidarité a été réitéré par la France devant les provocations de la Turquie et les tensions que celle-ci a engendrées en Méditerranée orientale.

Nous ne sommes pas ingrats, et avons signé l'accord d'acquisition des Rafale. La signature de ce contrat est importante, y compris sur le plan politique : c'est une décision franco-hellénique en faveur de la stabilité dans la région de la Méditerranée. D'ailleurs, le jour où cet accord a été signé était le jour de l'ouverture du nouveau cycle de discussions exploratoires avec la Turquie.

Je le répète : nous ne sommes pas ingrats, vous pouvez considérer la Grèce comme un allié, et le peuple grec se considère comme tel vis-à-vis du peuple français. Cette alliance et cette amitié doivent couvrir de nombreuses facettes : le tourisme, la culture, les questions d'immigration. Ainsi, monsieur le président, il est temps, selon moi, que l'amitié stratégique entre la Grèce et la France prenne un tour plus officiel, avec par exemple des canaux de communication privilégiés entre nos ministères. Ce sont aujourd'hui les secrétaires généraux respectifs des ministères des Affaires étrangères qui suivent nos relations, mais je pense qu'au regard de l'enracinement de notre amitié, il faudrait en renforcer l'expression au niveau institutionnel.

Un mot à propos de l'immigration : il y a à peu près un an, nous nous sommes prononcés sur un programme en six points. Il était clairement établi que la France était prête à accueillir 900 mineurs soit non accompagnés, soit en difficultés familiales - voilà une autre expression de solidarité.

Je voudrais conclure sur le bicentenaire de notre indépendance et de la création de l'État grec moderne que nous allons fêter. Il serait peut-être intéressant de prévoir pour le mois de mars une réunion entre nos commissions respectives avec pour thématique la liberté. C'est un pilier de notre identité, aujourd'hui et demain. Je pourrais encore parler longtemps, mais je peux aussi me résumer en six mots : Vivre la Grèce ! Vice la France !

Debut de section - PermalienPhoto de Christian Cambon

M. le président, mes chers collègues, nous arrivons au terme de cette rencontre. Je crois qu'elle a amplement démontré toute son utilité. En effet, nous avons pu, de part et d'autre, réaffirmer les liens historiques et de coeur qui nous réunissent, France et Grèce. Nous avons pu souligner le renforcement de ces liens en matière de défense et de politique extérieure. Il est toujours utile de partager des analyses stratégiques avant d'aborder les mesures opérationnelles. Là encore, notre vision de la relation avec la Turquie et avec tout l'environnement de la Méditerranée orientale et de la Méditerranée en général - une mer pas toujours aussi pacifique que nous le souhaiterions - a montré amplement que cette relation entre nos deux parlements était particulièrement importante.

Nous l'avons dit à plusieurs reprises : à côté de nos gouvernements, il y a les parlements. Ils doivent contribuer à l'expression de ces valeurs auxquelles nous sommes très attachés et nous devons être, par notre mission même de contrôleurs de l'action du Gouvernement, les gardiens vigilants de ces combats que nous menons ensemble.

Je voudrais vous exprimer à nouveau, cher président, notre reconnaissance. Vous aviez souhaité cette rencontre ; si les circonstances sanitaires l'avaient permis, elle aurait pu revêtir une forme un peu plus conviviale, mais je pense qu'à travers nos propos, nous avons ressenti cette volonté de travailler ensemble. C'est à nous, présidents, qu'il reviendra de mettre en forme et de poursuivre ce travail : ce n'est pas ici une rencontre ponctuelle qui se perdra dans les sables, mais une coopération tout à fait exemplaire qui se met en place.

Je peux dire que, de notre côté, c'est quasiment la première fois que nous tenons une réunion de commission à commission en visioconférence - nous organisons très souvent des rencontres de ce type, mais avec des délégations. J'imagine que l'on pourra prochainement resserrer l'objectif de ces réunions pour travailler sur des thèmes plus précis qui nous permettront d'aller plus loin, que ce soit en termes de coopération, de défense, d'immigration, mais aussi de valeurs, telles qu'elles ont pu être évoquées de chaque côté de ces écrans.

Nous avons été très touchés - je m'exprime là au nom du président du Sénat, Gérard Larcher - par les termes particulièrement forts que vous avez utilisés pour parler de l'amitié et de l'union entre la France et la Grèce, et vous adressons nos plus sincères remerciements pour votre participation.

Debut de section - Permalien
Konstantinos Gioulekas, président de la Commission de la défense nationale et des affaires étrangères du Parlement grec

M. le président, nous tenons nous aussi à remercier tous les membres de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat français. Je dois également présenter mes excuses auprès de collègues grecs qui auraient voulu intervenir, un souci technique du côté du Parlement hellénique en début de réunion nous ayant privé de la possibilité de faire droit à toutes les demandes d'interventions.

Vous avez parlé, M. le président, de rapprochement. Effectivement, je pense que nous pourrions prévoir des réunions similaires en ayant une définition plus ciblée encore des questions que nous aimerions aborder, sans préjudice de l'excellente coopération qui existe entre nos pays. Je voudrais réitérer l'invitation du président de notre Parlement, M. Konstantinos Tasoulas, à venir nous rendre visite. Lors d'une telle visite, nous pourrions recevoir les membres de votre commission, ce qui nous permettrait d'avoir des échanges en présentiel. Bien entendu, je pense qu'il est clair que nous devons réagir de manière déterminée aux provocations qui s'adressent, non pas uniquement à la Grèce ou à Chypre, mais à l'ensemble de l'Union européenne, dont la France et la Grèce figurent parmi les membres les plus anciens. Les valeurs qui fondent l'Union européenne nous permettront d'aller de l'avant. Dans l'attente d'une nouvelle rencontre, une fois encore, nous vous remercions de cet échange, de vos prises de position et de votre amitié vis-à-vis de notre pays.

Debut de section - PermalienPhoto de Christian Cambon

Nous serons de tout coeur avec vous pour cette belle célébration du bicentenaire, en attendant de vous retrouver par visioconférence. Pour nos rencontres ultérieures, espérons que les vaccins qui se mettent difficilement en place en Europe permettront de se déplacer. Vive l'amitié entre nos deux assemblées, vive l'amitié entre la France et la Grèce !

Ce point de l'ordre du jour a fait l'objet d'une captation vidéo qui est disponible en ligne sur le site du Sénat.