co-coordinateur du réseau des vice-présidents « Vie universitaire, vie de campus et vie étudiante » de la CPU, délégué général de l'Alliance Sorbonne Paris Cité. - Je veux insister sur les tiers lieux. Même si le tableau que nous dressons ce matin apparaît sombre, il est sans doute important d'essayer d'identifier les opportunités qui peuvent se dégager avec la crise.
Reconnaître aujourd'hui que l'université est aussi une actrice citoyenne sur son territoire, qu'elle travaille en coordination avec les structures locales et les élus, représente un enjeu extrêmement important. Il faut consolider un certain nombre d'actions afin de pouvoir avancer. La question des tiers lieux en fait partie.
Cet écosystème est fondamental et touche à la question de la modulation de la réponse à apporter, territoire par territoire - d'où la question de l'autonomie. Il n'y a pas, comme l'a rappelé Mme Canteri, un profil unique d'étudiant, comme il n'y a pas un profil unique universitaire.
S'agissant de la CVEC, dans un contexte de crise, il semble logique qu'elle soit mobilisée pour financer un certain nombre d'actions, y compris en matière d'aide sociale, destinées aux étudiants les plus dans le besoin. Toutefois, il faudrait éviter que cette gestion de crise ne se pérennise. La CVEC a été mise en place pour essayer de transformer la vie étudiante dans nos établissements et non pour régler les crises.
Comment construire la vie de campus de demain ? Cela passera aussi par le pouvoir de transformation qu'apportent les moyens de la CVEC. Ce sera à chaque université de voir comment utiliser ces fonds comme levier afin de faire progresser la question de la vie étudiante de manière structurelle
Nous avons pu identifier à quel point les questions de vie étudiante sont liées à celles de la vie académique des étudiants. Nous avons jusqu'alors séparé les questions de logement, de restauration et d'aides sociales de celles de l'individualisation des parcours et des formations en tant que telles. Cette crise souligne à quel point nous ne pouvons plus cloisonner ces différents aspects. La vie étudiante est fortement et intimement liée aux études, à la formation et à la vie académique.
Ceux qui me connaissent savent que je fais depuis plus d'une décennie la promotion de ce qu'on appelle les politiques d'expérience étudiante, qui créent des points d'articulation entre la vie étudiante et la formation des étudiants.
En Île-de-France, avant la crise, un peu plus d'un étudiant sur cinq habitait à plus d'une heure de son lieu de formation. Or nous savons que la distance géographique favorise l'éloignement des camarades de classe, des amis, des activités péri- et extra-universitaires, pousse à l'isolement et entraîne une baisse d'assiduité, d'épanouissement et donc de réussite académique. Toutes ces problématiques sont liées.
Pendant la crise sanitaire, nous avons vu à quel point les questions de fracture ou de précarité numérique sont également un point d'articulation entre la vie étudiante et la formation académique. On considérait jusqu'à présent qu'équiper les étudiants d'un ordinateur et d'une connexion internet relevait de la vie étudiante quotidienne. Aujourd'hui, nous savons que c'est un point d'accès à la formation et aux études.
Ayant identifié la problématique des équipements, nous devons aujourd'hui travailler la question des usages. Nous présupposons que la jeunesse connaît mieux les outils numériques que les enseignants du supérieur. C'est peut-être vrai dans certains domaines, mais on voit bien qu'un travail d'accompagnement est aujourd'hui nécessaire concernant les usages liés à la logique d'apprentissage et de professionnalisation.
Si l'on peut espérer que les choses se normalisent, nous savons qu'il n'y aura pas de retour en arrière. Le développement du numérique, par exemple, pour aider et accompagner les étudiants dans leur vie universitaire, devra être préservé et nous devrons bâtir sur cet acquis.
J'insiste vraiment sur le fait que nous ne pouvons plus séparer vie étudiante et vie académique.