Dans le contexte international que nous connaissons, il est bien évident que les efforts en matière de dissuasion, qui est l'un des aspects cruciaux de notre politique de défense, doivent être salués.
L'entrée en service des satellites de deuxième génération renforce nos capacités. Il faut le souligner, la coopération européenne dans le domaine de l'observation mérite d'être amplifiée, afin de développer des systèmes spatiaux performants.
De plus, madame le ministre, je constate avec satisfaction que vous consentez des efforts budgétaires importants pour accroître le maintien en condition opérationnelle des matériels de nos armées. Dans ce domaine, la disponibilité doit être effectivement optimale, car il s'agit d'un élément critique et déterminant pour leur action.
En outre, s'agissant des moyens humains, la réforme de la condition militaire et la consolidation de la professionnalisation se poursuivent, conformément à la volonté de réorganisation que vous avez exprimée. J'attire cependant votre attention sur la nécessité d'avoir, en particulier pour les forces terrestres, des personnels opérationnels en nombre suffisant, pour assurer un niveau optimal de performance quant au service et à l'entretien des matériels, mais surtout pour maintenir les capacités opérationnelles et de déploiement de ces forces.
Les OPEX, dont le nombre et la durée s'accroissent, doivent retenir toute notre attention. À ce sujet, monsieur le président Vinçon, vous avez insisté avec raison, en commission, sur le lien étroit entre le volume des effectifs des forces terrestres et la capacité d'intervention de la France dans les opérations extérieures. Vous avez également souligné qu'une diminution du format de l'armée de terre pourrait représenter un risque quant à nos possibilités de déploiement.
Madame le ministre, toujours en ce qui concerne le poste budgétaire des forces terrestres, je me permettrai, tout en restant respectueux, de me montrer quelque peu iconoclaste. J'observe en effet que notre capacité aéromobile, déjà affaiblie, sera encore un petit peu plus restreinte. M. Dulait l'a souligné, le ralentissement des livraisons des hélicoptères NH 90 me semble devoir être corrigé, car ils sont attendus avec impatience.
Au demeurant, à l'occasion d'une visite du porte-avions Charles-de-Gaulle, vendredi dernier, j'ai moi-même pu constater à quel point la marine souhaitait le remplacement des Lynx et des Super Frelon. D'ailleurs, monsieur Trucy, l'École d'application de l'aviation légère de l'armée de terre, située au Luc-en-Provence, attend elle aussi le remplacement rapide des Puma, qui sont à « bout de souffle », par de nouveaux hélicoptères de combat.
Certes, je ne fais partie ni de votre cabinet ni des différents états-majors ; vous-même et vos collaborateurs êtes donc infiniment plus compétents que moi. Cependant, je garde en moi le souvenir d'un vieux biffin qui a traîné ses guêtres en Indochine ou en Algérie. À l'époque, l'hélicoptère ne servait pas encore réellement au combat ; c'était un moyen de transport, de reconnaissance et, parfois, d'appui, ce qui nous évitait de brancarder les blessés dans la jungle. Pour moi et mes camarades, il représentait vraiment un outil extraordinaire.
Aujourd'hui, qu'il s'agisse du Tigre, du NH 90 ou du EC 725, plus spécifiquement destiné aux forces spéciales, l'hélicoptère apparaît comme l'instrument indispensable du combat moderne. Or les conditions du développement actuel des OPEX, qui est d'ailleurs souhaitable puisque notre soutien est requis, me rappelle ce que j'ai connu : les hélicoptères peuvent constituer un appui extraordinaire pour les militaires au sol, leur multiplicité et leur modernité étant un gage de bonne adaptation au combat moderne.
Madame le ministre, je me suis efforcé d'être quelque peu iconoclaste. Mais je souhaitais vous alerter sur la nécessité de renforcer les forces terrestres, auxquelles je sais que vous êtes très attachée. Celles-ci doivent, en effet, pouvoir relever efficacement les défis qui se présentent et s'adapter, notamment, aux nouvelles formes de combat. C'est précisément dans cette optique que les hélicoptères ont un rôle essentiel à jouer.
Par ailleurs, nous vivons dans un contexte où le renseignement, qu'il soit économique ou stratégique, constitue un pôle crucial non seulement pour toute armée, mais aussi pour toute diplomatie moderne et efficace. L'effort budgétaire sur les effectifs et le renouvellement des matériels, que vous avez entrepris, est significatif. Il doit s'inscrire dans la durée et même être renforcé à l'avenir, afin que nous soyons performants dans ce domaine, qui est, je le répète, éminemment sensible.
Ce projet de budget pour 2007 a été placé, me semble-t-il, sous le signe de notre marine nationale. Vous soutenez, en effet, le vaste processus de modernisation pour la maintenir au premier rang. Dans le domaine, notamment, des sous-marins nucléaires d'attaque et des frégates multimissions, l'effort doit être soutenu et durable.
Enfin, je me réjouis de la perspective de disposer dans un avenir relativement proche d'un second porte-avions, même si je regrette qu'il ne soit pas à propulsion nucléaire. Cela dit, je ne suis pas le Président de la République ! Il s'agit naturellement d'une avancée judicieuse : si le coût de cette opération très importante risque d'être élevé, vous avez eu raison de l'engager, car il faut la mener à son terme.
En conclusion, madame le ministre, si je ne l'ai suggéré que par petites touches, je ne peux que vous féliciter pour ce projet de budget de la défense pour 2007. Il marque votre détermination et votre opiniâtreté, auxquelles nous nous associons, pour garantir à notre pays le maintien de sa position stratégique dans le concert international et pour lui permettre, ce qui est parfois un peu oublié, d'assurer la protection du territoire national, y compris outre-mer, ainsi que celle de son immense domaine maritime.
Certains collègues qui se sont exprimés avant moi n'ont pas reconnu cet effort à sa juste valeur. Ils n'ont pas cru à vos capacités de mener à bien la mise en oeuvre de la loi de programmation militaire. C'est pourtant ce que vous réussissez par le biais de l'ensemble des budgets annexes. Je vous en félicite, car il était souhaitable de ruiner leurs mauvaises espérances !