Je suis un nouveau sénateur et je n'ai donc pas encore tous les codes de cette maison, néanmoins je croyais que l'équilibre financier était une évidence, et je vous rejoins quand vous dites qu'un déficit de 3 % du PIB semble déjà important. J'ai géré une collectivité comme la plupart de mes collègues, et nous votons nos budgets à l'équilibre. Je suis un peu gêné par les contrats de Cahors et leur prolongement, parce que, comme dans la fable de Jean de La Fontaine, c'est l'État-cigale qui va demander aux fourmis-collectivités de participer au redressement. Cela me dérange un peu que, à ceux qui ont toujours fait preuve de rigueur et remboursé leurs dettes, clôturant leur exercice avec des comptes administratifs en excédent, nous allions demander de secourir la cigale qui a chanté tout l'été.
Je reviens aussi sur l'acceptabilité sociale, car si en Allemagne la classe politique a toujours considéré que c'était l'inflation qui avait amené Hitler au pouvoir, nous constatons bien aujourd'hui partout, même si l'inflation est jugulée, une montée des populismes qui pour ma part m'inquiète. Je pense que c'est une opinion partagée dans cette assemblée. Et je rejoins Victor Hugo quand il disait dans son Discours sur la misère que « l'homme méchant a pour collaborateur fatal l'homme malheureux » : prenons donc garde à la soutenabilité sociale car nous avons là, au-delà de l'équilibre financier, une vraie menace sociétale et politique.
Concernant cet équilibre, je partage avec vous les limites de la politique du rabot, qui doit d'ailleurs mal tailler, puisque depuis des décennies le déficit est toujours là. Ne faudrait-il pas changer d'outil et passer du rabot à la scie ? Mais que va-t-on scier ? Toute la question est là.
Je pense qu'il faudrait recentrer la dépense publique de l'État sur les missions régaliennes et voir si on ne pourrait pas confier, à travers un contrat ou éventuellement un nouvel acte de décentralisation, d'autres domaines aux collectivités, qui ont su faire des efforts prodigieux, par exemple dans la gestion des collèges et des lycées.
Je conclurai en m'interrogeant aussi sur la pluriannualité. Vous l'avez souligné, ces contrats et plan pluriannuels ne sont jamais respectés ; mais si, pour innover, ils l'étaient, ne risqueraient-ils pas, dans un monde en perpétuel mouvement, de devenir un corset empêchant notre pays d'évoluer ?