Une étude de l'Ademe laisse entrevoir un potentiel de 130 TWh pour un objectif de 100 % « gaz vert » à l'horizon 2050, en prenant en compte la méthanisation et les autres technologies que sont la pyrogazéification et la méthanation (procédé industriel mettant en contact du dioxyde ou du monoxyde de carbone avec de l'hydrogène, conduisant à la production de méthane et d'eau).
Les perspectives de développement de la filière méthanisation résident dans le traitement des déchets et dans la décarbonation liée aux quatre externalités positives précédemment évoquées par Jean-Louis Bal. Il ressort d'après les premiers éléments d'une nouvelle étude de France Gaz Renouvelables que la production d'un MWh par méthanisation ne rejette que 23 grammes de CO2, contre 227 grammes pour la production du gaz à partir d'énergies fossiles. Nos études laissent entrevoir des économies de gaz à effet de serre très significatives. La méthanisation est aussi génératrice d'une économie circulaire qui, dans les territoires, est un vecteur d'emplois directs, mais aussi indirects, par le biais de la mise au point par des entreprises françaises de « briques technologiques » nécessaires à l'abaissement des coûts.
La méthanisation est un processus naturel, à l'image du gaz de marée. En pratique, une installation de méthanisation fonctionne comme une panse de vache en béton, puisqu'il s'agit de provoquer la dégradation de matières organiques dans un environnement fermé, à l'abri de l'oxygène ambiant, pour obtenir une fermentation à 38 °C dont se dégage un biogaz composé de 50 à 60 % de méthane, le reste étant essentiellement du CO2.
Soit on utilise le biogaz à l'état brut, à la sortie du méthanisateur, en le mettant dans un moteur adapté capable de le brûler pour produire de l'électricité en le couplant à une génératrice, soit on lave le gaz pour qu'il ait les mêmes propriétés que le gaz naturel. Outre la production d'énergie verte, la matière organique une fois digérée constitue un formidable engrais vert qui nourrit les bactéries du sol, contrairement aux engrais industriels.
Il est impératif d'être très vigilant quant à la matière qui entre dans un méthaniseur. Certains prennent un méthanisateur comme une simple poubelle, alors que les matières plastiques ne sont pas dégradables. Un mauvais tri des matières entrantes peut conduire à une stérilisation des sols. Après huit ans de retour d'expérience, je constate, pour ma part, les bénéfices d'une méthanisation bien faite pour la régénération des sols : nous sommes très exigeants sur la matière qui rentre dans les méthaniseurs, d'autant plus que la destination finale de cette matière, c'est nos sols.