Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, « la politique publique énergétique de notre pays est marquée du sceau de l’indécision ». C’est ce que l’on peut lire dans l’exposé des motifs de la proposition de résolution qui nous rassemble aujourd’hui.
C’est un angle bien réducteur, convenons-en. Chers collègues du groupe Les Républicains, de quelle indécision parlez-vous ? Considérez-vous que la France, en choisissant de combiner développement des énergies renouvelables (EnR) et ambition nucléaire, tergiverse ? Bien au contraire ! Pour conforter notre souveraineté énergétique, il est simplement nécessaire de ne pas dépendre d’une seule source. Il y a le nucléaire, bien sûr, et nous allons y revenir, mais aussi les énergies renouvelables, comme l’éolien, à terre ou sur mer, le solaire, l’hydraulique, la biomasse, la géothermie, entre autres sources.
Le code de l’énergie, auquel vous faites référence, vise l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050. De telles ambitions sont compatibles avec notre politique énergétique. En effet, ce qui lie toutes ces énergies produites en France, c’est qu’elles sont décarbonées. Nous allons entendre beaucoup de réserves de part et d’autre de cet hémicycle, mais les faits sont là : avec une empreinte carbone de 6, 9 tonnes par habitant, nous sommes résolument bien placés dans l’Union européenne.
L’énergie nucléaire contribue à ce bon classement, car elle ne rejette pas, ou très peu, de dioxyde de carbone. Elle produit en moyenne 35 grammes d’équivalent CO2par kilowattheure, contre 1 200 grammes pour les centrales à charbon, charbon qui ne produit que 0, 2 % de notre électricité, contre 29 % en Allemagne. Il est à noter la fermeture, en 2022, des quatre dernières centrales à charbon françaises.
En même temps, nous devons amplifier notre production d’énergies renouvelables. Le projet de loi Énergie-Climat vise un niveau de 33 % de consommation d’énergie d’origine renouvelable en 2030. C’est un objectif atteignable. La part des énergies renouvelables dans la consommation finale a beaucoup progressé ces dernières années. Les EnR ont ainsi participé, à hauteur de 26, 9 %, à la couverture de la consommation de notre électricité l’année dernière. Il s’agit d’une progression de près de quatre points par rapport à 2019, mais c’est un chiffre à manier avec prudence au vu de la mise à l’arrêt d’une partie de nos entreprises pour cause de covid.
Cependant, nous sommes capables d’atteindre de bons résultats. Le Gouvernement maintient ce cap et va injecter 30 milliards d’euros pour la transition écologique via le plan de relance, 2 milliards d’euros étant dédiés à la filière de l’hydrogène vert, un soutien qui pourrait atteindre 7 milliards d’euros d’ici à 2030, ce qui ferait de la France un pays moteur en la matière.
Parlons également de l’éolien en mer, qui tarde à se développer au large de nos côtes. D’ici à 2026, 7 parcs éoliens devraient être construits. Ainsi, plus de 350 éoliennes devraient turbiner dans les eaux françaises.
Je souhaite aussi parler du nucléaire. C’est d’ailleurs la principale inquiétude qu’exprime cette proposition de résolution, dont les auteurs estiment « nécessaire de préserver l’atout industriel et technologique que représente cette filière ». Sur ce point, nous sommes d’accord ; nous le sommes d’autant plus qu’à notre connaissance le Gouvernement partage pleinement ce point de vue. Le Président de la République l’a rappelé le 8 décembre dernier au Creusot : « Notre avenir énergétique et écologique passe par le nucléaire. »
Nous assumons cette position, que nous ne sommes pas les seuls à avoir en Europe, puisque d’autres pays, comme la Finlande ou les Pays-Bas, se sont engagés dans cette voie en étudiant la réalisation de nouveaux réacteurs nucléaires.
À ce sujet, alors que l’EPR de Flamanville accumule, il est vrai, les déconvenues, un travail d’étude sur la construction de nouveaux réacteurs est en cours pour garantir, en particulier, un niveau de sûreté maximal. En règle générale, nous devons poursuivre nos efforts en matière de gestion des déchets et maintenir notre vigilance sur la capacité de résistance des piscines d’entreposage des combustibles nucléaires usés.
Le nucléaire, ce sont aussi, comme le précise cette proposition de résolution, 2 600 entreprises réparties dans les territoires et employant plus de 220 000 salariés. C’est véritablement une ressource économique puissante et un réseau territorial de sous-traitants sans précédent.
Le nucléaire, c’est aussi un potentiel d’avenir. Le plan de relance y injectera d’ailleurs 500 millions d’euros, dont 100 millions d’euros dès cette année pour moderniser et transformer ce secteur stratégique.
Je viens d’un département, la Drôme, où l’énergie nucléaire occupe une place importante, tant dans l’économie locale que dans la production française, avec notamment la centrale du Tricastin, Cruas-Meysse étant juste de l’autre côté du Rhône. Ces deux centrales représentent 12 % de la production française. Je mesure donc l’intérêt de cette production. Nous le mesurons d’autant plus que, avec les élus de nos territoires – 175 signataires parmi nos parlementaires, conseillers régionaux, départementaux, maires et présidents d’EPCI de toutes les sensibilités politiques –, nous avons fait connaître au président d’EDF, Jean-Bernard Lévy, notre soutien total pour accueillir l’EPR 2 sur le site du Tricastin, et ce, bien sûr, avec des investissements importants pour répondre aux exigences de sécurité les plus élevées.
Nous savons aussi qu’il faut diversifier la production, en portant en parallèle une attention toute particulière aux projets de SMR, petits réacteurs nucléaires français. Ces petites unités sont plus faciles à installer et moins complexes à brancher aux réseaux électriques.
Avec ces projets, la France vise l’export, mais nous ne devons pas tarder, car nous ne sommes pas seuls sur ce nouveau marché : la Chine, la Russie et les États-Unis sont déjà dans la course.
Enfin, l’urgence climatique nous impose d’agir sur notre consommation d’énergie finale.
L’exposé des motifs précise que la baisse observée entre 2012 et 2019 est insuffisante. Pour autant, plutôt que de nous focaliser sur le verre à moitié vide, agissons ! C’est ce que fait cette majorité. En témoignent le succès retentissant de MaPrimeRénov’ – 780 000 demandes ont été déposées à ce jour – de même que les objectifs fixés par la RE 2020. Avec elle, la France se dotera de l’une des réglementations environnementales du bâtiment neuf les plus ambitieuses en Europe, aux côtés des Pays-Bas ou de la Suède.
Pour conclure, si nous partageons avec les auteurs de cette résolution notre soutien au nucléaire et à sa modernisation, nous pensons que ce n’est pas le seul vecteur énergétique à suivre. Nous devons faire confiance à notre savoir-faire, notre capacité d’adaptation, notre recherche, nos start-up pour enrichir notre mix énergétique, et nous y arriverons.
Pour ces raisons, rejetant le déclinisme qui irrigue l’ensemble de cette proposition de résolution, le groupe RDPI votera contre.