Concernant l'outre-mer, il y a en effet un vrai sujet, les chiffres de vaccination sont significativement moindres qu'ils ne le sont en métropole. Il y a des notions contradictoires : les populations sont plus jeunes, donc les personnes à vacciner en priorité sont moins nombreuses mais en proportion elles sont aussi moins vaccinées. Il y a des difficultés, de logistique notamment, même si des efforts sont faits pour que les vaccins arrivent. Il y a un problème qui a été évoqué qui est celui de confiance en la vaccination, infiniment plus prégnante outre-mer qu'en métropole - le conseil scientifique s'y est intéressé. Un gros effort de pédagogie doit être fait, plus encore dans ces territoires et cela prendra du temps ; les professionnels de santé doivent convaincre leur patientèle du bien-fondé de la vaccination. Pour La Réunion et Mayotte, les deux territoires avec une présence du variant sud-africain, le vaccin Pfizer-BioNTech est préconisé et, de fait, utilisé. La préoccupation est réelle pour ces territoires et il faut arriver à convaincre les populations de se faire vacciner.
Plusieurs d'entre vous sont revenus sur la problématique des médecins. Il n'y a aucune raison de les stigmatiser. Nous n'avons qu'une envie : les remercier et les encourager à participer à l'effort national de vaccination. Ils ont réclamé depuis longtemps et à juste titre à être associés à la campagne vaccinale. Ils le sont désormais grâce à la possibilité d'utiliser le vaccin AstraZeneca.
Il y a des contraintes liées au fait du mode de livraison des vaccins, non unidoses. Ce n'est pas comme la vaccination antigrippale, il faut organiser des séances de vaccination, mais qui mieux que les médecins pour connaître leur patientèle et savoir leurs malades prioritaires ? Il y a eu un cafouillage mais il y a encore beaucoup de doses à utiliser par les médecins. J'espère que les médecins qui ne sont pas encore engagés dans la campagne s'engageront, en complément des pharmaciens. Il y a eu des maladresses dans la communication du Gouvernement et les expressions de ce lundi, mais la priorité est d'associer les médecins. De manière juste, les médecins sont rémunérés pour cette pratique.
Sur la question de l'immunité de groupe, je ne suis pas sûr d'avoir compris une partie de votre question - vous évoquez les enfants. Vous faites sans doute référence aux obligations vaccinales pour les nourrissons, débattues il y a quelques années ; ce n'est pas le même sujet. Pour le moment, il n'est pas prévu de vacciner les enfants, même s'il n'est pas rigoureusement impossible que ce sujet arrive en fonction de la circulation du virus chez les enfants. Certains laboratoires font des essais à ce sujet pour tester l'efficacité et la sécurité des vaccins. Ce serait éventuellement envisageable si nécessaire à l'automne ou plus tard mais ce n'est absolument pas d'actualité.
Concernant la pédagogie, c'est en effet une priorité, avant d'envisager une quelconque obligation vaccinale. Cette stratégie pédagogique implique les professionnels de santé au contact des populations, les communications des agences régionales de santé, j'interviens chaque jour moi-même pour faire des exposés auprès des professionnels de santé des différentes régions et leur donner les informations dont je dispose sur les vaccins. C'est un effort collectif qu'il faut développer.
Concernant la transmission et la protection apportée à ce sujet par les vaccins. Si la réponse est positive, nous arriverons plus vite à l'immunité de groupe même s'il faudra vacciner tout le monde compte tenu de la contagiosité du variant britannique par exemple. Il y a quelques notions, non encore assez solides : les données de la vaccination en Israël laissent penser que le vaccin agit sur la transmission avec une réduction des formes dites asymptomatiques fondées sur les PCR. Nous suivons ce sujet de manière attentive, les données ne sont aujourd'hui pas consolidées.
Sur le sujet des gestes barrières et du spot télévisé : compte tenu du nombre de personnes vaccinées, il n'est pas envisageable de réduire les gestes barrières. Cependant, je pense que dans un cadre intrafamilial de personnes vaccinées, nous pourrions proposer des recommandations nouvelles : il s'agit de contextes précis et en fonction de la situation des gens. Vous critiquez le spot et le jugez maladroit, pouvant laisser penser aux personnes âgées qu'elles pourraient retrouver leurs enfants. Permettez-moi de ne pas être d'accord : pour une personne en Ehpad, c'est aujourd'hui une réalité possible. Une personne vaccinée peut quitter l'Ehpad et dans des conditions précises retrouver sa famille et ses petits-enfants. Ce n'est pas encore possible pour toutes les personnes âgées mais c'est une perspective pas si lointaine je pense. Ce spot tend vers une réalité à relativement court terme. Il est important de sensibiliser la population à l'importance de la vaccination, ce sera un enjeu majeur et je défends fortement ce spot - nous avons poussé pour qu'il soit diffusé rapidement.
Nous n'avons pas d'élément prouvant l'efficacité du vaccin AstraZeneca sur le variant sud-africain, mais les premières données dont nous disposons, issues notamment d'études sur des hamsters, semblent encourageantes.
Ainsi, c'est parce que nous ne disposons pas de suffisamment de données et non parce que nous avons des doutes sur l'efficacité de ce vaccin qu'il n'est pas utilisé dans les zones fortement touchées par le variant sud-africain comme la Moselle.
J'espère que la Haute Autorité de santé va réviser sa recommandation s'agissant du rôle des infirmières car il nous semble qu'elles devraient être autorisées à vacciner sans être nécessairement sous l'autorité d'un médecin.
L'exemple d'Israël est un cas très particulier du fait notamment de la taille de cet État. Entre 60 % et 70 % des Israéliens ont reçu une dose de vaccin et près de 50 % en ont reçu deux. Pour vacciner la même fraction de la population européenne, il nous aurait fallu un nombre de doses supérieur à la totalité des doses produites dans le monde à ce jour. Cela nous permet néanmoins d'avoir une confirmation en vie réelle de l'efficacité du vaccin Pfizer.
Les chiffres de la vaccination en Allemagne et en Italie sont assez proches des nôtres, même si nous avons vacciné davantage de personnes âgées.
L'objectif fixé par le ministre de la santé consistant à vacciner l'ensemble de la population d'ici à l'été ne me paraît pas irréaliste. Le nombre de personnes vaccinées chaque mois ne progresse pas de manière linéaire mais exponentielle.
Nous espérons pouvoir compter sur 5 millions de doses par semaine en juin et 6 millions en juillet. Si ces livraisons sont réalisées et si nous parvenons à obtenir l'adhésion de la population, en particulier des jeunes, nous devrions être en mesure de vacciner tous ceux qui le souhaitent d'ici l'été.
Le calendrier prévu consiste à assurer une première dose à toutes les personnes de plus de 75 ans et à 60 % voire 70 % des professionnels de santé avant la fin du mois de mars, puis à l'ensemble des personnes à risque avant la première moitié du mois d'avril. Je rappelle que l'objectif est d'ouvrir la vaccination sans restriction aux personnes de plus de 65 ans à partir de début avril, puis aux personnes de plus de 50 ans fin avril et enfin à l'ensemble de la population en mai ou juin.
Il est difficile de présenter un calendrier plus précis compte tenu de la nécessité d'augmenter le nombre et la capacité des centres de vaccination, ce qui suppose des recrutements, notamment d'étudiants.
Il ne faut évidemment pas stigmatiser les professionnels de santé, ce serait scandaleux. Il a effectivement été recommandé d'échelonner les vaccinations avec le produit AstraZeneca pour les professionnels d'un même service afin d'éviter que plusieurs personnes ne s'arrêtent en même temps du fait d'effets secondaires. Je rappelle toutefois que le paracétamol permet de réduire grandement les syndromes grippaux et d'éviter tout absentéisme. Encore une fois, sauf dans les zones où le variant sud-africain est particulièrement répandu, et pour les raisons que j'ai évoquées, il n'y a aucune raison de ne pas recourir au vaccin AstraZeneca, qui est parfaitement efficace, y compris sur le variant anglais.